Le Premier ministre Nikol Pashinian a salué jeudi la poursuite de la forte augmentation des échanges commerciaux entre l’Arménie et la Russie, qui résulte en grande partie des sanctions économiques occidentales à l’encontre de Moscou.
Lors de sa rencontre avec son homologue russe en visite, Mikhail Mishustin, M. Pashinian a déclaré que cela montrait que les relations russo-arméniennes restaient « très fortes » malgré les « questions problématiques » qui provoquaient des frictions entre les deux nations.
Les échanges commerciaux entre la Russie et l’Arménie ont doublé l’année dernière et au cours du premier semestre de cette année, le pays du Caucase du Sud ayant profité des sanctions imposées à son principal partenaire commercial à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce phénomène, associé à d’autres entrées de fonds en provenance de Russie, est la principale raison pour laquelle l’économie arménienne a connu une croissance de plus de 12 % en 2022.
« Il faut dire que nos échanges commerciaux ont atteint 5 milliards de dollars en 2022 et que cette croissance se poursuit. Cette année, nous avons déjà franchi la barre des 3 milliards de dollars et nous espérons dépasser le volume de l’année dernière », a déclaré M. Pashinian à Mishustin dans son discours d’ouverture.
« Nous avons une relation très forte et durable », a-t-il ajouté lors des discussions qui se sont tenues dans la station balnéaire arménienne de Tsaghkadzor, en marge d’une réunion des premiers ministres des États membres de l’Union économique eurasienne.
« Malgré la situation économique extérieure difficile, les liens commerciaux et économiques entre la Russie et l’Arménie se renforcent… et nous nous en réjouissons », a déclaré pour sa part M. Mishustin.
Dans le cadre des efforts déployés par la Russie pour réduire sa dépendance à l’égard du dollar américain, M. Mishustin a appelé à une plus grande utilisation des monnaies russe et arménienne dans les échanges bilatéraux. Il a également proposé que Moscou et Erevan « accélèrent les travaux » sur des projets d’investissement communs en Arménie.
L’envolée des échanges est principalement due aux exportations arméniennes vers la Russie, qui ont triplé en 2022 et de janvier à juin 2023. Les produits fabriqués dans des pays tiers et réexportés par des entreprises arméniennes seraient à l’origine de la majeure partie de ce gain. Il s’agit notamment de produits électroniques grand public ainsi que d’autres produits et composants de haute technologie qui, selon les puissances occidentales, pourraient être utilisés par l’industrie de la défense russe.
Ces derniers mois, le gouvernement arménien a subi de fortes pressions de la part des États-Unis et de l’Union européenne pour limiter la réexportation de ces produits. Il a annoncé fin mai que les exportateurs arméniens devront désormais obtenir l’autorisation du gouvernement pour livrer à la Russie des micropuces, des transformateurs, des caméras vidéo, des antennes et d’autres équipements électroniques. M. Pashinian a déclaré à l’époque qu’en dépit de ses relations « stratégiques » avec la Russie, l’Arménie « ne peut pas se permettre d’être soumise à des sanctions occidentales ».
Jusqu’à présent, Washington n’a inscrit sur sa liste noire qu’une seule entreprise arménienne en activité, accusée d’avoir aidé la Russie à se soustraire aux sanctions.
