Un tribunal d’Erevan a prolongé de trois mois l’arrestation d’Armen Ashotian, un éminent homme politique de l’opposition qui fait face à ce qu’il appelle des accusations politiquement motivées, ignorant un appel à sa libération signé par d’autres opposants.
M. Ashotian, âgé de 48 ans, était une personnalité influente sous le régime de l’ancien président Serzh Sarkisian. Il a été ministre de l’Education de 2012 à 2016 et a ensuite dirigé la commission des relations étrangères du Parlement arménien. Depuis la « révolution de velours » de 2018 qui a renversé M. Sarkisian, il a vivement critiqué le Premier ministre Nikol Pachinian.
En novembre 2022, M. Ashotian a été accusé d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent dans le cadre de sa présidence passée du conseil d’administration de l’université médicale Mkhitar Heratsi d’Erevan. Les accusations, qu’il a fermement démenties, découlent d’un certain nombre d’acquisitions immobilières effectuées par l’administration de l’université sur ses ordres présumés. Le comité d’enquête arménien affirme que ces transactions ont causé un préjudice financier considérable à l’université publique.
L’agence chargée de l’application de la loi a également accusé M. Ashotian de « gaspillage » de fonds publics à la suite de son arrestation en juin 2023, qu’elle a attribuée à ses tentatives présumées d’obstruction de son enquête. L’opposant, qui est vice-président du parti républicain (HHK) de M. Sarkisian, nie également cette accusation.
Vahe Dolmazian, le juge qui préside le procès en cours d’Ashotian, a autorisé lundi les enquêteurs à le maintenir en détention jusqu’au 15 avril. En conséquence, l’ancien officier de police et procureur, qui a pris ses fonctions il y a seulement 17 mois, a rejeté la requête des avocats de la défense visant à libérer Ashotian sous caution ou à l’assigner à résidence.
La requête était étayée par une « garantie » signée par une douzaine de parlementaires et d’autres personnalités de l’opposition. Ils se sont engagés par écrit à ce qu’Ashotian fasse preuve d’un « comportement approprié » et qu’il ne se cache pas ou n’entrave pas la justice s’il est libéré.
Il est surprenant de constater que Levon Zurabian, vice-président du Congrès national arménien (HAK), parti dirigé par un autre ancien président, Levon Ter-Petrosian, figure parmi les signataires. Le HAK était dans l’opposition à M. Sarkisian pendant son mandat de 2008 à 2018.
S’exprimant lors de l’audience de lundi à Erevan, M. Zurabian a décrit M. Ashotian comme un prisonnier politique poursuivi pour avoir dénoncé les politiques de M. Pachinian sur le conflit du Haut-Karabakh et sur d’autres questions.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que l’objectif de cette affaire pénale est de faire taire un critique, plutôt que d’exposer et de punir la corruption », a déclaré M. Zurabian à la Cour.
Le HHK de M. Sarkisian a également condamné l’arrestation de M. Ashotian, estimant qu’il s’agissait d’une mesure de rétorsion du gouvernement pour ses critiques acerbes de la politique de M. Pashinian à l’égard du Karabakh. Le gouvernement de M. Pashinian et ses alliés politiques affirment qu’il n’a pas ordonné aux enquêteurs et aux tribunaux de poursuivre son critique virulent.
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