L’Artsakh a désormais son Checkpoint Charlie, par Lika Zakaryan

Se Propager
capture_d_e_cran_2021-04-04_a_07.32.01.png

Pour l’Artsakh et l’Arménie, Berdzor n’est pas une ville comme les autres : elle est un cordon ombilical. Qu’est-ce que l’accord de cessez-le-feu va changer pour elle ?
Dans l’histoire de la guerre de libération de l’Artsakh, le mois de mai 1992 est marqué d’une pierre blanche ; c’est à cette date que Berdzor (Latchine- fut libérée, l’Artsakh désenclavé avec l’ouverture de la route le reliant à l’Arménie.
Mais, la guerre des 44 jours est passée par là. Elle a provoqué d’énormes pertes pour l’Artsakh, et l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie a privé le pays de grandes étendues de territoires. Le troisième et le sixième point de l’accord concernent le corridor de Latchine. « La République d’Arménie restitue à l’Azerbaïdjan la région de Kelbadjar avant le 15 novembre 2020, et celle de Latchine avant le 1er décembre. Le corridor de Latchine (d’une largeur d’environ 5 km), qui assurera le lien entre le Karabagh et l’Arménie, en contournant Chouchi, reste sous la surveillance des troupes de maintien de la paix de la Fédération de Russie. Avec l’accord des parties, dans les trois ans à venir, le projet de construction d’une nouvelle voie routière assurant le lien entre l’Arménie et le Karabagh sera décidé, s’ensuivra une redistribution des troupes de maintien de la paix russes pour la protection de cette route. La République d’Azerbaïdjan garantit la sécurité de la circulation des citoyens, des moyens de transport et des marchandises dans les deux sens », est écrit dans le sixième point. Quant au 3e alinéa, il stipule que : « Le long de la ligne de contact du Karabagh et sur toute la longueur du corridor de Latchine, seront positionnées les forces de maintien de la paix de la Fédération de Russie (1 960 militaires, 90 chars, 380 unités automobiles et équipements spéciaux) ».

capture_d_e_cran_2021-04-04_a_07.32.01.png
Continuer à vivre
Actuellement, ces 5 km sont surveillés par les forces arméniennes et russes, alors que les territoires au-delà de ces 5 km se trouvent sous contrôle azerbaïdjanais, où vivent actuellement des Azéris ; des militaires seulement car pour l’instant aucun civil n’est venu s’y installer. Bien entendu, dans quelque temps, ces territoires seront repeuplés par des civils azéris. Certains Artsakhiotes vivent encore dans le couloir de Latchine ; ils ne sont pas nombreux, mais ils sont toujours là. Mouchegh Alaverdian est un de ces récalcitrants. Depuis juillet 2020, il occupe le poste de premier adjoint au directeur de l’administration régionale de Kachatagh. Mouchegh continue à vivre à Berdzor avec sa femme et ses 4 enfants. Mais, puisque la région se trouve désormais sous le contrôle des Russes, ce sont eux qui gèrent les entrées et sorties en Artsakh, des locaux, des citoyens d’Arménie ainsi que des ressortissants étrangers. Les citoyens d’Artsakh ont le droit d’entrer et sortir librement. C’est la même chose pour les ressortissants de la République d’Arménie. En revanche, tout récemment, différents obstacles ont été créés à l’arrivée des ressortissants étrangers. Il y a eu principalement des cas d’interdiction d’entrée en Artsakh de journalistes.

Autorisation d’accès nécessaire

Suite à ces incidents, le ministère des Affaires étrangères d’Artsakh a diffusé une circulaire régissant les nouvelles règles d’accès des étrangers dans le pays. Pour des considérations d’ordre sécuritaire, dans les conditions post-guerre, un nouveau protocole est mis en place. Les ressortissants d’états étrangers souhaitant se rendre en Artsakh devront préalablement s’adresser au ministère des Affaires étrangères pour obtenir une autorisation d’accès. Cette formalité s’applique aussi bien aux étrangers nécessitant un visa d’entrée en Arménie, qu’aux ressortissants de pays exonérés de visa. Les forces de paix russes seront également renseignées au sujet de ces demandes d’autorisation, pour des raisons de sécurité. Après acceptation de sa demande, le ressortissant étranger en est informé et doit retirer son laissez-passer auprès de la représentation permanente de la République d’Artsakh à Erevan,
et peut se rendre en Artsakh muni de ce document. Pour ce qui est du délai d’octroi de l’autorisation, des travaux sont en cours pour optimiser le mécanisme. L’autorisation d’entrée est délivrée en l’espace de 3 à 4 jours. Parfois, cela peut prendre plus de temps, auquel cas le demandeur en sera tenu informé. Cette annonce, semble tout clarifier et introduire une certaine organisation dans le processus. Néanmoins, même après son entrée en vigueur, des cas de refoulement à la frontière ont bien été enregistrés, lorsque les soldats de paix russes ont informé les ressortissants étrangers qu’il fallait désormais être muni d’une autorisation émanant du ministère des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan pour entrer sur le territoire de l’Artsakh. Finalement, ils ont fini par laisser passer les journalistes, mais toutes ces questions restent encore floues.

Renforcer la sécurité

Le chef du bureau des relations publiques du ministère des Affaires étrangères d’Artsakh, Artak Nercissian, donne sa version des choses : « Les difficultés rencontrées, ces jours-ci, par nombre de ressortissants de pays étrangers, à leur entrée en République d’Artsakh, sont dues aux impératifs de renforcement du niveau de sécurité dans la zone de conflit azéro-artsakhiote. Le système de contrôle des entrées s’organise en collaboration avec les forces de maintien de la paix de la Fédération de Russie. En même temps, il faut signaler que les désagréments liés à l’entrée sur le territoire, ont un caractère provisoire, comme le confirme aussi le commandement des forces de paix russes ». Pour le ministère des Affaires étrangères d’Artsakh, le mécanisme est en phase d’implémentation et effectivement, au cours de ces derniers jours, des représentants étrangers des médias et d’organisations internationales ont pu arriver en République d’Artsakh suivant ce nouveau protocole.

Lika Zakaryan pour Nouvelles d’Arménie Magazine
Traduit de l’arménien par
Hilda Kéchichian

La rédaction
Author: La rédaction

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut