La semaine dernière, les Arméniens du monde entier ont vécu l’une des plus grandes tragédies de leur vie après l’occupation de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan.
120 000 Arméniens de l’Artsakh – hommes, femmes et enfants – ont été attaqués dans leur patrie historique par des armes de pointe importées d’Israël, de Russie, du Pakistan et d’Europe de l’Est par l’Azerbaïdjan, riche en pétrole.
Les principaux malfaiteurs sont l’Azerbaïdjan et son partenaire, la Turquie, qui sont coupables d’avoir commis des crimes de masse contre le peuple de l’Artsakh.
Cependant, il y a beaucoup de choses à se reprocher. Je voudrais commencer par le rôle honteux que le Premier ministre arménien a joué dans ce désastre. Dès 2001, alors que Pashinyan était un journaliste inconnu, il a écrit dans son journal Haykakan Jamanak que « par la diplomatie, il n’est pas possible de ne pas rendre ces territoires [de l’Artsakh] à l’Azerbaïdjan…. ». Ayant abandonné nos propres terres, nous essayons d’être les propriétaires de la terre de quelqu’un d’autre ». Après être devenu Premier ministre, M. Pashinyan a fait de nombreuses déclarations contradictoires au sujet de l’Artsakh, déclarant d’abord avec insistance que « l’Artsakh est l’Arménie, c’est tout », puis que « l’Artsakh fait partie de l’Azerbaïdjan ». Si les propos d’un journaliste n’ont peut-être pas d’importance, ses déclarations en tant que Premier ministre ne peuvent être ignorées. La partie est terminée ! L’Artsakh est perdu et rien ne devrait changer cette réalité avant longtemps. Comme toujours, M. Pashinyan rejette la responsabilité de ses méfaits sur tout le monde, y compris les anciens dirigeants, l’opposition nationale et la Russie.
Pour ne rien arranger, Pashinyan s’est lavé les mains de l’Artsakh et a exhorté ses dirigeants à régler leurs différends avec l’Azerbaïdjan. En fait, Pashinyan a jeté 120 000 Arméniens de l’Artsakh, mal armés, en pâture au grand méchant loup azerbaïdjanais. Comment le minuscule Artsakh peut-il négocier avec le puissant Azerbaïdjan ? Pashinyan a ignoré le fait que les Arméniens de l’Artsakh étant des citoyens arméniens, il était de son devoir constitutionnel de les protéger. Pendant des mois, il a fait la promesse risible que les droits et la sécurité des Arméniens de l’Artsakh seraient protégés une fois qu’ils seraient devenus citoyens de l’Azerbaïdjan. De manière ridicule, Pashinyan a annoncé la semaine dernière, quelques heures avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, que la vie des civils arméniens de l’Artsakh était en sécurité après l’attaque de l’Azerbaïdjan. Peu après, le ministre arménien des affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a déclaré au Conseil de sécurité que l’Azerbaïdjan se livrait à un nettoyage ethnique des Arméniens de l’Artsakh. Le ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a immédiatement signalé à l’ONU les déclarations contradictoires des deux dirigeants arméniens, sapant ainsi la crédibilité de l’Arménie devant le monde entier. Entre-temps, des centaines d’Arméniens de l’Artsakh ont été tués et blessés, et des milliers sont portés disparus à la suite de l’attaque de l’Azerbaïdjan.
La semaine dernière, lorsque la puissante armée azerbaïdjanaise a envahi ce qui restait de l’Artsakh, Pashinyan a annoncé que l’Arménie ne s’impliquerait pas dans le conflit, donnant ainsi le feu vert à l’Azerbaïdjan pour commettre toutes sortes de crimes horribles sur le peuple de l’Artsakh. Pashinyan a entretenu l’idée erronée qu’une fois l’Artsakh rendu à l’Azerbaïdjan, les citoyens arméniens vivraient en paix. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. Le président azerbaïdjanais, voyant en face de lui une Arménie militairement faible et un dirigeant qui n’a aucune idée de ce qu’il fait, ne s’arrêtera pas après sa conquête de l’Artsakh. Aliyev continuera à exiger des concessions de la part du faible Pashinyan et occupera de plus en plus de territoires de la République d’Arménie. Aliyev a affirmé à plusieurs reprises et à tort que toute l’Arménie était l' »Azerbaïdjan occidental ». Depuis la guerre de 2020, les troupes azerbaïdjanaises ont occupé des portions du territoire arménien et n’ont pas l’intention de partir. Je crains qu’Aliyev ne poursuive ses incursions en Arménie, jusqu’à ce qu’il prenne le contrôle de l’ensemble du pays. Par conséquent, l’hypothèse de M. Pashinyan selon laquelle les Arméniens d’Arménie partiront en paix après avoir abandonné l’Artsakh est absurde.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a rapidement tiré parti de la capitulation de M. Pashinyan et a déclaré à plusieurs reprises au monde que, puisque le Premier ministre arménien avait admis que l’Artsakh faisait partie de l’Azerbaïdjan, cette région était une question interne à son pays et que personne n’avait le droit d’y intervenir. Peu après, les dirigeants russes, dont le président Vladimir Poutine et le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov, ont déclaré à plusieurs reprises que c’était Pashinyan qui avait renoncé à l’Artsakh.
Néanmoins, la Russie a sa part de culpabilité dans ce qui s’est passé ces trois dernières années et dans ce qui s’est passé à Artsakh la semaine dernière. Les soldats de la paix russes, qui avaient été mandatés par l’accord de 2020 pour protéger la population de l’Artsakh et maintenir le corridor de Lachin ouvert jusqu’en 2025, ont lamentablement échoué dans l’exercice de leurs responsabilités. La Russie n’a même pas essayé de protéger les frontières de la République d’Arménie, comme l’exige l’accord de l’OTSC signé entre l’Arménie, la Russie et plusieurs autres anciennes républiques soviétiques. L’inaction de la Russie et l’abandon de l’Artsakh par Pashinyan ont entraîné une tragédie humaine massive pour les 120 000 Arméniens de l’Artsakh.
La communauté internationale est également coupable d’avoir ignoré les souffrances des Arméniens de l’Artsakh qui ont perdu leur patrie historique après avoir été affamés pendant neuf mois en raison du blocus du corridor de Lachin par l’Azerbaïdjan. Hormis de nombreuses paroles inutiles, personne dans le monde n’a levé le petit doigt pour secourir ces personnes et défendre leurs droits. Toutes les lois internationales, les droits de l’homme et les notions de justice n’étaient que des paroles en l’air. Le Conseil de sécurité des Nations unies, la Cour internationale de justice, la Cour européenne des droits de l’homme, l’Union européenne, le Conseil européen et les déclarations des responsables de nombreux pays, dont les États-Unis, ont été tout aussi inutiles. Comme nous le savons tous, la force fait le droit. Rien d’autre ne compte.
La priorité absolue des Arméniens du monde entier est désormais de demander l’éviction immédiate de M. Pashinyan, qui refuse de démissionner et creuse chaque jour un peu plus le trou de l’Arménie. Si Pashinyan n’est pas remplacé rapidement par un Arménien compétent et nationaliste qui protège les intérêts de l’Arménie, les Arméniens pourraient finir par perdre leur patrie, cette fois pour de bon !
Après le remplacement de Pashinyan, le nouveau dirigeant arménien devra mettre de côté toutes les autres questions et acquérir immédiatement une quantité massive d’armes de pointe pour défendre les frontières du pays contre de nouvelles incursions.
Après avoir vainement espéré et attendu pendant des milliers d’années qu’une puissance étrangère vienne sauver l’Arménie, il est grand temps que les Arméniens réalisent enfin que personne ne viendra jamais les sauver. Ils doivent se sauver eux-mêmes !
Harout Sassounian
