L’attentat d’Istanbul prouve que la Turquie est une cible privilégiée d’Al-Qaida

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« L’attaque terroriste perpétrée mercredi 9 juillet à Istanbul contre le Consulat général des Etats-Unis peut paraître bizarre », écrit Sami Kohen dans Milliyet. « En effet, peut-on vraiment imaginer que ceux qui ont planifié cette attaque ne savaient pas qu’il était tout à fait impossible de franchir de quelque façon que ce soit l’enceinte de sécurité de ce consulat. S’ils ont fait cela en connaissance de cause, sachant donc qu’ils allaient mourir, alors il s’agit bien d’un attentat suicide. A la différence de l’attentat commis en novembre 2003 contre le consulat de Grande-Bretagne à Istanbul, où les terroristes avaient jeté une bombe avant de s’enfuir, les auteurs de l’attentat d’hier n’ont pas hésité à faire feu contre les policiers turcs tout en sachant que cela pouvait les conduire à la mort. »

Selon Rusen Cakir, journaliste au quotidien Vatan et spécialiste de l’islamisme en Turquie, cette attaque doit très certainement être mise sur le compte d’Al-Qaida dans la mesure où la Turquie constitue une cible importante de cette nébuleuse terroriste. « En effet, constituant sans doute la partie la plus moderne du monde musulman, la plus intégrée au monde occidental et celle qui a le mieux intériorisé la laïcité, la Turquie incarne la seule alternative crédible à la vision de l’islam véhiculée par Al-Qaida. Le totalitarisme qui règne dans bon nombre de pays musulmans et qui empêche les mouvements islamiques de s’exprimer un tant soit peu offre un espace inespéré à Al-Qaida. A l’inverse, la Turquie a réussi à intégrer sa mouvance islamique, certes non sans difficulté. De plus, la présence de la Turquie au sein de l’OTAN, son soutien à des degrés divers à la politique américaine en Afghanistan et en Irak en font une cible privilégiée pour Al-Qaida. »

Cakir relève que le réseau d’Al-Qaida a, dès ses débuts, recruté des éléments turcs et a su profiter des avantages d’une grande métropole comme Istanbul, difficilement contrôlable, d’autant qu’on sait que les autorités turques n’ont pas pris suffisamment au sérieux la menace incarnée par le terrorisme global. « Par ailleurs, à la suite de nombreux coups portés malgré tout par la police turque à ce réseau terroriste, il y a comme un esprit de ‘vendetta’ entre Al-Qaida et la police [dont trois membres ont été tués au cours de l’attentat du 9 juillet]. »

Cengiz Candar, de Referans, voit pour sa part « un message d’Al-Qaida » qui serait une réaction à la politique étrangère d’Ankara et au renforcement de son rôle régional. « On ne peut s’empêcher de penser qu’il y aurait un lien entre cet attentat et les pourparlers entre Israël et la Syrie qui se déroulent actuellement par l’intermédiaire de la Turquie. De même, l’attaque du consulat américain à Istanbul survient à un moment où la Turquie exprime son soutien au gouvernement irakien et à ses efforts destinés à stabiliser l’Irak. » Candar rappelle que la visite d’un haut responsable politique turc à Bagdad se faisait attendre depuis longtemps, et voilà que « ce jeudi 10 juillet, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est attendu à Bagdad et qu’il a déjà annoncé son souhait d’augmenter l’aide de son pays à la reconstruction de l’Irak ».

Pierre Vanrie

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=87660

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Author: raffi

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