Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a révélé ce qu’il avait dit au ministre arménien des Affaires étrangères, Edward Nalbandian, en 2009, avant la signature des protocoles de Zurich. Un participant du marathon éducatif qui se tenait à Moscou samedi lui a posé cette question : « Vous avez écrit un mot à Edward Nalbandian concernant la signature des protocoles sur la normalisation des relations entre l’Arménie et la Turquie. Vous n’aviez écrit que six mots dans cette lettre. ‘Edward, accepte la cérémonie sans déclarations’. Et comment ces six mots ont-ils convaincu votre collègue arménien de cesser de résister ? »
En réponse à la question, le FM Lavrov a déclaré : « Si vous vous êtes penché sur ce sujet, vous devriez présenter le contexte. Le contexte était qu’en 2008, nos amis arméniens nous ont dit que les Turcs proposaient de se mettre d’accord sur les documents pour le rétablissement des liens diplomatiques, la normalisation des relations, la coopération et les projets communs. Nous avons dit que c’était très bien et avons demandé s’il y avait des conditions préalables. Non, pas de conditions préalables. Puis la question est arrivée à la signature, elle était prévue à Zurich, naturellement avec la participation des ministres des affaires étrangères arménien et turc. La secrétaire d’État américaine Hilary Clinton y est également arrivée, le représentant de l’UE est venu, moi-même et quelqu’un d’autre aussi. Nous devions assister à cet événement important, mais avant la signature, nos collègues turcs ont dit « oui, nous allons tout signer, mais nous devons émettre une réserve sur la question du Haut-Karabakh ». Le texte de la réserve contredisait la position de l’Arménie. Et j’ai dit à mon collègue que je l’avais prévenu que je ne croyais pas que tout cela se ferait sans conditions préalables. Mais nous étions là où nous étions. Tout le monde était arrivé, et nous nous trouvions maintenant dans une impasse. En conséquence, le collègue turc a accepté de retirer cette condition formelle, mais nos collègues arméniens ont dit de leur coté qu’ils devaient faire une déclaration dans laquelle l’Arménie présenterait sa position concernant la question du Haut-Karabakh. À ce moment-là, le ministre turc a dit que si vous faisiez une déclaration, j’en ferais une aussi. Nous étions assis là à regarder le football pendant que les deux ministres se disputaient jusque tard dans la nuit. Nous avons compris que nous devions nous sortir de cette situation d’une manière ou d’une autre, et j’ ai écrit une note [à Nalbandian] lui demandant de ne pas insister sur le sujet du commentaire [de la déclaration]. Et c’est ainsi que les choses se sont passées. En conséquence, les documents ont été signés, mais plus tard ils se sont perdus pour la même raison que les parties avaient des positions différentes autour du processus de résolution du Karabakh. »
M. Lavrov a ajouté qu’aujourd’hui, alors que la guerre est terminée dans le Haut-Karabakh, il existe les bases d’un processus politique, d’un déblocage des transports et des liens économiques, et il serait raisonnable que l’Arménie et la Turquie reprennent leurs efforts en vue de normaliser leurs relations. Il a déclaré que la Russie était prête à soutenir activement cette démarche.
