L’Azerbaïdjan a indiqué qu’il n’organiserait pas de nouveaux pourparlers de paix avec l’Arménie sous l’égide des États-Unis, à moins que Washington ne reconsidère ce que Bakou considère comme une « approche unilatérale » du conflit arméno-azerbaïdjanais.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken devait accueillir les ministres des Affaires étrangères arménien et azerbaïdjanais à Washington le 20 novembre pour de nouvelles négociations sur un traité de paix entre les deux nations du Caucase du Sud. Bakou a annulé la réunion pour protester contre les déclarations de James O’Brien, secrétaire d’État adjoint américain pour l’Europe et l’Eurasie.
Lors d’une audition au Congrès à Washington le 15 novembre, M. O’Brien a condamné l’offensive militaire menée par l’Azerbaïdjan les 19 et 20 septembre dans le Haut-Karabakh et a mis en garde Bakou contre une attaque de l’Arménie visant à ouvrir un corridor terrestre vers son enclave du Nakhitchevan.
« Nous avons clairement indiqué que rien ne sera normal avec l’Azerbaïdjan après les événements du 19 septembre tant que nous ne verrons pas de progrès sur la voie de la paix », a-t-il déclaré, ajoutant que Washington avait annulé des « visites de haut niveau » de responsables azerbaïdjanais et suspendu l’aide militaire et d’autres formes d’aide à l’Azerbaïdjan.
M. O’Brien s’est rendu à Bakou au début du mois pour tenter de convaincre les dirigeants azerbaïdjanais de reprogrammer la réunion annulée. Il n’a annoncé aucun accord à cet effet à l’issue de son voyage.
Le principal conseiller en politique étrangère du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, Hikmet Hajiyev, s’est plaint de « l’approche unilatérale et déséquilibrée » de Washington lorsqu’il s’est adressé à un petit groupe de journalistes occidentaux à Londres mardi 19 décembre.
« Nous nous attendons à ce que la branche exécutive du gouvernement des États-Unis adopte une attitude différente », a-t-il déclaré selon Newsweek.com. « Une fois que ce sera fait et que nous n’aurons pas de problèmes, [nous pourrons] poursuivre nos discussions sur la plateforme de Washington et en ce qui concerne les discussions de paix ».
M. Hajiyev a laissé entendre que Bakou attendait du président américain Joe Biden qu’il renonce à l’article 907 de la loi sur le soutien à la liberté adoptée en 1992, qui interdit l’aide américaine à l’Azerbaïdjan. Comme ses prédécesseurs, Joe Biden l’a fait en 2021 et 2022.
« L’Azerbaïdjan n’a besoin d’aucune aide ou soutien étranger… Mais l’aspect psychologique et politique est très important, car l’Azerbaïdjan a été traité de manière injuste », a déclaré M. Hajiyev.
M. Aliyev s’est également retiré des discussions avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinian que l’Union européenne avait prévu d’accueillir en octobre. L’UE a elle aussi été accusée par Bakou de partialité en faveur de l’Arménie.
Les dirigeants arméniens ont suggéré qu’Aliev traînait simplement les pieds en ce qui concerne le traité de paix dans l’espoir d’obtenir davantage de concessions de la part d’Erevan.
« L’Azerbaïdjan peut déclarer qu’il est intéressé par la finalisation du traité de paix avec l’Arménie, mais malheureusement les mots ne suffisent pas : nous devons nous concentrer sur les actes », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Vahan Kostanian, à la BBC dans une interview publiée mardi.
« Le fait est que l’Azerbaïdjan est réticent à finaliser le traité sur la base des principes approuvés par la communauté internationale », a-t-il ajouté.
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