Le bilan de l’exode des Arméniens du Karabagh

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Dans les derniers jours de septembre, le monde a assisté, avec sidération, à l’exode massif des Arméniens du Karabagh qui a vidé de la totalité de sa population le territoire arménien disputé, pris en étau par les forces armées azéries qui menaçaient d’y faire un génocide. En l’espace d’une semaine qui a suivi la violente offensive de l’armée de Bakou les 19 et 20 septembre sur un territoire exsangue, asphyxié par neuf mois de blocus et pour ainsi dire désarmé, les quelque 100 000 Arméniens qui peuplaient le Karabagh ont pris le chemin de l’Arménie, par l’unique route passant par le corridor de Latchine et le checkpoint que l’armée azérie y avait installé fin avril. Un exode presque en bon ordre, et qui n’aurait pas fait de victimes, comme se plaisent à le faire entendre les autorités azéries, qui le présentent comme volontaire en passant sous silence la pression croissante des chars azéris qui menaçaient d’entrer à Stepanakert, la capitale. Pourtant, cet exode qui se présentait comme la seule option pour une population menacée de génocide, a fait des victimes. Dans le mouvement de panique et le désarroi d’une population entière forcée de quitter sa terre ancestrale, l’explosion d’une station essence prise d’assaut par des habitants à court de carburant pour leurs véhicules en partance pour l’Arménie a causé la mort de près de deux cents personnes, et fait des dizaines de blessés. Et les derniers chiffres fournis par les autorités arméniennes alourdissent ce bilan. Sur la cinquantaine de km de route reliant Stepanakert à l’Arménie, engorgée par des véhicules de toutes sortes, nombreux sont ceux qui n’ont pu atteindre la frontière arménienne, accessible au prix d’un trajet d’une trentaine d’heures en moyenne, éreintant tant sur le plan physique que psychologique. Un porte-parole du Comité d’enquête d’Arménie, Gor Abrahamian, a fait savoir au Service arménien de RFE/RL que 64 de ces déplacés, réfugiés potentiels, ont péri durant ce parcours, faute de médicaments, d’assistance médicale, de vivres ou encore en raison du froid. Les autorités arméniennes affirment que ce départ massif de la population du Karabagh est le résultat du “nettoyage ethnique » pratiqué par l’Azerbaïdjan, qui conteste cette version des faits et nie avoir forcé les habitants de la région à quitter leurs foyers, en prétendant au contraire les avoir encouragés à y rester, en leur proposant des garanties de sécurité assorties de passeports azerbaïdjanais. Citant les chiffres que les autorités du Karabagh avaient été en mesure de fournir, dans la débâcle, Abrahamian ajoute que durant les 24 heures de combats qui avaient suivi l’offensive azérie du 19 septembre, qualifiée par Bakou d’ « opération anti-terroriste », jusqu’à la capitulation des derniers combattants arméniens, sous la médiation des soldats de la paix russes qui y avaient assisté impuissants, plus de 200 soldats et 9 civils du Karabagh, dont trois enfants, avaient trouvé la mort. Une trentaine d’autres soldats et 12 civils seraient encore portés disparus. Il n’a pas été précisé s’ils pouvaient figurer parmi les quelque 50 personnes qui avaient été portées disparues après l’explosion qui avait dévasté un dépôt de carburant dans les faubourgs de Stepanakert le 25 septembre. Au moins 220 citoyens du Karabagh avaient été tués dans cette violente explosion qui avait été suivie d’un incendie ravageur. Au début du mois, l’ombudswoman d’Arménie, Anahit Manasian, avait accusé les forces armées d’Azerbaïdjan d’avoir commis des crimes de guerre durant leur offensive. “Il y a de nombreux corps, y compris de civils, transportés du Haut-Karabagh vers l’Arménie qui portent les signes de torture et/ou de mutilation ”, avait indiqué Manasian devant les journalistes. Le Comité d’enquête d’Arménie estime à 14 le nombre d’Arméniens du Karabagh victimes de tortures.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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