La Royal Armenia, une importante société importatrice de café, a déclaré lundi qu’elle souhaitait poursuivre le bras de fer judiciaire entamé avec les douaniers arméniens suite à la récente arrestation de deux de ses dirigeants. Cette arrestation est perçue comme un acte de vengeance après plusieurs accusations de corruption émanant de la firme.
« Il s’agit clairement d’un acte de vengeance contre deux dirigeants de la Royal Armenia », avait déclaré le principal avocat de la compagnie, Gevorg Minasian le 11 octobre, jour de l’arrestation de Gagik Hakobian et Aram Ghazarian.
Les deux hommes ont été arrêtés par des officiers du Service de sécurité national (SSN), successeur direct du KGB soviétique, pour fraude. Les enquêteurs du SSN affirment que la Royal Arménia utilise de faux papiers pour échapper aux taxes d’importation. Les deux suspects, qui risquent 4 à 8 ans de prison nient ces accusations.
Mais cette affaire a débuté plus tôt cette année. Les dirigeants de la société avaient en effet accusé à plusieurs reprises la direction du comité national des douanes (CND), coupable selon eux de corruption à grande échelle.
Minasian a rendu publique une lettre ouverte de la Royal Armenia au président Robert Kocharian et à l’ambassadeur américain John Evans, qui affirme que les hommes arrêtés sont innocents et doivent être relâchés. « Nous allons nous battre jusqu’à ce que nos amis arrêtés illégalement soient libérés », a -t-il indiqué aux journalistes. «
Nous allons nous montrer de plus en plus agressifs et cibler le CND ».
L’avocat de la Royal Armenia a également ajouté que cette affaire était un comble pour un Etat qui prétend lutter contre la corruption. « Quand j’entends que les autorités traquent la corruption parmi les docteurs et les enseignements, j’ai envie de hurler, a-t-il expliqué. Ils auraient plus de chance en cherchant chez les douaniers ».
L’avocat de la défense, Ashot Sargsian a fait appel. Le SSN et le CND ont refusé de commenté l’affaire.
L’ancien officer de police Sargsian a laissé entendre lundi que les enquêteurs du SSN n’étaient pas particulièrement pressés de traîner les suspects devant le tribunal, étant donné le manque de preuves.
« Ce serait plus facile si ce n’était pas une affaire économique, a-t-il précisé. Vous pouvez prendre trois personnes et leur faire faire à chacun un témoignage. Mais dans le cas d’une affaire économique, chaque accusation doit être appuyée par un document écrit. Je suis cependant très optimiste car, au moins, cette histoire ne peut plus être étouffée ».
Selon lui, la tactique des autorités est de laisser croupir les deux hommes dans leur cellule jusqu’à ce qu’ils « craquent » et reviennent sur leurs accusations.
Pour bon nombre d’Arméniens, la corruption sous toutes ses formes est largement répandue au sein de la hiérarchie des douanes. Mais cette affaire est la première à les mettre en cause de manière aussi explicite.
