La ville de Thessalonique, au nord de la Grèce, ne s’honore pas vraiment d’avoir donné naissance de Mustapha Kemal, dit Atatürk. Ses habitants préfèrent oublier que le fondateur de la Turquie moderne, qui réduisit à néant, par les armes, les rêves d’une Grande Grèce s’étendant de part et d’autre de la mer Egée et qui perpétra un génocide sur les Grecs pontiques, descendants du dernier Etat byzantin qui, retranché dans la région de Trabzon, résista quelques décennies après la chute de Constantinople aux envahisseurs ottomans, était l’une des plus éminentes figures auxquelles leur ville donna le jour. Située aux portes de la Thrace occidentale, où l’actuel dirigeant turc Erdogan, au détour d’une visite en Grèce en 2017, chercha à mobiliser la minorité musulmane en exprimant en termes à peine voilés, les revendications turques sur cette province, la deuxième ville de Grèce, n’a aucune nostalgie de l’époque ottomane et a gardé en mémoire le joug turc. Aussi est-ce avec surprise que ses habitants ont vu circuler dernièrement dans les rues de la ville un de leurs bus arborant une grande publicité aux couleurs de l’Azerbaïdjan, plus proche allié et frère de la Turquie, qui exalte la reconquête de Shoushi, au Haut Karabagh, par les forces azéries : la publicité montre une photo de la forteresse de Shoushi, qui était jusqu’en novembre 2020, soit avant la victoire des Azéris sur les Arméniens du Karabagh après une guerre de 44 jours, la capitale culturelle du Karabagh arménien, flanquée des inscriptions en grec, azéri (turc) et anglais martelant que Shoushi c’est l’Azerbaïdjan. Alertées par l’ambassade arménienne de Grèce, les structures communautaires arméniennes de Grèce, à commencer par l’Armenian National Committee (Hay Tad) de Thessaloniki, et la Chambre de commerce gréco-arménienne, les autorités municipales ne tarderont pas à retirer de la circulation ce « bus de la honte », qui déshonorait les transports publics et la ville toute entière par le message publicitaire qu’il véhiculait . L’ambassadeur d’Arménie en Grèce, Tigran Mkrtchyan, a précisé qu’après avoir attiré l’attention des autorités municipales sur la nature politique et provocative de cette publicité ou propagande qui devait être retirée sans délai, les autorités grecques l’informait dans les heures qui suivirent que la publicité avait été retirée du bus. L’ambassadeur a ajouté que de telles actions de l’Azerbaïdjan peuvent avoir lieu non seulement en Grèce, où existe une petite communauté azérie, mais aussi dans d’autres pays. « Par des mesures provocatives de ce genre, l’Azerbaïdjan tente tout simplement de présenter er de pérenniser les résultats du recours à la force comme une réalité durable, alors que nous savons que la question du statut du Haut-Karabagh reste ouverte. Tous les pays coprésidant le Groupe de Minsk de l’OSCE l’on dit. Il apparaît que par de telles procédés, l’Azerbaïdjan tente de « montrer » une fois pour toutes que Shoushi est l’Azerbaïdjan, que le retour de Shoushi au Haut-Karabagh ne peut être envisagé. Mais le Haut-Karabagh a ses frontières administratives clairement établies, Shoushi, comme Hadrut, sont dans ces frontières. Shoushi et Hadrut sont actuellement occupés. Par de telles mesures, l’Azerbaïdjan veut donner l’impression que le dossier est clos. L’Azerbaïdjan va contre la logique du processus de négociation. Je considère cet acte comme une provocation, spécialement dans un pays ami comme la Grèce, dont les autorités ont à maintes reprises exprimé leur solidarité avec les positions de l’Arménie. Avec de telles provocations, ils cherchent à créer de la tension dans les relations arméno-grecques, ce qui, bien sûr, sera voué à l’échec”, a conclu l’ambassadeur Tigrane Mkrtchyan. Les autorités municipales de Thessaloniki ont tenu à faire savoir que le département des transports publics n’était pas informé de la teneur des publicités affichées sur les bus et autres moyens de transport, qui relèvent d’une agence privée mandatée à cet effet. Des publicités pro-azéries du même genre ont également été vues à Londres et à Sydney, mais là encore, sous la pression des sections locales de l’ANC notamment, elles n’ont pas fait long feu. Le Greek City Times n’a pas manqué de rendre compte de l’incident du “Bus de la honte”, en soulignant que les autorités de Thessaloniki l’avaient mis hors service “sans hésitations”. Mais le journal, tout en se félicitant de se rapide retrait, se demande comment une telle publicité a pu être mise en circulation.
Le « bus de la honte » au service de Bakou retiré de la circulation à Thessalonique
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