Le chercheur turc arrêté nie avoir fait de la contrebande

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yektan turkyilmaz, le chercheur turc arrêté en juin dernier pour avoir prétendument essayé de faire de la contrebande des livres arméniens interdits de sortie du territoire a rejeté les accusations portées contre lui, lesquelles pourraient lui valoir huit ans de prison. dans une interview accordée à rfe/rl, son avocat, vartuhi elbakian, a déclaré que les autorités arméniennes avaient rejeté les demandes visant à obtenir la libération de son client, un étudiant en histoire qui prépare un doctorat à l´université de duke, aux etats-unis. elles sembleraient également vouloir ignorer les protestations d´un groupe d´intellectuels turcs, parmi lesquels figurent certains des plus virulents critiques du négationnisme du génocide des arméniens, et qui se sont solidarisés avec le prévenu.

turkyilmaz avait été retenu à l´aéroport international zvartnots d´erevan, le 17 juin alors qu´il quittait le territoire avec de vieux livres arméniens « de haute valeur historique et culturelle » dont la sortie exige une dérogation spéciale du gouvernement.

le chercheur, âgé de 33 ans, a été placé en détention préventive et mis en examen en vertu d´un article du code pénal arménien qui prévoit une peine comprise entre quatre et huit ans prison pour tout acte de contrebande.

selon maître elbakian, son client n´était pas conscient de la nécessité d´avoir cette autorisation pour sortir sept des quatre-vingt huit livres qu´il a achetés ou qui lui ont été offerts durant ses deux mois de recherches en arménie. il a en outre invoqué le fait que ni la turquie ni les etats-unis ne possédaient de telles dispositions légales.
l´avocat a aussi déclaré que les enquêteurs du service de sécurité nationale de l´arménie (nss) n´avaient donné «aucune explication concrète» pour justifier du rejet des demandes de libération sous caution de turkyilmaz. et ce malgré le fait que des personnalités comme shavarsh kocharian ( l´un des principaux membre de l´opposition), ou richard hovannisian, l´un des historiens américains les plus renommés sur la question arménienne, se soient portés garant pour le prévenu.
quant au gouvernement turc, il n´aurait à ce jour formulé aucune demande d´explications sur cette affaire. selon l´avocat, le peu d´intérêt que montre ankara au destin de turkyilmaz s´explique par les prises de positions critiques de son client vis-à-vis la ligne turque officielle sur les événements de 1915.
en revanche, les autorités arméniennes doivent faire face aux pressions des représentants en vue de la société civile turque. dans une lettre ouverte adressée au président robert kocharian le mois dernier, environ deux douzaines d´entre eux ont exprimé leur "anxiété »face aux poursuites engagées contre turkyilmaz et appelé à sa «libération immédiate.»

«nous comprenons qu´aucun des livres qu´il avait avec lui ne faisait l´objet d´une interdiction explicite de sortie du territoire, mais que des permissions étaient nécessaires à leur exportation, dit la lettre. nous sommes convaincus que m. turkyilmaz n´était pas au courant de cette condition, sans quoi il l´aurait sans aucun doute respecté, compte tenu qu´il a manifesté en de nombreuses occasions ses qualités de chercheur sérieux et d´ami de la culture arménienne.»

«s´il est légitime de se protéger contre les violations où la méconnaissance des législations douanières, des peines de 4 à 8 ans de réclusion apparaissent comme grossièrement disproportionnées et constitueraient un signal dissuasif à l´égard d´autres savants indépendants », ont déclaré les signataires.

les universitaires taner akcam, murat belge, halil berktay aussi bien que l´éditeur ragip zarakolu et le plus célèbre écrivain turc, orhan pamuk figurent parmi les signataires de cette pétition. tous ont dénoncé à plusieurs reprises le négationnisme turc du génocide malgré les menaces et la condamnation de cercles nationalistes de leur pays.

le porte-parole de robert kocharian, victor soghomonian, a déclaré à rfe/rl que le président arménien n´examinera cette lettre et n´y réagira qu´au retour de ses vacances, prévue pour deux semaines et qui ont commencé lundi. on ne sait toujours pas quand turkyilmaz passera en justice. selon son avocat, les autorités auraient déjà choisi une cour d´erevan de première instance pour étudier son cas.

turyilmaz a été en mai dernier le premier historien turc à avoir eu accès aux archives nationales arméniennes. ses recherches se sont concentrées sur les activités de partis nationalistes turcs, kurdes et arméniens pendant les dernière décennies de l´empire ottoman.

l´administration arménienne s´est même prévalue du travail de turkyilmaz pour prouver que les archives arméniennes étaient ouvertes aux chercheurs turcs, contrairement à ce que prétend ankara. les signataires de la lettre ouverte à robert kocharian ont averti que les poursuites engagées contre lui pourraient « semer de sérieux doutes quant à la volonté affichée de l´arménie d´encourager la recherche de savants indépendants sur son histoire.»

la peine potentielle que risque turkyilmaz apparaît comme particulièrement sévère eut égard aux faits qui lui sont reprochés. l´emprisonnement préventif d´individus convaincus de contrebande de trésors culturels arméniens est extrêmement rare. de telles affaires se concluent généralement par de lourdes amendes et la confiscation de ces articles.

selon les spécialistes de ce genre d´affaires, le nss, successeur arménien du kgb de l´ère soviétique, soupçonnerait turkyilmaz d´espionnage et les poursuites pour contrebande seraient un prétexte. cela expliquerait le fait que le suspect soit maintenu en détention dans les sous-sols de l´ex-kgb, le lieu le plus fermement gardé du pays, et que les fonctionnaires chargés de faire respecter la loi aient confisqué les copies électroniques des documents d´archives qu´il a étudiés à erevan.
en outre, les intellectuels turcs qui en ont appelé à robert kocharian ont dit que turkyilmaz « a été interrogé sur ses recherches et ses orientations théoriques. rien ne peut justifier ce type de traitement ».

parmi les individus interrogés par le nss comme témoins dans cette affaire trois sont des arméniens citoyens de turquie qui vivent et font leurs études à erevan. l´agence de sécurité a jusqu´ici refusé de divulguer ou de donner des détails sur l´enquête.
par karine kalantarian et emil danielyan

reprinted on armenews.com with permission from rfe/rl copyright (c) 2002 radio free europe / radio liberty, inc.1201 connecticut ave., n.w. washington dc 20036. www.rferl.org

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Author: raffi

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