Le colloque “L’Histoire et le Presse” évoquera « Le rôle de la presse des groupes minoritaires dans l’appréhension de l’histoire en Turquie ».

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Ecole Pratique des Hautes Etudes

Section des Sciences Religieuses

Journée d’Etude

29 Mai 2006

Institut Bossuet-6, rue Guynemer 75006 Paris

« L’HISTOIRE ET LA PRESSE »

Invité d’honneur : Jean-Michel Helvig, ancien directeur adjoint de Libération.

Organisée par Stéphanie Laithier et Hélène Guillon
Agrégées d’histoire, Doctorantes à l’EPHE

Avec le soutien

de la Jeune Equipe d’Histoire Moderne et Contemporaine des Juifs
et du Centre Alberto Benveniste

Le colloque se déroulera à
L’Institut Bossuet-6, rue Guynemer 75006 Paris

Inscription gratuite, mais obligatoire auprès de stephanielaithier@hotmail.com
dernier délai le 21 Mai.

« L’HISTOIRE ET LA PRESSE »

Le thème retenu pour cette journée d’études qui se tiendra le 29 mai 2006 permet de mettre en relation la pratique de l’histoire avec une de ses sources majeures, la presse.

La publication dès 1934 de l’ouvrage de Georges Weil intitulé Le Journal. Origines, évolution et rôle de la presse périodique montre que l’intérêt des historiens pour la presse est ancien. C’est d’abord la presse périodique, facilement accessible, qui a intéressé ces derniers pour devenir rapidement un matériau essentiel pour faire de l’histoire. à partir des années cinquante et soixante, la presse a surtout été utilisée par les historiens du politique afin de restituer les évolutions des opinions publiques, mais elle a peiné à s’imposer sur le plan institutionnel. Le grand nombre de monographies qui sont alors parues ont abouti à la publication entre 1969 et 1976, sous la direction de Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou d’une première grande synthèse en cinq volumes, l’Histoire générale de la presse française. Puis l’élargissement des travaux des historiens à l’audiovisuel, à partir des années quatre-vingt, a largement contribué à renouveler les problématiques et à faire entrer l’histoire de la presse dans le cadre plus général de l’histoire des médias qui se mettait alors en place progressivement. Cette dernière est entrée depuis quelques années dans un processus d’institutionnalisation et s’est assurée une place de choix dans le domaine de l’histoire culturelle.

La presse, reflet des conditions sociales, culturelles et politiques d’une période et d’un espace donnés, est ainsi devenue un instrument essentiel dont l’historien dispose pour comprendre les sociétés, leurs évolutions et pour pousser les frontières de son champ de recherche. Mais elle doit être également appréhendée, notamment dans la période contemporaine, comme sujet, comme acteur et comme vecteur de l’histoire, créant ou véhiculant des courants d’idées nouveaux, des modes ou des bouleversements parfois majeurs. Enfin, le thème choisi amène à s’interroger sur les liens qu’entretiennent l’historien et l’homme de presse, sur ce qui les rapproche et ce qui les différencie, et à souligner que l’histoire constitue aussi un cadre indispensable à la presse qui permet au journaliste de remettre son témoignage en perspective.

Afin d’apporter le meilleur éclairage possible à la question « faire l’histoire à partir de la presse », la journée d’études sera organisée autour de deux thèmes complémentaires. Nous nous arrêterons d’abord sur l’importance de la presse comme source pour faire de l’histoire. Dans un deuxième temps, nous débattrons autour de l’idée que la presse, loin de n’être qu’un objet, est également un sujet qui fait et porte l’histoire.

Mis en place et organisé avec la collaboration d’Esther Benbassa, de Jean-Christophe Attias, de l’Equipe d’accueil d’Histoire Moderne et Contemporaine des Juifs et du Centre Alberto Benveniste, ce colloque, organisé chaque année par un étudiant différent, fait intervenir des doctorants qui travaillent sur ou avec la presse et qui s’intéressent à des périodes et à des espaces variés. Les actes sont ensuite publiés dès janvier l’année qui suit et mis en ligne.

Table ronde 1 : La presse comme source pour faire de l’histoire
Comment l’historien fait-il appel à la presse et que lui amène-t-elle dans son analyse de l’histoire ?

Vincent Vilmain, Agrégé d’histoire, Étudiant en Master II à l’EPHE
« Lire un journal non lu, l’exemple de L’Écho Sioniste (1899-1905) ».
Que faire d’un medium quand la deuxième moitié de son équation essentielle n’existe pas ? Sans récepteurs, un medium demeure-t-il toujours un medium ? L’Écho Sioniste, créé en septembre 1899, constitue le premier et, pour de nombreuses années, le seul journal sioniste en langue française. Malgré l’exaltation et l’implication de ses rédacteurs, le journal n’obtient aucun écho positif auprès des élites juives françaises et se tourne, sans beaucoup plus de succès, vers les Juifs originaires de l’Empire russe, avant de disparaître en 1905. La rhétorique agressive et moralisatrice du journal explique en grande partie l’échec de sa propagande. Celui-ci est apparu très tôt aux historiens comme une source essentielle pour comprendre les difficultés du sionisme, dès ses débuts, à trouver un ancrage en France. Mais ne peut-il pas être étudié avec plus de profit encore comme le miroir identitaire de ses rédacteurs ? Ce journal ne permet-il pas d’éclairer les facettes multiples et ambiguës de ces pionniers du sionisme ?

Hélène Guillon, Agrégée d’histoire, Doctorante à l’EPHE
« L’étude des publicités dans un journal d’une communauté en cours de modernisation : le cas du Journal de Salonique (1895-1911) ».
Les journaux, à la fois acteurs et miroirs des sociétés dans lesquelles ils s’inscrivent, sont des objets précieux pour l’analyse des sociétés modernes. Si les articles d’actualité ou de fond sont les éléments qui retiennent d’abord l’attention, les parties considérées comme mineures (publicités, petites annonces, feuilletons…) sont aussi riches d’informations que l’historien aurait tort de négliger. Dans le Journal de Salonique, publié en français entre 1895 et 1911 par et pour l’élite de la communauté juive de cette ville ottomane, la publicité occupe au moins un quart de chacun des numéros. Nous tenterons de comprendre en quoi ces annonces peuvent nous éclairer sur les transformations de l’économie, de la société et de la culture du public auquel elles s’adressent, ainsi que sur l’économie du journal lui-même et les aspirations de ses rédacteurs.
Marion Gautreau, Agrégée d’espagnol, Doctorante à Paris IV-Sorbonne
« La presse illustrée faiseuse d’histoire(s) ? Le cas des revues illustrées de la ville de Mexico pendant la révolution mexicaine (1910-1920) ».

La presse illustrée, catégorie particulière de la presse axée sur l’image, peut constituer un objet d’étude à part entière pour l’historien. La question qui se pose est de savoir en quoi la presse illustrée apporte un angle de vue différent et complémentaire de celui de la presse écrite et en quoi elle permet d’éclairer autrement certains aspects de l’histoire. Nous interrogerons les spécificités et la singularité de la presse illustrée à travers un cas précis : celui des revues illustrées (El Mundo Ilustrado, La Semana Ilustrada, La Ilustracion Semanal, Revista de Revistas, El Universal Ilustrado, Jueves de Excelsior) de la ville de Mexico pendant la révolution mexicaine (1910-1920).

Joëlle Beurier, Agrégée d’histoire, Doctorante à l’Institut Universitaire Européen de Florence et à l’Université Paris X-Nanterre
« Photographie, Grande Guerre et violence extrême : étude comparée de la presse illustrée française et allemande (1914-1918) ».
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les presses illustrées française et allemande prétendent informer mieux sur les évènements à travers les photographies qu’elles publient régulièrement. Mais la guerre a changé de nature et les méthodes de combat ne sont pas les mêmes qu’à la fin du siècle précédent. Comment les images abordent elles alors la question de la violence extrême, perpétrée à distance et de manière anonyme ? Chacun des hebdomadaires étudiés exprime un moyen bien particulier d’explorer cette nouvelle réalité. Alors que l’illustré allemand demeure dans le cadre d’une représentation traditionnelle de la violence, l’illustré français, grâce à la publication de clichés sensationnels, parvient à réduire la distance entre le front et l’arrière, entre l’expérience et son information.

Nese Mesutoglu, Doctorante à l’EHESS
« Le rôle de la presse des groupes minoritaires dans l’appréhension de l’histoire en Turquie ».
En Turquie, les minorités non musulmanes, notamment les Grecs-orthodoxes, les Juifs et les Arméniens-grégoriens, ont le moyen de préserver leur identité grâce à des organes de presse publiés dans leur propre langue. Nous analyserons donc le rôle de cette presse dans la conservation de la culture chez les non musulmans, puis nous nous arrêterons sur les sujets sur lesquels cette presse s’est plutôt focalisée dans le traitement quotidien de l’information nationale comme minoritaire, et enfin nous verrons comment elle contribue à une construction particulière de la mémoire. Nous montrerons ainsi que si la presse est un outil pour les historiens qui s’intéressent aux minorités, elle comporte aussi un certain nombre de pièges méthodologiques et éthiques.

Alexandre Borrell, Doctorant à l’Université d’Orléans
« Pour un questionnement spécifique des médias comme sources de l’histoire des représentations ».
Rares sont les objets étudiés par les historiens du contemporain qui échappent à une médiatisation ou qui ne transparaissent pas dans la production médiatique. Et le sens commun attribue un pouvoir déterminant aux médias d’information, massivement consommés. On comprend alors combien le regard de l’histoire culturelle peut apporter à la compréhension de nombreux phénomènes contemporains. Mais le questionnaire de l’historien face à la production médiatique n’est pas toujours explicite et risque de tronquer les apports d’une histoire des représentations. C’est ce questionnement sur la source, le choix du corpus et les présupposés épistémologiques qu’on voudrait évoquer ici, à la lumière des interrogations qui accompagnent l’élaboration de notre thèse sur « le JT de 20h et la construction d’une question de société : le “problème des banlieues” des années soixante à aujourd’hui ».

Table ronde 2 : La presse vecteur et acteur de l’histoire
Comment la presse porte-t-elle l’histoire et intervient-elle dans sa fabrication ?

Glenda Gambus, Doctorante à l’EPHE
« La Gazeta de Amsterdam (1675-1699), vecteur de modernité pour les marchands juifs au dix-septième siècle »
La Gazeta de Amsterdam (1675-1699), première publication juive en langue espagnole de la communauté sépharade d’Amsterdam, propose des bulletins détaillés des grandes capitales européennes tout en mettant l’accent sur les nouvelles qui concernent le commerce, intérêt principal de ses lecteurs, pour la plupart des marchands juifs. L’objet de cette communication consiste à examiner comment, à travers les bulletins d’information apparemment factuels, on arrive à reconstituer la mentalité marchande des juifs sépharades à l’aube de la modernité. Le choix stratégique de la langue, à savoir l’utilisation de l’espagnol, langue plus diffusée, plutôt que du portugais, est également révélateur de l’ambition du journal qui souhaite dépasser les frontières de la communauté juive d’Amsterdam et toucher tout le réseau de la diaspora sépharade.

Elena Astafieva, Doctorante à l’EPHE
« La presse de la Société Impériale Orthodoxe de Palestine et la présence russe en Terre Sainte (1882-1917) ».
La Société impériale orthodoxe a été créée en 1882 dans le but de marquer la présence russe sur le territoire de la Terre Sainte, et de manière plus générale, au Proche-Orient. Une des tâches que s’est donnée la Société était de « recueillir, développer et diffuser en Russie la connaissance des lieux saints d’Orient. » L’objectif de cet exposé est de revenir à la fois sur la mise en place de la presse savante et de la presse de vulgarisation à destination des différents groupes sociaux de l’Empire russe, et sur les méthodes de propagande de la Société de Palestine. Nous analyserons dans un premier temps le « Bulletin de la Société orthodoxe de Palestine » puis dans un deuxième temps les « Lectures sur la Terre Sainte ».

Anne Christophe, Chartiste, en thèse Ecole des Chartes, Etudiante en Master II à l’Université Versailles-Saint Quentin en Yvelines
« Construire une mémoire visuelle de la Première Guerre mondiale : le cas des dessins de presse parus dans L’ Humanité et Le Journal (1919-1939) ».
Nous nous proposons ici d’étudier la construction de la mémoire de la Grande Guerre à travers les dessins de presse parus entre 1919 et 1939 dans deux quotidiens de la presse parisienne : L’Humanité et Le Journal, sous l’angle de la « sortie de guerre ». En effet, au lendemain du conflit, ces deux journaux doivent faire face à des critiques concernant leur engagement nationaliste de 1914-1918 et leur contribution à ce qu’on désigne désormais comme du « bourrage de crâne ». Ces contestations rendent problématique un retour sur la guerre passée, car un tel retour implique pour les quotidiens de rendre indirectement compte de leur propre attitude au cours de la période. Dès lors, comment, dans leur retour sur le passé, vont-ils prendre en compte ces contestations et tenter d’y apporter une réponse indirecte ? Comment vont-ils en particulier se détacher de l’héritage iconographique contesté que la Première Guerre mondiale leur a légué.

Jacques Magen, Doctorant à l’EPHE
« Le rôle de la presse dans l’opinion : l’exemple de la remise en question de l’identité des Juifs de France dans Le Monde en 1967 ».
Le 27 novembre 1967, le Général De Gaulle faisait une conférence dans laquelle il qualifiait les Juifs de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Ce faisant, il déclenchait non seulement une réaction immédiate de la presse et des milieux politiques, mais bien plus en profondeur, remettait en question l’identité des Juifs de France. La question de la « double allégeance » envers la France et Israël, sujet qui avait déjà commencé à apparaître au moment de la Guerre des Six Jours quelques mois auparavant, revenait ainsi brutalement sur le devant de la scène. Nous regarderons quel rôle a pu jouer le journal Le Monde dans les débats et quelle place il a accordé aux différents points de vue dans ses colonnes. Nous essaierons également d’analyser quel a pu être son impact sur l’opinion publique mais aussi sur les Juifs eux-mêmes dans leur recherche d’une nouvelle identité.

Stéphanie Laithier, Agrégée d’histoire, Doctorante à l’EPHE
« Libération et la guerre israélo-arabe de 1973 ou la lecture d’un conflit nationaliste par un journal révolutionnaire ».
Le samedi 6 octobre 1973, jour de Yom Kippour, les armées égyptiennes et syriennes déclenchent une nouvelle guerre contre Israël. Si celle-ci se solde trois semaines plus tard par la victoire de l’Etat hébreu, elle n’en met pas moins fin au mythe de l’invincibilité absolue des Israéliens et favorise l’émergence de grands changements politiques au Proche-Orient. Créé quelques mois auparavant par un petit groupe de maoïstes soutenus par des intellectuels, des artistes et des hommes politiques, le quotidien Libération, dont l’ambition est de donner la parole à « ceux qui luttent », ouvriers, paysans, fonctionnaires en France, mais aussi opprimés du monde entier, propose comme solution au conflit « la lutte commune populaire contre l’impérialisme, contre le sionisme et la réaction arabe ». À travers l’analyse des articles et éditoriaux portant sur les quelques semaines de la guerre, nous montrerons en quoi ce journal engagé fait une lecture originale du conflit israélo-arabe et comment, confronté à la figure de la victime des différents nationalismes en présence, il tente de lui donner toute sa dimension dans l’histoire.

Aude Laroque, Doctorante à l’Université Paris I
« Burundi, l’oublié des médias ».
Le peu d’intérêt que suscite le Burundi, dont l’histoire et l’actualité sont tantôt chaotiques, tantôt dramatiques, interpelle les chercheurs. Les massacres ne cessent depuis l’indépendance du pays. En 1993 le paroxysme d’une violence devenue banale est atteint lorsqu’une guerre civile éclate, faisant plus de 300 000 morts. Dix ans après, les orphelins de la guerre et du sida et les enfants soldats hâtivement démobilisés hantent les rues d’une capitale devenue champ de ruines. Le Burundi est confiné dans un huis-clos infernal. Les analyses nous parviennent au compte-goutte, la désinformation et l’ignorance sont fréquentes. La survie et la stabilité du Burundi dépendent aussi du regard et de l’intérêt que peuvent porter sur lui les médias internationaux.

Déroulement de la journée

10 :00- 10 :15 Ouverture et présentation Esther Benbassa
10 :15- 13 :15 « La presse comme source pour l’histoire » Présidence : Aude Galliou
10 :15- 12 :15 Exposés Vincent Vilmain
Hélène Guillon
Marion Gautreau
Joëlle Beurier
Nese Mesutoglu
Alexandre Borrell

12 :15- 13 :15 Synthèse et Discussion Ethan Katz
13 :15- 15 :00 Pause déjeuner
15 :00- 18 :00 « La presse vecteur et acteur de l’histoire » Présidence : Claire Barbier
15 :00- 17 :00 Exposés Glenda Gambus
Elena Astafieva
Anne Christophe
Jacques Magen
Stéphanie Laithier
Aude Laroque

17 :00- 18 :00 Synthèse et Discussion Jean-Christophe Attias
18 :00- 18 :30 Réflexions d’un journaliste historien sur les relations entre la presse et l’histoire Jean-Michel Helvig

raffi
Author: raffi

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