« Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman » : exposition événement au Mémorial de la Shoah

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Du 22 mars au 11 juillet : exposition « Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman » au Mémorial de la Shoah de Drancy.

En 2015, le Mémorial de la Shoah de Paris a organisé une exposition commémorant le centenaire du génocide des Arméniens. En 2021, à l’occasion du vingtième anniversaire de la loi française du 29 janvier 2001, reconnaissant ce génocide toujours nié par l’État turc, le Mémorial de la Shoah de Drancy présente une exposition enrichie de nouveaux documents et objets, afin de lutter contre le négationnisme de cet événement précurseur des violences et crimes de masse du XXe siècle. Une exposition itinérante est aussi disponible pour prolonger la sensibilisation des scolaires à ce « crime contre l’humanité et la civilisation ».

Dans le contexte propice de la Première Guerre mondiale, le gouvernement dictatorial et ultranationaliste du Comité Union et Progrès, à la tête de l’Empire ottoman, a mis en œuvre la destruction systématique et planifiée de ses citoyens arméniens : arrestation et exécution des notables de la capitale et des grandes villes, massacres des hommes adultes et des conscrits, déportation de la population civile vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie, élimination des survivants de ces marches de la mort dans les camps de concentration où on les avait regroupés. D’avril 1915 à décembre 1916, entre 1 200 000 et 1 500 000 Arméniens ont été assassinés.Interdits de retour par la République turque, les rescapés et leurs descendants forment aujourd’hui une diaspora mondiale, principalement en Russie, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en France.

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STIGMATISER
Citadelle montagneuse entre mer Noire et mer Caspienne, sur la route des invasions et du commerce entre l’Asie et l’Europe, l’Arménie a servi de champ de bataille pour les empires qui s’en sont disputé la possession depuis l’Antiquité. Après la chute de son dernier État souverain au XIVe siècle, elle est partagée entre la Perse, l’Empire ottoman, puis la Russie au XIXe siècle.Au sein de l’Empire ottoman, la population arménienne, majoritairement rurale, soumise aux discriminations liées au statut des chrétiens en terre d’Islam, subit en outre les exactions des tribus féodales kurdes. Tout au long du XIXe siècle, sa situation se dégrade avec l’évolution du pouvoir impérial vers un nationalisme de plus en plus agressif à l’encontre de ses minorités, au fil des pertes territoriales de l’Empire.

DÉTRUIRE
L’Empire ottoman entre dans la Première Guerre mondiale en novembre 1914, aux côtés des Puissances centrales contre l’Entente. Vivant de part et d’autre du front russo-turc au Caucase, les Arméniens sont mobilisés dans les armées de leur empire respectif dans deux camps ennemis.En janvier 1915, l’échec de l’offensive ottomane nécessite de trouver des boucs émissaires. La présence de petits groupes de volontaires arméniens, même s’ils ne sont pas tous sujets ottomans, aux côtés des forces russes donne un prétexte pour accuser les Arméniens de trahison et mettre en œuvre le plan de leur élimination totale. D’autant que la guerre empêche toute intervention extérieure.

EXCLURE
À l’issue de la Première Guerre mondiale, sur les 2 à 2,5 millions d’Arméniens que comptait l’Empire ottoman en 1914, les deux tiers – soit 1,2 à 1,5 million – ont péri.Dans la nouvelle République de Turquie née en 1923 sur les ruines de l’Empire ottoman, il ne reste plus que 65 000 Arméniens en 1927. Ceux qui partent perdent leur citoyenneté et sont « interdits de retour ». Lorsqu’en 1944, le juriste américain Raphael Lemkin invente le mot et le concept de « génocide » pour définir le sort subi par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’appuie aussi sur le cas de la destruction des Arméniens.Aujourd’hui, l’État turc continue de nier la qualification de ce premier génocide du XXe siècle, alors que de nombreux pays, dont la France (loi du 29 janvier 2001), des organisations internationales l’ont reconnu officiellement.

RECONSTRUIRE
L’alliance entre kémalistes turcs et bolcheviks russes entérine l’échec d’une Arménie indépendante et réunifiée, promise par la conférence de la Paix. Soviétisé par l’Armée rouge, l’État arménien indépendant apparu au Caucase, lors de l’éclatement de l’Empire tsariste, perd sa souveraineté. La France échoue à créer un foyer national en Cilicie sous sa protection. En quête de main-d’œuvre, elle va recueillir une partie des rescapés qui s’éparpillent dans le monde. Aujourd’hui, plus des deux tiers des 8 à 9 millions d’Arméniens vivent hors de leur pays, en diaspora. La communauté de France (environ 400 000) est la plus importante d’Europe occidentale. Partout, les Arméniens se sont organisés, reconstituant d’anciennes structures (églises, écoles, scouts, partis, associations, presse, etc.), ou en créant de nouveaux collectifs (professionnels, artistiques, réseaux sociaux…), tout en s’intégrant dans les pays d’accueil.

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En 2021, quelle est l’actualité sur le génocide des Arméniens dans la recherche scientifique et la diffusion de cette histoire au grand public ?
Claire Mouradian, co-commissaire de l’exposition (avec Raymond Kevorkian et Yves Ternon), explique : « Le centenaire de 1915 a été un point d’orgue de la recherche avec de multiples conférences, publications, expositions, documentaires, films, etc. en France et dans le monde. Parmi les travaux récents, on peut citer l’enquête de Taner Akçam sur l’authenticité des télégrammes envoyant les ordres de tuer du pouvoir, une remarquable biographie de Talaat Pacha, l’architecte du génocide, par Hans-Lukas Kieser, les ouvrages de Stefan Ihrig qui démontrent la filiation entre l’idéologie des Jeunes-Turcs et celle des nazis, des monographies locales, les nombreux récits de vie des survivants et de leurs descendants qui portent sur la mémoire et sa transmission. Des chercheurs turcs en nombre croissant entreprennent de travailler courageusement sur les différents aspects de ce sujet tabou dans leur pays (criminels, spoliations, transmission de la mémoire), sans toujours arrêter l’ardeur des négationnistes. Les reconnaissances officielles des événements de 1915 comme «génocide» contribuent aussi au progrès de la connaissance. C’est le cas en France décret du 11 avril 2019 instaurant le 24 avril comme «journée nationale» de commémoration du génocide des Arméniens, ou de la reconnaissance par le Congrès américain (12 décembre 2019). »

Mémorial de la Shoah de Drancy
110-112 avenue Jean-Jaurès
93700 Drancy
01 42 77 44 72
Complémentaire du Mémorial de la Shoah de Paris, le Mémorial de la Shoah de Drancy est un lieu de médiation entre le site de l’ancien camp et le public, un lieu d’histoire et de transmission. Il permet au public scolaire comme au grand public de mieux connaître l’histoire de la cité de la Muette et notamment le rôle central du camp de Drancy dans l’exclusion des Juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale et dans la mise en œuvre de la « Solution fi nale ».

Claire
Author: Claire

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