Le gouvernement arménien a approuvé jeudi 8 août les modalités et le montant de l’aide qu’il prévoit d’allouer aux familles des victimes de la repression post-électorale de 2008 à Erevan. Dans le texte official relatif à cette aide, il a délibérement refusé d’utiliser le terme de “compensation” pour qualifier cette allocation, qui s’appuie sur un texte de loi vote à l’unanimité par le Parlement arménien le 4 juin. Lors de la reunion hebdomadaire du conseil des ministres, le ministre de la justice Rustam Badasian a souligné que les familles des 10 personnes tuées – 8 manifestants et 2 policiers – du fait de ces violences recevraient 30 millions de drams (environ 63 000$) chacune, ceux qui ont été grièvement blesses recevraient une aide financière de l’ordre de 15 millions de drams (environ 31 500$), ceux enfin dont les problèmes de santé consécutifs à ces violences sont moins graves, se verraient allouer une aide de 5 millions de drams (plus de 10 000$).
Selon les chiffres officiels fournis par les services autorisés, 63 manifestants et policiers ont été plus ou moins gravement blesses lors de la dispersion violente des manifestations de l’opposition contestant la Victoire de Serge Sarkissian aux présidentielles dans la capitale le 1er mars 2008. En vertu d’une decision déjà approuvée, les officiers de police qui sont actuellement toujours sous le coup d’une enquête ou qui ont déjà été reconnus coupables d’usage excessif de la force contre les manifestants ne pourront toutefois pas pretender à cette aide financière. En s’adressant aux membres de son gouvernement, le premier ministre Nikol Pachinian a indiqué qu’il approuvait ces mesures, dont il a toutefois bien précisé qu’elles ne sauraient être tenues pour des compensations. “Désolé d’avoir recours à un langage dur, mais cela ne saurait en rien être considéré comme le prix de la vie d’un citoyen d‘Arménie. Cela doit être désigné comme une aide”, a souligné le premier ministre.
Cette mesure, quelle que soit son nom, vise en tout cas aussi à mobiliser l’opinion arménienne sur une affaire qui défraye la chronique judiciaire et politique arménienne depuis l’arrivée au pouvoir de Pachinian en mai 2018; alors que le procès du principal inculpé, l’ancien president Robert Kotcharian, traîne en longueur, de la volonté même du pouvoir en place, selon ses avocats, la mesure annoncée par le gouvernement au coeur de l’été tend à maintenir l’affaire à l’ordre du jour.