Le gouvernement Pachinian continue à critiquer, avec prudence, l’OTSC pour son manque de soutien

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Lundi 3 octobre 2022, soit quatre jours après une visite à Erevan d’une délégation de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), conduite par son secrétaire général Stanislas Zas, le gouvernement arménien de Nikol Pachinian continuait à critiquer l’alliance militaire dirigée par la Russie pour ne pas avoir apporté son soutien clair à l’Arménie dans son conflit l’opposant à l’Azerbaïdjan, qui n’est pas membre de cette alliance composée de six-Républiques soviétiques (Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan), mais il s’est gardé toutefois d’évoquer quelque retrait de cette alliance, comme le souhaite une partie de l’opinion, déçue par l’absence de solidarité des alliés. L’Arménie en avait appelé à l’aide militaire de l’OTSC le 13 septembre, quelques heures après que les forces azéries eurent lancé une violente offensive contre les zones frontalières de l’Arménie. Les autres pays membres de l’OTSC ont ignoré la demande, préférant envoyer des commissions d’enquête chargées d’étudier la situation sur le terrain et faire des recommandations politiques en conséquence. Les officiels arméniens ont critiqué le refus de leurs alliés de prendre ouvertement parti pour Erevan, comme les y invitent pourtant les statuts de l’alliance militaire. Selon certains media, la neutralité coupable de l’alliance a encouragé les groupes pro-occidentaux jusque là marginaux et des activistes à faire campagne pour le retrait de l’Arménie de l’alliance, d’autant que dans le même temps, les Etats-Unis, qui ont joué un rôle important dans l’arrêt des hostilités le 15 septembre, redoublaient d’efforts diplomatiques, non sans avoir clairement rendu Bakou responsable de la dernière escalade des tensions. Andranik Kotcharian, le président pro-gouvernemental de la commission du Parlement arménien en charge de la défense et de la sécurité, a rencontré certains de ces activistes et discuté de leurs exigences vendredi. Mais une interview accordée un peu plus tard le même jour par Pachinian ne permettait pas de savoir si Erevan envisageait sérieusement de mettre fin à son adhésion à l’OTSC, qui s’inscrit dans le cadre de son alliance militaire avec la Russie et la renforce. “Quand ils demandent si l’Arménie doit quitter ou non l’OTSC, la question est mal posée”, a déclaré le premier ministre sur la chaîne publique arménienne en rectifiant : “La [vraie] question est si oui ou non l’OTCS va quitter l’Arménie”. Pachinian a demandé que l’alliance militaire reconnaisse “l’agression de l’Azerbaïdjan” et vienne avec une “feuille de route” pour en éliminer les conséquences. Vigen Khachatrian, un autre député majeur représentant le Parti Contrat civil de Pachinian, s’est montré plus prudent encore lundi en déclarant que le retrait de l’OTSC serait très risqué non seulement sur le plan de la sécurité mais aussi pour des raisons économiques. “Nous ne sommes pas assez aventuristes pour quitter avec enthousiasme [l’OTSC] et penser que nous réglons une question alors que nous en créerons sept ou huit autres”, a-t-il indiqué cité par le Servie arménien de RFE/RL. “De mon point de vue, quitter l’OTSC maintenant aurait des conséquences plus négatives encore”, a déclaré en écho l’analyste politique Beniamin Poghosian, qui a ajouté que si les critiques arméniennes sont justifiées à l’encontre de l’OTSC, le retrait de l’Arménie de l’alliance serait tenu par la Russie comme un geste d’hostilité orchestré par les Etats-unis et d’autres puissances occidentales. Il a aussi indiqué que les menaces implicites de Erevan de quitter l’alliance militaire n’ont guère d’effet sur le comportement des autres Etats membres. De son côté, la Russie a semblé montrer une approche plus solidaire envers l’allié arménien au lendemain de la visite de la délégation de l’OTSC à Erevan et dans les zones frontalières arméniennes visées par l’armée azérie. Deux jours avant que circulent sur les réseaux sociaux azéris de nouvelles images montrant des soldats azéris tuer des prisonniers arméniens, images qui ont fait dire à sa porte-parole qu’une enquête s’imposait, le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov avait annoncé que l’OTSC explorait la possibilité de déployer des observateurs au Haut-Karabagh au titre des moyens en vue de créer les “conditions favorables” pour le règlement du conflit du Karabagh, a rapporté l’agence de presse russe Tass vendredi. Il en a aussi appelé à la CEI pour qu’elle contribue au règlement du conflit du Karabagh. Tous les Etats membres de la CEI ne sont pas membres de l’OTSC et certains peuvent même afficher une doctrine stratégique plutôt hostile, comme l’AzerbaÏdjan, qui, avec la Géorgie, l’Ukraine et la Moldavie, a constitué dans les années 1990 une alliance sécuritaire qui, sans avoir la dimension militaire de l’OTSC, entend faire contrepoids à son influence sous le nom de GUAM. Dans une récente interview publiée vendredi, le vice-premier ministre russe Alexei Overchuk a signalé par ailleurs que Moscou s’opposait à la création d’un corridor terrestre via le sud de l’Arménie qui relierait l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan et à la Turquie. Cet axe stratégique, appelé “corridor du Zanguezour”, est réclamé avec insistance depuis des mois tant par Bakou que par son allié Ankara. Si l’Iran a à plusieurs reprises exprimé son opposition aux demandes azéries et turques d’un corridor extraterritorial qui pourrait avoir pour effet de supprimer la frontière arméno-iranienne en taillant dans le vif dans la province méridionale arménienne du Syounik, la seule partageant avec l’Iran une frontière vitale que Téhéran entend préserver, la Russie s’était montrée nettement plus ambiguë sur ce point -comme sur d’autres d’ailleurs- surtout depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. Les Russes semblaient aller dans le sens souhaité par les Turcs et les Azéris, d’autant plus courtisés par Moscou qu’ils permettent de contourner les sanctions occidentales en offrant un exutoire alternatif à ses exportations énergétiques, et étaient suspectés d’exercer des pressions sur l’allié arménien pour qu’il accepte de renoncer à sa souveraineté sur l’axe du Zanguezour, et au-delà qu’il œuvre de façon plus active à la fluidification de ses frontières avec l’Azerbaïdjan et la Turquie, de telle sorte que la Russie puisse aussi en profiter. Mais Overtchuk, qui représente la Russie dans le groupe de travail tripartite (Russie-Arménie-Azerbaïdjan) en charge de la délimitation des frontières arméno-azéries et de l’ouverture des axes de transit régionaux, semblait plus prompt, dans les colonnes du journal russe officiel Rossiiskaya Gazeta, à soutenir la position arménienne sur cette question très sensible. Il a souligné ainsi que le groupe de travail russo-arméno-azerbaïdjanais qu’il dirige, n’a jamais discuté de quelque “corridor extraterritorial” exigé par le leader azerbaïdjanais. “Il est important que lors de ces négociations un principe soit établi, qui forme la base des approches pour définir ce régime [de transit]”, a insisté Overtchuk en précisant ; “Le principe est : ‘la souveraineté sur la route est exercée par le pays à travers lequel la route passe.’ Cela signifie que si la route passe à travers le territoire de l’Arménie, alors c’est une route arménienne, si [elle passe] à travers le territoire de l’Azerbaïdjan, c’est une route azerbaïdjanaise”. “La Russie a toujours soutenu le principe de souveraineté des parties”, a-t-il ajouté, en indiquant que cela découle des arrangements arméno-azerbaïdjanais négociés par le président russe Vladimir Poutine. “Cela signifie que lors des négociations du groupe de travail trilatéral des vice-premiers ministres, il ne peut ni ne pourra y avoir de discussion sur quelque ‘corridor extraterritorial’ qui empièterait sur la souveraineté de l’une des parties de quelque manière, a souligné le vice-premier ministre russe en précisant : “En pratique, la mise en place de ce principe induit que pour pénétrer sur le territoire de l’Arménie depuis l’Azerbaïdjan via des routes débloquées ou nouvellement construites, les mesures de contrôle aux frontières sera le même que, par exemple, pour l’entrée en Arménie depuis l’Iran”. “Dans les négociations [russo-arméno-azerbaïdjanaises] nous partons du fait que l’Arménie appartient à la zone douanière commune de l’Union économique eurasienne (UEE)”, a ajouté le ministre en concluant : “Pour nous, la frontière douanière de l’Arménie est aussi la frontière douanière de la Russie, et inversement ». C’est hors de l’arbitrage russe que se rencontraient les ministres des affaires étrangères arménien et azéri à Genève le dimanche 2 octobre où ils n’ont pas manqué d’évoquer ces questions. Aucun accord concret n’est sorti de cette rencontre, mais un communiqué arménien à l’issue des discussions de Genève indiquait sans plus de précision que les pourparlers avaient porté aussi sur “un arrangement mutuel sur le déblocage des axes de transport régionaux sous la souveraineté et la juridiction des pays concernés”.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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