L’heure des comptes a sonné à Gyumri, trois semaines après les élections municipales du 17 octobre, qui ont infligé un camouflet au parti Contrat civil au pouvoir, qui a dû passer une alliance humiliante avec le bloc Balasanian, arrivé en tête du scrutin et donc en mesure d’imposer son candidat à a mairie de la deuxième ville d’Arménie. La tête de liste du Contrat civil, Hovannes Harutiunian, avait mis en jeu son mandat de gouverneur de la province de Shirak pour briguer la mairie de Gyumri, son chef-lieu, un poste moins élevé pourtant dans la pyramide arménienne du pouvoir. Un mauvais calcul, le parti créé pour l’occasion à l’initiative du maire sortant lié à l’ancien pouvoir Samvel Balasanian, qui lui donnera son nom sans pour autant briguer un nouveau mandat de maire, ayant largement remporté ce scrutin, marqué par une abstention record. Le parti au pouvoir a certes limité les dégâts, en obtenant que le bloc Balasanian fasse alliance avec lui plutôt qu’avec l’opposition locale, mais il devra renoncer au poste de maire, qui revient à la tête de liste de la formation victorieuse. H. Harutiunian a tout perdu quant à lui, puisqu’après cette défaite à Gyumri, il a été relevé de ses fonctions de gouverneur du Shirak jeudi 4 novembre. H.Harutiunian a donné une conférence de presse qui résonnait comme des adieux à Gyumri, quelques heures après que le gouvernement de Nikol Pachinian eut officiellement accepté sa démission. Il a toutefois insisté sur le fait qu’il n’aurait pas été contraint dans cette décision. “Dès lors qu’il a été décidé que je conduirai la liste des candidats du Contrat civil aux élections municipales, il devenait évident que quels que puissent être les résultats du scrutin, je ne serai plus gouverneur du Shirak”, a notamment déclaré le candidat malheureux à la mairie de Gyumri en ajoutant : “Ce qui se produit aujourd’hui s’inscrit dans le fil logique de cette décision”. “Nous devons comprendre pourquoi nos concitoyens n’ont pas voulu voter”, a aussi déclaré H. Harutiunian alors que les journalistes l’interrogeaient sur les causes de l’échec du parti au pouvoir, qui n’a pas été en mesure de faire élire son candidat à la mairie de Gyumri. Le parti de Pachinian respecte le choix des électeurs, a ajouté Haroutounian, dont les remarques sur le fort taux d’abstention valent d’ailleurs pour toutes les élections en Arménie, y compris depuis l’arrivée au pouvoir de Pachinian en 2018, qui était censée entraîner une participation plus active des Arméniens à la vie électorale et politique. Malgré cette défaite électorale, le Contrat civil reste toutefois en position de force à Gyumri, avec l’accord de partage du pouvoir passé avec le bloc Balasanian Bloc, dont la tête de liste, Vardkes Samsonian, a été élu lundi maire de Gyumri par le nouveau conseil municipal issu des urnes. En vertu de cet accord, le parti au pouvoir à Erevan est en mesure de nommer les deux adjoints au maire et d’autres responsables de l’administration municipale. L’accord avait été conclu le 30 octobre, deux jours après que deux édiles de Gyumri affiliés au bloc Balasanian eurent été arrêtés pour des faits de corruption par le Service de sécurité nationale d’Arménie. Le bloc s’est montré pour le moins discret concernant cette affaire, et s’est bien gardé de dénoncer quelque motif politique derrière ces arrestations, du moins publiquement. Pourtant, certains media arméniens avaient fait état en octobre des fortes pressions politiques auxquelles faisait face le bloc Balasanian de la part du pouvoir central qui voulait l’amener à passer un accord avec lui, voire à lui céder le poste de maire. Des pressions démenties par les responsables du parti au pouvoir.
