Réponse de Danièle Cazarian, députée du Rhône et membre du Groupe d’amitié France-Arménie à une question d’armenews.com sur l’affaire Marilossian.
Nouvelles d’Arménie Magazine : La présence de Jacques Marilossian président du groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale à la fête nationale de la République de Turquie et son affichage à coté de M. Ismaïl Hakki Musa, a provoqué une vague d’émotion et de protestation sans précédent parmi les Français d’origine arménienne. Le CCAF a notamment demandé sa démission. Pensez-vous que dans cette situation, M. Marilossian dispose de l’autorité et de la légitimité nécessaire pour continuer à présider le groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale ?
Danièle Cazarian : Le 29 octobre dernier, le Président du groupe d’amitié France – Arménie à l’Assemblée nationale s’est rendu à l’ambassade de Turquie en France pour participer aux célébrations organisées pour le 95ème anniversaire de la République turque. À cette occasion, une photo de la soirée le faisant apparaître aux côtés d’autres parlementaires et de l’ambassadeur de Turquie en France a été diffusée sur les réseaux sociaux et a provoqué la colère et l’incompréhension des associations arméniennes de France et de nombreux Français d’origine arménienne .
Je comprends que la présence du Président du Groupe d’amitié France – Arménie à cette réception ait suscité une telle réaction. J’ai moi-même été choquée par cette décision, ce dont je lui ai fait part. Je me félicite que Jacques Marilossian ait ensuite émis des regrets et des excuses, car un tel geste ne peut évidemment pas s’inscrire dans le cadre du dialogue légitime et nécessaire entre Turcs et Arméniens. Le dialogue s’exerce avec ceux qui de bonne foi sont prêts à reconnaître une réalité historique incontestable, c’est déjà le cas avec un certain nombre d’intellectuels turcs comme Pinar Selek ou Erol Oskaray – d’ailleurs tous poursuivis par le régime turc actuel – mais cela reste incompréhensible avec les autorités turques qui organisent le négationnisme à travers le monde .
Le groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale est un groupe très particulier à l’Assemblée. Force est de constater qu’Il a toujours entretenu des liens étroits avec les associations de la communauté arménienne de France et s’est construit sur la question de la reconnaissance du génocide des Arméniens, d’abord dans les rangs des Parlementaires en les convainquant de l’importance de légiférer sur cette question, puis à travers la France entière en portant le débat de la pénalisation de la négation de ce génocide. C’est là la spécificité de ce groupe, son identité, ce qui en fait d’ailleurs l’un des groupes les plus importants et les plus actifs à l’Assemblée nationale.
Aussi, je considère qu’en s’associant ainsi à la célébration d’une République qui planifie depuis sa création la négation du génocide des Arméniens, Jacques Marilossian a en effet commis une faute politique qui peut fragiliser le groupe d’amitié et j’ai eu l’occasion de l’indiquer directement à l’intéressé.
Il lui appartient d’en tirer toutes les conséquences et de mesurer tant sa légitimité à représenter un groupe d’amitié dépositaire du combat en faveur de la reconnaissance du Génocide des Arméniens que sa capacité à continuer son action à la tête de ce groupe, en particulier sa capacité à mener à bien, comme il le souhaite, le projet de pénalisation de la négation du Génocide des Arméniens .
