L’adolescent de 17 ans, Ogün Samast, assassin présumé du journaliste turc d’origine arménienne Hrant Dink, a été inculpé par une Cour d’Istanbul où il a été déféré mercredi, a annoncé son avocat à la presse.
Le jeune homme a été inculpé préventivement aux termes d’un article de la procédure pénale qui prévoit la mise en arrestation d’un suspect soupçonné notamment de fuite, a expliqué à la presse Me Levent Yildirim, commis d’office par le barreau d’Istanbul, devant le palais de justice de Besiktas, sur la rive européenne de la métropole.
Le suspect a ensuite été écroué la prison de Bayrampasa, également dans la partie européenne de la métropole, a ajouté l’avocat.
Interrogé pour savoir qu’elles accusations pouvaient être retenues contre son client, Me Yidirim a répondu: « Evidemment nous pouvons parler d’un homicide ».
Samas éprouve des « remords », contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, et n’a pas saisi les retombées qu’avaient pu avoir son acte, a assuré son avocat.
« Mon client n’a pas agi seul. Il a été incité par quelqu’un », a déclaré M. Yildirim.
Il n’a pas précisé quand le procès débuterait.
Samast, un jeune qui a quitté l’école avant le lycée et sans emploi de la ville de Trabzon (Nord-est), un bastion nationaliste, a avoué avoir tué vendredi par balles Hrant Dink, 52 ans, devant le siège de son journal, l’hebdomadaire Agos, en plein centre d’Istanbul.
Quatre autres suspects interpellés dans le cadre de l’enquête ont également été présentés à la même cour.
Parmi eux se trouve Yasin Hayal, 26 ans, qui a purgé une peine de prison de 11 mois après avoir commis un attentat à la bombe contre un McDonald’s de Trabzon.
Il aurait incité Samas à tuer le journaliste et lui aurait fourni l’arme du crime.
Escorté par des policiers, Hayal, l’air confiant, a menacé en passant devant les caméras le lauréat turc du prix Nobel de littérature 2006, Orhan Pamuk. « Orhan Pamuk doit prendre garde », a-t-il proféré.
Hrant Dink, qui a toujours défendu sa nationalité turque, s’était attiré les foudres des cercles nationalistes pour avoir dénoncé le génocide arménien de 1915-1917 que la Turquie nie catégoriquement.
M. Pamuk avait été poursuivi puis acquitté par la justice turque pour « insulte à l’identité turque », tout comme Dink.
Pour les funérailles plusieurs dizaines de milliers de personnes, turques et arméniennes, ont défilé dans les rues d’Istanbul avec un message : « Nous sommes tous des Arméniens, nous sommes tous Hrant ».