Les autorités du Haut-Karabakh ont de nouveau interdit aux restaurants d’accueillir de grands dîners et des rassemblements post-funéraires, alors que la pénurie de nourriture s’aggrave en raison du récent renforcement du blocus de l’Azerbaïdjan sur le corridor de Lachin.
L’interdiction est entrée en vigueur mercredi, trois semaines après que Bakou a bloqué les livraisons d’urgence de nourriture, de médicaments et d’autres produits essentiels au Karabakh par la seule route reliant la région à l’Arménie. Ces livraisons avaient été effectuées, en quantités limitées, par les forces de maintien de la paix russes depuis l’interruption du trafic commercial par le corridor en décembre dernier.
Les restaurants du Karabakh ne sont plus autorisés à servir des repas à des groupes de plus de 50 personnes, et les réceptions post-funérailles qui y sont organisées ne peuvent accueillir plus de 30 personnes. Ces restrictions visent à réduire davantage la consommation de denrées alimentaires importées, qui commencent à manquer.
« Il n’y a plus de sucre, de savon et de lessive dans les magasins, et le prix des bonbons a quintuplé », a déclaré Silva Khachatrian, un habitant de Stepanakert, au service arménien de RFE/RL. Les prix de l’huile de tournesol et des médicaments ont au moins doublé depuis le 15 juin, a-t-elle ajouté.
Mme Khachatrian s’est également plainte de hausses similaires du prix des fruits et légumes cultivés au Karabakh. Elle les a imputées à des commerçants « sans scrupules » qui achètent les produits agricoles aux agriculteurs locaux.
Mardi, le premier ministre du Karabakh, Gurgen Nersisian, a également rejeté la responsabilité sur les agriculteurs, affirmant qu’ils essayaient de tirer profit de la crise. Les autorités vont « essayer de régler le problème avec les producteurs », a-t-il déclaré.
M. Nersisian a également annoncé que les familles du Karabakh dont les membres sont mineurs recevraient du sucre et de l’huile de cuisine. Les autorités de Stepanakert ont rationné ces produits et d’autres denrées alimentaires de base depuis février.
L’Azerbaïdjan a interrompu l’acheminement des secours au Karabakh le 15 juin à la suite d’une fusillade près d’un poste de contrôle azerbaïdjanais installé de manière controversée en avril près d’un pont sur la rivière Hakari, point de départ du corridor de Lachin.
L’Arménie a déclaré que ses gardes-frontières avaient ouvert le feu pour empêcher les militaires azerbaïdjanais qui tenaient le poste de contrôle de placer un drapeau azerbaïdjanais sur le territoire arménien adjacent. L’Azerbaïdjan a cependant insisté sur le fait qu’ils n’avaient pas pénétré en Arménie.
La Russie et l’Union européenne ont exhorté Bakou à lever le blocus, considéré par la partie arménienne comme une violation flagrante de l’accord conclu sous l’égide de la Russie pour mettre fin à la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en 2020. L’UE a déclaré le 23 juin que le blocus « menace directement les moyens de subsistance de la population locale et suscite de sérieuses craintes d’une crise humanitaire potentielle ».
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