Le gouvernement autonome du Kurdistan irakien (nord de l’Irak) a appelé mercredi les rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre la Turquie, à un « cessez-le-feu illimité et inconditionnel ».
« Si les chefs du PKK continuent dans cette voie, ils s’infligeront de graves dommages », a déclaré au cours d’une conférence de presse à Erbil le Premier ministre du gouvernement kurde, Nechirvan Barzani.
« Le PKK devrait prendre en considération nos intérêts (du Kurdistan irakien, ndlr), privilégier une solution pacifique et annoncer un cessez-le-feu inconditionnel et illimité », a estimé M. Barzani.
Il a appelé une nouvelle fois les rebelles séparatistes « à renoncer à la violence ».
De son côté, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, en déplacement à Rome, a exprimé l’espoir mercredi que le nouvel accord avec Washington sur le partage de renseignements, annoncé lundi par George W. Bush, permette « de mettre fin à la présence » des rebelles kurdes en Irak.
La Turquie menace d’intervenir militairement au Kurdistan irakien d’où les rebelles du PKK, réfugiés dans le massif montagneux du Qandil qui marque la frontière entre les deux pays, ont mené plusieurs attaques meurtrières ces dernières semaines contre l’armée turque, dans le sud-est anatolien.
Le 21 octobre, la présidence du Kurdistan irakien avait déjà appelé le PKK « à renoncer à la violence et à la lutte armée comme mode d’opération ».
Le PKK avait alors affirmé être disposé à respecter un cessez-le-feu si l’armée turque renonçait à ses projets d’incursion et si l’Etat turc respectait les droits politiques et culturels de la minorité kurde en Turquie.
Ce cessez-le-feu conditionnel avait été rejeté dès le lendemain par Ankara.
Mardi, le commandant militaire du PKK, Murat Karayilan, a lancé un nouvel appel pour la paix à la Turquie, tout en menaçant de poursuivre le combat. « Opérations et attaques ne viendront pas à bout de la guérilla (…).
N’assombrissez pas le siècle nouveau en affrontant les Kurdes », a-t-il déclaré à l’agence de presse pro-PKK Firat News.
Avec 100.000 soldats massés à la frontière irakienne, la Turquie refuse catégoriquement d’avoir des pourparlers avec le PKK, qu’elle considère, à l’instar des Etats-Unis et de l’Union européenne, comme une organisation terroriste.
Elle accuse également le Kurdistan irakien, allié des Américains et entité de facto indépendante par rapport au gouvernement central de Bagdad, de soutenir le PKK.
« Nous avons pris des mesures contre le PKK », a souligné M. Nechirvan Barzani.
Les membres présumés du PKK ne peuvent plus désormais voyager en utilisant des aéroports du Kurdistan, a-t-il expliqué.
Les accès au camp de réfugiés kurdes turcs à Makhmor (au sud d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, à 330 km au nord de Bagdad) ont été bouclés par les forces de sécurité pour prévenir tout mouvement du PKK qui y compte de nombreux sympathisants.
La surveillance sur les axes donnant accès au massif du Qandil a également été renforcée. Les locaux d’un parti pro-PKK à Erbil et Soulaimaniyeh ont été fermés.
Huit soldats turcs, faits prisonniers le 21 octobre dans une attaque du PKK, ont par ailleurs été libérés dimanche par les séparatistes, grâce notamment à la médiation des autorités kurdes irakiennes, selon le gouvernement kurde.