Le maire de Goris arrêté pour avoir appelé ses administrés à bloquer la route de Pachinian vers le sud de l’Arménie

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On n’interrompt pas impunément le premier ministre arménien Nikol Pachinian dans sa « marche », qui le porta au pouvoir à Erevan en mai 2018 et dont il reste persuadé qu’elle est toujours suivie par une majorité d’Arméniens ! Le maire de Goris, Arush Arushanian, âgé de 29 ans, l’a appris à ses dépends, et a été arrêté lundi 21 décembre, quelques heures après avoir lancé un appel à ses administrés ainsi qu’aux habitants de la province méridionale de Siounik, dont sa localité est le chef-lieu, pour qu’ils bloquent le convoi de N.Pachinian, qui n’a pu poursuivre sa route vers le sud du pays et a dû rebrousser chemin. Aux premières loges durant les 45 jours de guerre qui opposèrent les forces arméniennes et azéries au Karabagh, les habitants de Goris et du Siounik, qui accueillirent et accueillent toujours nombre de réfugiés arméniens de l’Artsakh, se sentent d’autant plus menacés aujourd’hui que la victoire de Bakou, scellée par l’accord russo-arméno-azéri du 9 novembre, a avancé à leurs frontières l’armée azérie, qui a repris le contrôle de la région de Kelbadjar, entre le Haut-Karabagh proprement dit et la province de Siounik. Et cet accord, qui comporte bien des zones d’ombres concernant le tracé de cette nouvelle frontière, comme l’ont montré plusieurs incidents impliquant des soldats azéris surgissant aux abords de villages arméniens frontaliers, a fait l’objet de critiques particulièrement vives au sein de la population locale, qui s’estime trahie. Les informations relatives à la prise de contrôle par Bakou d’une portion de l’autoroute Kapan-Goris, qui passe par des territoires anciennement sous contrôle arménien, ont accru la colère de la population du Siounik, et son sentiment d’insécurité, que n’a pas dissipé l’annonce du déploiement de garde-frontières russes chargés de protéger cette nouvelle frontière. Goris commande désormais le seul axe reliant l’Arménie au Haut-Karabagh, le corridor de Latchine, théoriquement sécurisé par les forces russes. Le maire de Goris figure au nombre de la quinzaine d’élus locaux de la province de Siounik qui ont appelé à la démission de N.Pachinian au début du mois et il était prévisible que les habitants ne réservent pas un accueil des plus chaleureux au premier ministre. Ils le rendent responsable de la défaite arménienne et l’accusent d’avoir mis en danger la sécurité du Siounik alors que les troupes arméniennes avaient achevé leur retrait ce weekend. C’est dans ce contexte pour le moins tendu, alors que l’Arménie marque depuis deux jours le deuil de ses soldats et civils tués durant la guerre, que N.Pachinian avait prévu de visiter la région lundi, l’objectif de cette tournée étant d’en rassurer la population. Pour A.Arushanian, cette visite était l’occasion d’exprimer l’indignation et la colère des habitants. Dans la soirée de dimanche, il appelait les habitants de Goris à se joindre au cortège de véhicules mobilisés en vue de bloquer la route principale que devait emprunter le convoi de N.Pachinian et d’empêcher celui-ci d’entrer dans le Siounik. “Il ne s’agit pas là d’une action politique ou d’une initiative partisane”, a écrit le jeune maire sur sa page Facebook en ajoutant :“C’est un combat pour la dignité, la sécurité et l’existence physique du peuple du Siounik”.
A.Arushanian a été arrêté et conduit à Erevan quelques heures après. Le Comité d’enquête d’Arménie a indiqué lundi après-midi qu’il était suspecté d’organisation d’un rassemblement illégal. La maire adjointe de Goris, Irina Yolian et d’autres partisans d’A.Arushanian ont condamné cette arrestation qu’ils ont désignée comme étant politiquement motivée. Plusieurs dizaines d’opposants rassemblés devant le siège du Comité d’enquête à Erevan ont demandé la libération du maire. L’avocat d’A.Arushanian, Armen Melkonian, cité par RFE/RL peu avant dans la journée de lundi, a fait savoir qu’il s’était vu interdire illégalement la visite à son client. L’arrestation d’A.Arushanian n’a pas suffi à intimider ses partisans ; une section de l’exe principal aux abords de Goris a été ainsi bloquée par plusieurs centaines de manifestants, contraignant Pachinian à renoncer à sa tournée dans le Siounik. Le premier ministre arménien a donc dû s’arrêter aux portes de la province et se contenter de la visite de la localité de Sissian, où il a reçu un accueil mitigé, mais néanmoins moins hostile. S’adressant à plusieurs centaine de ses partisans rasemblés dans cette petite localité, il a condamné l’opération de blocage de la route dont les instigateurs avaient pour seul objectif, selon lui, d’empêcher de tels rassemblements en sa faveur à Goris, à Kapan et dans d’autres communes du Syounik qu’il entendait visiter et où il est convaincu qu’il aurait été acclamé. A Sissian même pourtant, l’accueil n’a pas été aussi cordial que le chef du gouvernement ne l’a laissé entendre. Le prêtre de la paroisse a ainsi ostensiblement refusé de lui serrer la main – et pas pour des raisons de distanciation sociale ! -, un geste que le gouvernement met sur seul le compte de l’Eglise arménienne, dont les chefs suprêmes, les catholicos d’Etchmiadzine et d’Antelias, ont appelé à sa démission.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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