Le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, a appelé dimanche à faire entrer au Panthéon « l’illustre résistant » d’origine arménienne Missak Manouchian, lors d’une allocution à l’occasion d’une cérémonie de commémoration du génocide arménien.
« Je crois que la France serait grande en lui offrant une place au Panthéon des grands hommes. Faire entrer Missak Manouchian au Panthéon, ce serait évidemment rendre hommage à l’illustre résistant; ce serait aussi faire acte de mémoire pour ces millions d’Arméniens victimes d’une guerre qui n’était pas la leur », a déclaré le maire de la deuxième ville de France, dirigée depuis l’été 2020 par une union de la gauche incluant notamment des communistes, le parti au côté duquel avait combattu ce militant.
Benoît Payan, qui a fait des sujets mémoriels un des grands axes de son mandat, a rappelé que « c’est à Marseille que sont arrivées des centaines, des milliers de familles arméniennes rendues apatrides par les nationalistes turcs », estimant que « sans les Arméniens et sans les Arméniennes, Marseille ne serait pas Marseille ».
Après une cérémonie au mémorial du génocide arménien dimanche matin, des
centaines de personnes ont défilé dans Marseille l’après-midi – 900 personnes
selon la préfecture de police – avec des centaines de drapeaux arméniens.
Réfugié en France après le génocide arménien, Missak Manouchian a formé le « groupe Manouchian », un des mouvements armés les plus actifs de la Résistance.
Ce groupe de résistants étrangers proche du Parti communiste français (PCF) était composé d’une soixantaine d’hommes et de femmes des Francs-tireurs et partisans de la Main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI).
Durant l’été et l’automne 1943, il réalisa près d’une centaine d’opérations armées et de sabotages en région parisienne, dont, le 28 septembre 1943, l’exécution à Paris du général SS Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO).
Il fut démantelé en novembre 1943 par les brigades spéciales des renseignements généraux de la Préfecture de police, qui arrêtèrent 23 membres du groupe, dont une femme.
Torturés et livrés à la police militaire allemande, ils furent condamnés à mort par une cour martiale allemande le 15 février 1944. Les 22 hommes furent fusillés, par groupes de quatre, au Mont-Valérien, le 21 février 1944.
Juste avant d’être exécuté, Missak Manouchian écrit à son épouse Mélinée : « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement ».
En 2015, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, le PCF avait considéré que l’absence de tout représentant communiste parmi eux était « une faute politique ».
AFP