Le Catholicos de tous les Arméniens a adressé un message à l’occasion de la Fête de la Sainte Nativité et de l’Epiphanie, en la cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur d’Erevan. Voici la traduction de ce qu’il a dit :
»Fils et filles bien-aimés de la patrie et de la diaspora,
En la fête de la Nativité et de l’Épiphanie de notre Seigneur Jésus-Christ, dans un esprit de prière, unis dans nos saintes églises, nous bénissons le Sauveur nouveau-né. En ce jour béni de Noël, la vraie Lumière émanait de la crèche de Bethléem pour éclairer les âmes de l’humanité. «La vraie lumière, qui éclaire tout le monde, venait dans le monde», dit l’évangéliste.
Comme l’évangéliste, l’hymnologue compare la Nativité du Fils de Dieu, incarné pour le salut du monde, à l’origine du Soleil, et dit : « Est né du Père pour éclairer les créatures, le Soleil de Justice, Seigneur, Gloire à Toi » (Hymne de la Nativité). Le Fils de Dieu est venu pour dissiper les ténèbres du péché et de la mort, pour conduire l’humanité vers son Créateur. De l’humble caverne de la Nativité du Sauveur rayonnait l’aube du renouveau spirituel, une puissance spirituelle.
Depuis le jour où Jésus est né, il a été persécuté. Le Sauveur et sa famille sont devenus des réfugiés de son lieu de naissance quand Hérode, voulant sa mort, a organisé le massacre des enfants ; croyant qu’il avait tué le fils nouveau-né de Dieu et l’avait vaincu. Mais la vraie victoire était celle du Christ qui, par la glorieuse victoire de la résurrection, a couronné le chemin de la souffrance par sa mission salvifique. En traversant toutes les épreuves, le Seigneur a apporté l’espoir à l’homme déchu et le salut à l’humanité, immergée dans les ténèbres de l’iniquité et de l’idolâtrie. Tout au long de l’histoire, les «Hérodes» ont causé des désastres, des destructions et de la misère à l’humanité ; ils ont exercé l’opposition et l’inimitié sous l’influence du mal ; parallèlement aux réalisations progressistes, il y a eu pauvreté, oppression et injustice. Même aujourd’hui, les gens, accablés de péchés, se détournent de Dieu, le monde est en proie à des intrigues politiques, le matérialisme qui conduit à la polarisation a envahi les sociétés et la justice, avec la vérité, est devenue des valeurs relatives plutôt qu’absolues. Dans ce monde contradictoire et troublé, Jésus-Christ se lève comme le Soleil de la Justice, la vraie Lumière pour illuminer le chemin de l’humanité à travers la vie.
Bien-aimés, la naissance miraculeuse du Christ est une source d’espoir et de consolation pour notre peuple au cœur brisé, surtout en ces jours douloureux, lorsque nous considérons que nos vies n’ont pas non plus été exemptes d’erreurs destructrices et de péchés. La vigilance nécessaire n’a pas été démontrée face aux menaces d’une paix et d’une guerre instables, les intérêts de la patrie et du peuple étant subordonnés aux aspirations et aux objectifs individuels. Un esprit de rejet de Dieu, des idéologies et habitudes étrangères ont imprégné notre société. Nos vies n’étaient pas loin des mensonges, des insultes, de l’intolérance, de la haine et de l’inimitié qui se propageaient et continuent de se répandre de diverses manières, nous divisant, tarissant l’amour du Christ en nous. Et l’Évangile témoigne : «Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et aucune ville ou maison divisée contre elle-même ne résistera» (Matt. 12:25). Les conséquences catastrophiques de la guerre d’Artsakh ont submergé les âmes des fils et des filles de notre nation de sentiments de désespoir, d’anxiété et d’incertitude. La perte d’une grande partie de l’Artsakh, le martyre de nos fils héroïques, la douleur et le chagrin de dizaines de milliers de frères et sœurs déplacés qui ont désespérément besoin d’un abri et de fournitures matérielles, de milliers de soldats blessés, en captivité et portés disparus, ont plongé notre vie nationale dans la patrie et la diaspora sous l’emprise d’une nuit sombre. C’est dans cette obscurité, dans cette réalité cauchemardesque, que le Soleil de Justice brille aujourd’hui, pour illuminer notre vie et notre patrie, pour soigner l’âme blessée de la nation avec son pouvoir de réchauffement.
Chers fidèles, comptant sur l’amour sans fin et la grâce du salut du Fils de Dieu incarné, nous avons surmonté les souffrances des guerres, des désastres, du désespoir et avons eu des victoires dans nos vies au cours des siècles. Ces jours-ci, notre foi est vivante avec la même confiance. Nous sommes en mesure de renforcer et d’enrichir à nouveau notre patrie et de transformer un nouvel éveil de notre vie en réalité en unissant le potentiel et les efforts des Arméniens du monde entier, avec une société conjointe et harmonieuse d’Arménie et d’Artsakh, une économie développée, la science, et l’éducation, et une armée hautement efficace équipée à son meilleur. Comme dans les jours alarmants de la guerre, nos cœurs doivent battre avec l’amour de la patrie, nos pensées et nos sentiments chéris doivent être liés au sol sacré de la patrie. Chaque engagement et chaque sacrifice sont nécessaires pour maintenir la stabilité de la vie nationale, pour ne pas conduire le pays dans des dangers, pour surmonter les crises existantes et pour arrêter la catastrophe de l’émigration. Tenons-nous fermement face à l’épreuve mortelle pour notre nation et notre peuple avec espoir et foi ; ceint de la puissance vivifiante du Seigneur ; gagnons la force de sortir des désastres, de dissiper ces lourdes ténèbres qui nous sont imposées par le soutien céleste et d’illuminer les nouveaux horizons de nos vies.
En ce jour de renouveau de l’âme de la Nativité et de l’Épiphanie, demandons ce qui est utile pour que nous puissions aller vers la réalisation de nos aspirations, en nous appuyant sur la grâce du salut de Dieu et le couronnement de la victoire de nos justes droits. Prions pour que la voûte de notre vie nationale soit illuminée par la lumière annonciatrice de Noël, pour que l’Église arménienne soit éternellement renforcée par l’entremise dévouée et fructueuse de notre clergé et la vie engagée de notre peuple fidèle, afin que l’Arménie soit remplie de l’amour et de l’espérance du Sauveur incarné. Que le Seigneur accorde la paix au monde entier, aux âmes des peuples, et maintienne paix et sécurité de notre pays – l’Arménie et l’Artsakh – et accorde une vie prospère au peuple arménien du monde entier, aujourd’hui, et pour toujours. Amen. »
