Le nombre quotidien des personnes infectées par le coronavirus en Arménie continue à augmenter, hélas inexorablement, incitant le ministre arménien de la Santé Arsen Torosian à tirer une nouvelle fois le signal d’alarme jeudi 4 juin, en mettant en garde contre une saturation prochaine des hôpitaux arméniens qui ne seraient plus en mesure d’accueillir tous les patients infectés nécessitant des soins urgents. Le ministère de la Santé avait annoncé dans la matinée 697 nouveaux cas de coronavirus en une journée, portant le nombre total des personnes atteintes par le Covid-19 à 11 221, sur une population d’un peu moins de 3 millions d’habitants. Le ministère a aussi fait état de 6 nouveaux décès dus au coronavirus, portant à 176 le bilan total des victimes de la pandémie de Covid-19.
Ce dernier chiffre n’inclut pas les 68 personnes aussi infectées par le virus, mais dont le décès est attribué à des pathologies annexes. En raison de la progression rapide du virus, les autorités sanitaires avaient cessé dès la fin mai d’hospitaliser ou d’isoler les patients présentant des symptômes légers ou asymptomatiques. “Seuls environ 15-20 % des cas enregistrés nécessitent une hospitalisation, les autres devant rester chez eux sous surveillance médicale”, avait déclaré A. Torosian lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan, jeudi, en l’absence de N.Pachinian, qui s’est placé en isolement avec toute sa famille, atteinte pas le coronavirus. Le ministre de la Santé a laisse entendre qu’on pouvait encore gérer un roulement quotidien des patients dans les lits d’hôpitaux existants, mais a souligné qu’ “il est très important d’enregistrer une baisse sensible du nombre [de personnes infectées], s’il l’on veut contrôler… ce processus”. “Ou sinon, il sera très difficile de garantir tout cela”, a-t-il ajouté.
A.Torosian avait mis en garde peu avant contre une pénurie de lits d’hôpitaux en unités de soins intensifs traitant les patients du Covid-19. Il avait déclaré lundi que des dizaines de ces lits seraient affectées en complément dans les jours et semaines à venir. Selon le ministre de la Santé, 450 patients se trouvent actuellement dans une situation grave ou critique. Le premier ministre Nikol Pachinian avait déclaré peu avant jeudi qu’ “il y a des gens qui nécessitent une hospitalisation et qui ne peuvent être hospitalisés actuellement.” “Notre système de santé est déjà en surchauffe”, déclarait-il dans un message vidéo sur Facebook. Lors de la réunion du conseil des ministres qui a suivi, N. Pachinian a une fois encore reproché aux Arméniens de ne pas avoir respecté les règles de sécurité. Il a une fois de plus dénoncé l’incapacité de la population à observer les règles de distanciation sociale préconisées, par exemple dans les files d’attente devant des banques ou commerces, qui ont été rouverts, avec les cafés et restaurants dès le 4 mai sur décision de son gouvernement, qui se voit reprocher à son tour son incapacité à faire respecter un confinement trop tôt levé et qui est accusé de vouloir rejeter sur la population, appelée à la “responsabilité civile”, l’échec manifeste de sa gestion de la crise sanitaire.
Le gouverneur de la Banque centrale d’Arménie Artur Javadian et le ministre de l’Industrie High-Tech Hakob Arshakian ont assure à, N. Pachinian que leurs agences respectives prenaient des mesures effectives pour que leurs clients respectent les règles préconisées. A.Torosian a paru plus préoccupé par le nombre d’infections au Covid-19 enregistrées parmi les travailleurs dans les usines entreprises, qui seraient à l’origine de nombreux “clusters” de la pandémie à travers le pays. La plus grosse usine textile d’Arménie située dans la ville de Vanadzor, au nord, a dû fermer pour trois jours mercredi après que 39 au moins de ses 2 600 employés eurent été testés positifs au virus. Avec l’aggravation de la crise de coronavirus, les appels au gouvernement arménien pour réinstaurer un confinement du pays se multiplient. N.Pachinian, qui y a été longtemps opposé, a admis en début de semaine que les autorités sanitaires elles aussi étaient favorables à cette mesure drastique. Mais jeudi, il n’avait toujours pas annoncé un reconfinement qui semble inéluctable. Il s’est contenté, une fois encore, d’appeler ses concitoyens à porter des masques, à respecter les règles de distanciation sociale et les gestes barrière, comme se laver fréquemment les mains. Il a rappelé que le succès de la lutte menée par son gouvernement pour endiguer l’épidémie dépendait avant tout de comportements responsables.
La veille, le gouvernement avait décidé d’imposer le port du masque, ou quelque tissu recouvrant le nez et la bouche, et ce non seulement dans les espaces clos, mais aussi dans les rues et les autres lieux publics. Les détracteurs du gouvernement restent sceptiques quant à l’efficacité de cette stratégie visant à ralentir la progression du virus, et insistent sur le fait que seul un nouveau confinement pourra inverser le processus sanitaire en cours. Le gouvernement a déjà imposé des mesures de quarantaine, arrêté les transports publics et fait fermer la plupart des commerces fin mars. Mais ces mesures, dont on dit qu’elles avaient été d’ailleurs gérées avec un certain laxisme, ont été progressivement levées à partir de la mi-avril. Depuis lors, le décompte quotidien des cas de coronavirus marque une tendance constante et accélérée à la hausse.re et la nation