Le nouveau maire d’Erevan, Tigran Avinian, a suscité de vives critiques de la part de l’opposition jeudi, après qu’il est apparu que la somptueuse cérémonie d’inauguration qu’il a organisée la semaine dernière a coûté aux contribuables plus de 87 millions de drams (220 000 dollars).
M. Avinian, allié du premier ministre Nikol Pashinian, a prêté serment le 13 octobre, près d’un mois après les élections municipales au cours desquelles le parti au pouvoir, le Contrat civil, a fait ce que de nombreux observateurs considèrent comme un mauvais score.
Le parti dirigé par M. Pashinian a obtenu 32,5 % des voix, ce qui est loin de lui donner la majorité absolue au sein du conseil municipal habilité à désigner le maire. Il est parvenu à installer M. Avinian grâce à un accord de partage du pouvoir avec un parti pro-établissement et au soutien effectif d’un autre groupe dirigé par un vidéoblogueur controversé recherché par les autorités arméniennes chargées de l’application de la loi.
Malgré ce revers électoral évident, l’investiture de M. Avinian, à laquelle ont assisté les plus hauts responsables de l’État arménien mais qui a été boycottée par les groupes d’opposition, s’est déroulée avec un faste sans précédent qui a fait sourciller tout le pays.
L’administration municipale a révélé le coût de la cérémonie dans une déclaration écrite au service arménien de RFE/RL. Elle a précisé que la moitié de l’argent avait été consacrée à des décorations évoquant l’ancien royaume d’Urartu, dont le souverain Argishti Ier, qui date du VIIIe siècle avant J.-C., est considéré comme le fondateur d’Erevan.
M. Avinian a été accueilli par des hommes habillés en guerriers urartéens lorsqu’il est entré dans la salle d’inauguration. Le jeune homme de 34 ans a posé sa main sur une réplique d’une inscription cunéiforme laissée par Argishti lorsqu’il a prêté serment.
M. Avinian a défendu la mise en scène inhabituelle de l’événement lorsqu’il s’est adressé aux journalistes à l’issue de la cérémonie. Il a déclaré qu’il s’agissait de rappeler aux Arméniens « les origines d’Erevan ».
Mais ses opposants politiques y ont vu de l’extravagance, du gaspillage d’argent public et du mauvais goût. Izabella Abgarian, membre du conseil municipal récemment réélu et représentant le parti de l’ancien maire Hayk Marutian, arrivé en deuxième position, a déclaré que M. Avinian avait exposé sa « vanité maladive ».
« À mon avis, il s’agit d’une véritable honte compte tenu de l’état actuel de notre pays », a déclaré Mme Abgarian au service arménien de RFE/RL. « Maintenant que nous recevons des réfugiés de l’Artsakh (Haut-Karabakh), je vois un sérieux problème de moralité dans une cérémonie aussi pompeuse et coûteuse.
