Le nouveau patriarche catholique

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Alors que ce qu’il reste de l’Orient chrétien s’enfonce chaque jour davantage dans le chaos, l’Église arménienne catholique et l’Église apostolique assyrienne de l’Orient viennent d’élire leur patriarche respectif, mais les défis restent légion.
C’est au terme d’un véritable marathon que le synode de l’Église arménienne catholique a finalement élu son nouveau patriarche en la personne de Mgr Raphaël Minassian qui succède ainsi à Sa Béatitude Bedros XX Ghabroyan, décédé le 25 mai dernier. La première rencontre à Beyrouth n’ayant pas porté ses fruits, en l’absence de consensus, il aura fallu une convocation par le pape François à Rome pour que le synode puisse trancher, cette fois-ci, à une majorité absolue. Cette élection prend de court de nombreux observateurs avisés qui ont cru que ce serait Mgr Marayati, archevêque d’Alep donné pour favori, qui depuis le décès du patriarche Ghabroyan administrait les affaires de l’Église arménienne catholique.
Qui est le nouveau patriarche ?
Né le 24 novembre 1946 à Beyrouth de parents rescapés du génocide, son père avait été sauvé et acheminé avec des centaines d’autres enfants à Castel Gandolfo, sous le pontificat de Benoît XV. Le nouveau patriarche est originaire de la Mésopotamie syrienne, comme un grand nombre de prêtres du haut clergé de rite arménien catholique. Après avoir étudié au séminaire patriarcal de Bzoummar (1958-1967) au Liban, il a poursuivi sa formation à Rome (université pontificale grégorienne de 1967-1973), avant de se spécialiser en psychopédagogie à l’Université pontificale salésienne. Il sera ordonné prêtre, le 24 juin 1973, au moment où il achève ses études.
Si les fidèles de France le connaissent mal, on ne peut pas en dire autant de ceux du Liban et des États-Unis, où le nouveau patriarche s’est vu gratifier d’une réputation de bâtisseur. D’abord curé de la cathédrale arménienne de Beyrouth, puis de Bzoummar, secrétaire du patriarche Jean-Pierre XVIII Kasparian, on lui doit notamment la fondation du complexe paroissial de la Sainte-Croix à Zalka dans la banlieue de Beyrouth. Aux États-Unis, où il est transféré en 1989, il travaille pendant un an comme curé de paroisse à New York, avant d’être pasteur des catholiques arméniens de Californie, d’Arizona et du Nevada. C’est encore lui qui contribue à l’érection de l’église Saint Grégoire l’Illuminateur de Glendale, ou encore qui crée en 2004 la chaîne en langue arménienne Telepace Arrmenia dont le réseau de diffusion est basé en Italie.Mais sans doute, sa venue en Arménie en 2011 où le pape le nomme évêque pour les fidèles arméniens-catholiques d’Europe de l’Est (Arménie, Russie, Géorgie), avec le titre honorifique de Césarée de Cappadoce, aura marqué une phase d’expansion de l’Église arménienne catholique dans le Caucase. S’il est vrai que le gros des fidèles de cette Église se situe historiquement au Proche-Orient, il faut savoir aussi que le génocide a charrié des milliers d’Arméniens catholiques de l’Arménie occidentale vers la Géorgie, l’Arménie actuelle, mais aussi la Russie. Sous son impulsion, des dizaines de prêtres ont été ordonnés et le diocèse a repris des couleurs dans une région trop longtemps délaissée pour de multiples raisons.
Quels défis pour l’Église arménienne catholique ?
Si les estimations du nombre de fidèles ne sont guère fiables (la fourchette va de 200 000 à 800 000 fidèles), les défis sont bien identifiés. Durablement ébranlée par les funestes conséquences de la guerre en Syrie et la déliquescence du Liban, l’Église arménienne catholique traverse une zone de turbulences sans précédent. Avec l’hémorragie des fidèles du Proche-Orient, c’est, par ricochet, le patriarche qui est lui-même affaibli, sa juridiction n’ayant pas autorité sur les éparchies d’Europe et des Amériques. Là encore se pose la question de la transmission de la foi dans des pays et des sociétés marqués par la déchristianisation mais aussi la nécessité de nouer des liens organiques avec l’Arménie, pays où elle tente d’affirmer sa présence depuis l’indépendance, non sans rencontrer un certain nombre de difficultés. La confiance avec l’Église apostolique, a néanmoins été renforcée grâce aux relations entretenues sur le terrain par les prêtres des deux Églises et la nécessité de faire front commun contre le péril des sectes qui pullulent et sont engagées à la conquête des âmes. Une autre question qui mérite d’être posée est tout simplement celle de l’avenir de l’identité de cette Église dont le vivier oriental se réduit tel une peau de chagrin, ce qui sous-entend un tarissement des vocations sacerdotales. Ou encore comment transmettre l’appartenance à une « arménité inclusive et monochrome » quand le clergé est lui-même divisé entre les clercs arménophones issus de familles apostoliques, et ceux qui, d’origine syriaque, maîtrisent mal l’arménien ?

Ephrem Sarkis Youssef

La rédaction
Author: La rédaction

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