Vendredi, le Premier ministre Nikol Pachinian a donné une tournure optimiste à la situation économique en Arménie, alors que l’Assemblée nationale approuvait le budget de son gouvernement pour l’année prochaine, appelant à de nouvelles augmentations considérables des dépenses publiques et des recettes fiscales.
« Nous nous en sortons bien », a assuré Pachinian au milieu de fortes critiques de l’opposition à l’encontre du projet de loi de dépenses adopté par 69 voix contre 37.
Le budget engage le gouvernement à dépenser 1,88 billion de drams (près de 4 milliards de dollars), en hausse de 14% par rapport à ses dépenses prévues pour cette année.
En particulier, les dépenses consacrées aux programmes sociaux devraient augmenter de 10% pour atteindre 489 milliards de drams. Le budget prévoit une augmentation plus forte des fonds publics alloués à l’éducation et aux soins de santé. Ils devraient totaliser respectivement 163 milliards de drams et 111 milliards de drams.
En revanche, le budget de la défense de l’Arménie sera pratiquement stable en 2020 à un peu plus de 301 milliards de drams (634 millions de dollars), un fait déploré notamment par certains membres de l’opposition. Le gouvernement s’est engagé à renforcer l’armée arménienne par une gouvernance plus efficace et une lutte permanente contre la corruption.
« Depuis mai 2018, l’Arménie a acquis des quantités d’armes et de munitions sans précédent », a déclaré M. Pachinian à cet égard. Il n’a pas mis en lumière exactement ces acquisitions.
Les revenus de l’État arménien devraient croître tout aussi fortement et atteindre près de 1,7 billion de drams. Selon le ministre des Finances Atom Janjughazian, cela devrait se traduire par un déficit budgétaire équivalent à 2,6% du projet intérieur brut. Le gouvernement avait prévu un ratio déficit/PIB légèrement inférieur pour 2019.
Ces objectifs budgétaires sont basés sur l’hypothèse que l’économie arménienne connaîtra une croissance d’au moins 4,9% l’année prochaine. Les responsables gouvernementaux affirment que la croissance économique pourrait bien être plus rapide, arguant qu’elle s’est accélérée à 7,5% au cours des neuf premiers mois de cette année.
Pachinian s’est félicité que l’Arménie était désormais l’économie à la croissance la plus rapide de l’ancienne Union soviétique. Citant une série de données macroéconomiques, il s’est dit optimiste : « Tout cela montre que nous ferons encore mieux. »
Les deux partis d’opposition représentés au Parlement arménien ont toutefois réaffirmé leur évaluation négative des politiques économiques du gouvernement et du projet de budget en particulier. Ils ont insisté sur le fait que Pachinian n’avait pas réussi à lancer une Révolution économique dans le pays, ce qu’il avait promis après son arrivée au pouvoir en mai 2018.
De hauts parlementaires représentant les partis de Lumineuse Arménie (LHK) et Arménie prospère (BHK) ont affirmé qu’ils voteraient contre le budget parce que le gouvernement a rejeté pratiquement tous les amendements qu’ils avaient proposés au début du mois dernier. Janjughazian a fait valoir que les modifications envisageaient jusqu’à 359 milliards de drams (753 millions de dollars) de dépenses publiques supplémentaires.
« Les problèmes que nous avons identifiés lors du débat précédent sont non seulement restés non résolus, mais ils ont également été encore plus approfondis [par le gouvernement], a déploré jeudi Mane Tandilian, du LHK. Par conséquent, nous n’avons pas d’autre choix que de voter contre ce budget. »
Pour sa part, Mikael Melkumian du BHK a souligné que les objectifs budgétaires ne pouvaient pas «améliorer le sort de la population».
