Ce sera sans doute le dernier acte législatif du Parlement arménien sortant, qui règle les affaires courantes depuis sa dissolution le 1er novembre jusqu’aux législatives anticipées du 9 décembre, qui vont donner naissance à un nouveau Parlement : le jeudi 22 novembre, le Parlement a approuvé le projet de budget pour l’année 2019 présenté par le gouvernement intérimaire de N. Pachinian, qui devrait être en mesure de le mettre en oeuvre selon toute vraisemblance, puisqu’il a de fortes chances de remporter le scrutin à venir.
Le budget prévoit une hausse de 12 % des dépenses publiques qui seraient portées à quelque 3, 4 milliards de dollars. Mais cette hausse ne devrait guère bénéficier aux employés du secteur public ou aux retraités, dont les salaires et retraites resteraient inchangées. Le gouvernement s’engage à financer ces dépenses principalement par une politique fiscale plus efficace, qui permettrait à l’Etat d’engranger nettement plus d’impôts et de taxes, de telle sorte que le déficit public pourrait être abaissé à 2,7 % du PIB dès cette année.
Pour ce qui est du financement de ce deficit et de dette publique, le nouveau gouvernement n’a pas de recette miracle et devrait recourir, comme l’ont fait ses prédécesseurs au cours des deux dernières décennies, aux prêts et credits étrangers. L’armée comme toujours sera la grande bénéficiaire de la hausse des dépenses publiques, le budget prevoyant une augmentation de l’ordre de 25 % des dépenses à son profit soit 633 millions de $, en 2019, ce qui reste de toute manière bien loin des sommes consacrées par le voisin et adversaire azéri pour slon armée. Le budget 2019 est bien moins généreux pour ce qui concerne les dépenses prévues pour les programmes sociaux, l’éducation et surtout la santé, qui en est le parent pauvre.
Le gouvernement s’était décidé à réviser à la hausse les dépenses prévues, en débloquant une enveloppe supplémentaire de l’ordre de 12,3 millions de $ après des débats parlementaires houleux, qui avaient donné lieu à pas moins de 146 amendements, comme l’a rappelé le ministre des finances Atom Janjughazian. Le Parlement qui compte 105 députés a approuvé le budget par 66 voix pour et 4 contre et deux abstentions. Le texte relative à la hausse des dépenses avait été soutenu principalement par les députés du Pärti républicain d’Arménie (HHK) de l’ancien président Serge Sarkissian, qui est la principale formation du Parlement sortant. Pourtant, trois figures de proue de l’ancien parti au pouvoir, Eduard Sharmazanov, Arpine Hovannisian et Armen Ashotian ont vote contre ce texte.
Concernant les objectifs budgétaires et les indices macroéconomiques, E. Sharmazanov, qui préside le groupe parlementaire du HHK, a accusé N. Pachinian d’avoir failli à ses engagements de renforcer la croissance économique. Il a déploré que le gouvernement de N. Pachinian ne mise que sur une croissance de l’ordre de 4, 9 % pour 2019. L’économie arménienne devrait afficher selon les pronostics les plus optimistes une croissance de près de 6% cette année contre 7,5 % en 2017. Selon les chiffres officiels, la croissance avait grimpé à 9,7 % dans le premier quart de 2018, quand S. Sarkissian était encore au pouvoir. Les opposants de N. Pachinian ne vont pas manquer de chercher à capitaliser sur la baisse de la croissance depuis qu’il a accédé au pouvoir.
Sur le plan social, le budget 2019 ne devrait pas renforcer la popularité de N. Pachinian. Il ne prévoir en effet de hausses de salaires que pour les 14 000 employés du secteur médical. En le présentant devant le Parlement le 13 novembre, N. Pachinian a néanmoins défendu avec véhémence la décision de son gouvernement de ne pas augmenter les salaires des autres employés du secteur public, non plus que les pensions et retraites, en invoquant les trop faibles revenus de l’Etat et la situation économique héritée de l’ancien pouvoir en place à Erevan.
