Après trois jours de débats houleux, au cours desquels les députés de la majorité parlementaire et de l’opposition en sont venus aux mains, le Parlement arménien a approuvé jeudi 26 août le plan d’action 2021-2026 présenté par le gouvernement de Nikol Pachinian. Seul les députés du groupe du parti Contrat civil au pouvoir ont pris part au vote qui s’est donc soldé par un score de 70 voix pour et de 0 contre le programme gouvernemental controversé. Les deux formations d’opposition, les alliances Hayastan et Pativ Unem, qui avaient violemment critiqué Pachinian et le plan d’action de son gouvernement durant les débats pour le moins houleux, ont boycotté le vote. En vertu du programme présenté au Parliement par le premier ministre, le gouvernement arménien, en particulier, s’engage à contribuer à la restauration de la paix et de la stabilité dans la région, en renforçant la sécurité et en fournissant des meilleures conditions économiques aux citoyens d’Arménie. Selon Pachinian, assurer la sécurité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Armenie, une juste solution du problème du Haut-Karabagh, et créer un environnement externe favorable autour de l’Arménie restent les missions prioritaires pour son gouvernement. Pachinian a mis l’accent sur les réformes de grande envergure dans l’armée et sur une politique étrangère performante en vue d’améliorer la sécurité extérieure de l’Arménie. Pachinian a désigné à cet égard l’alliance stratégique avec la Russie, ainsi que l’appartenance de l’Arménie à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie, comme un important facteur de sécurité. Concernant la stabilité régionale, il a aussi souligné l’importance de négociations poursuivies dans le cadre du Groupe de Minsk de l’OSCE coprésidé par la Russie, les Etats-Unis et la France visant à déterminer le statut final du Haut-Karabagh. Le leader arménien a ajouté que l’ouverture d’infrastructures régionales était aussi importante pour son gouvernement dans le cadre de la création d’un environnement régional stable après la guerre de l’automne dernier au Karabagh, dont Pachinian a reconnu qu’elle avait radicalement changé l’environnement extérieur de l’Arménie. Le premier ministre arménien a souligné, pourtant, que le processus ne devrait pas se faire au détriment de la sécurité et des intérêts vitaux de l’Arménie et du Haut-Karabagh. Pachinian a aussi indiqué que le programme du gouvernement envisageait le déploiement de troupes de garde frontières plutôt que d’unités de l’armée sur certaines sections de la frontière et l’établissement d’un service de renseignements dans les cinq prochaines années. Pour ce qui concerne l’économie, Pachinian a indiqué que dans le cadre de son plan d’action quinquennal 2021-2026, le salaire minimum mensuel en Arménie serait augmenté, passant de 68 000 drams (138$) actuellement à 85 000 drams (172$). Le gouvernement arménien estime que dans la période 2021-2026, la croissance économique annuelle sera de l‘ordre de 7 %. Le plan envisage qu’elle pourrait être de 9 % “en cas de conditions extérieures favorables”. Le programme envisage qu’en 2026 le seuil de pauvreté dans le pays sera tombé au-dessous de 10% de la population, l’extrême pauvreté ayant été éliminée. Pachinian a ajouté que l’ Arménie continuera à développer ses infrastructures, dont les routes. En présentant le programme au gouvernrment la semaine dernière, il avait précisé que l’Union européenne avait promis une enveloppe de 2,6 milliards d’euros à l’Arménie dans les quatres prochaines années à cet effet. Ces projets, avait précisé Pachinian, comprennent la construction d’une route de 60 kilometres reliant les villes de Sisian et Kajaran dans la province méridionale arménienne du Syounik, la construction de réservoirs et d’autres projets d’infrastructure et d’éducation. Pachinian avait indiqué quet 300 écoles et 500 crèches seraient construites ou rénovées en Arménie dans les 5 prochaines années. Il avait ajouté que l’objectif de son gouvernement était aussi d’équiper toutes les 1 400 écoles d’Arménie en laboratoires de sciences naturelles et en informatique. Prenant en compte le déclin démographique du pays, Pachinian avait aussi signalé que les familles se verront accorder, quelque soit leur statut social, une pension de quelque 50 000 drams (environ 1$00) par mois, à partir du troisième enfant, et ce jusqu’à l’âge de six ans. Dans leurs interventions, les représentants de l’opposition ont poursuvi leurs critiques contre Pachinian, affirmant que lui et son gouvernement avaient mal conduit la guerre de l’automne dernier contre l’Azerbaïdjan, mais aussi la lutte contre le coronavirus et n’avaient pu améliorer le niveau de vie de la population. Les détracteurs de Pachinian ont aussi mis en doute ses promesses selon lesquelles l’Arménie fera son travail pour ouvrir “une ère de paix” dans la région, les désignant comme un prélude à une“nouvelle capitulation”. Pachinian et les membres du parti au pouvoir ont rejeté de telles critiques.
