Le Parlement russe a estimé lundi dans une déclaration que Moscou serait en droit de revoir sa politique vis-à-vis des Etats autoproclamés, en particulier dans l’ex-URSS, si l’indépendance du Kosovo était reconnue.
« La reconnaissance de l’indépendance du Kosovo créerait toutes les prémisses nécessaires pour la mise en place d’un nouveau format dans les relations entre la Russie et les Etats autoproclamés dans sa zone d’intérêts naturels, avant tout l’espace post-soviétique », selon le texte de la déclaration publié sur le site du Parlement.
« Maintenant que la situation avec le Kosovo constitue un précédent international, les conflits territoriaux existants doivent être examinés par la Russie à la lumière du scénario kosovar et des mesures concrètes qui seront prises par les Etats » pour reconnaître ou non le Kosovo, est-il ajouté.
La déclaration a été signée par les présidents des deux assemblées, le Conseil de la Fédération et la Douma.
Le Parlement russe estime encore que « la dislocation de la Serbie (…) n’est rien d’autre que l’aboutissement logique de l’opération illégale lancée contre l’ex-Yougoslavie en 1999 par les Etats membres de l’Otan », dans une allusion aux bombardements de l’Otan, qui visèrent la République fédérale de Yougoslavie (RFY) lors de la guerre au Kosovo.
« Le droit des nations à l’autodétermination ne peut justifier la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo alors qu’au même moment on refuse de discuter des actes analogues posés par d’autres Etats autoproclamés ayant obtenu l’indépendance par leurs seuls efforts », poursuit le texte.
Dans l’ex-URSS, quatre territoires séparatistes sont concernés par cette déclaration: l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, en Géorgie, la Transdniestrie (Moldavie) et le Nagorny Karabakh (Azerbaïdjan). Les autorités de ces territoires estiment que l’indépendance du Kosovo constitue un « précédent » qui devrait s’appliquer désormais à eux.
L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, qui ont unilatéralement proclamé leur indépendance de la Géorgie au début des années 90 au terme de conflits armés, ont demandé dès dimanche leur reconnaissance, notamment par Moscou.
La Russie soutient ces deux régions ainsi que la Transdniestrie, également pro-russe, mais ne leur reconnaît pas jusqu’ici un statut juridique d’indépendance. Le Nagorny Karakakh, région à majorité arménienne et appuyée par Erevan, a fait sécession de l’Azerbaïdjan au terme d’un conflit armé.