Le parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir en Turquie, souhaite amender la loi électorale afin de réduire l’âge d’éligibilité et le seuil électoral qu’un parti doit franchir pour entrer au Parlement, a-t-on appris mercredi 9 août 2006 de sources proches du parti.
Les cadres du parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan oeuvrent sur un projet d’amendement constitutionnel qui permettrait de réduire de 30 à 25 ans l’âge minimum pour être candidat à un siège à l’Assemblée nationale, qui compte 550 membres, a-t-on précisé.
Autre volet du projet: abaisser de 10 à 7% le seuil minimum des suffrages recueillis à l’échelle nationale pour qu’une formation puisse être représentée au Parlement, un changement demandé depuis longue date à la Turquie par l’Union européenne, avec laquelle elle a entamé l’an dernier des négociations d’adhésion.
Lors des dernières législatives de 2002, seul deux partis, l’AKP (issu de la mouvance islamiste) et le parti social-démocrate CHP ont pu envoyer des représentant au Parlement, tout les autres partis étant restés sous ce seuil.
Du coup, plus de 40% des électeurs n’ont pas été représentés.
Héritier du coup d’Etat militaire de 1980, le système électoral turc a jusqu’à présent empêché, avec son seuil électoral de 10%, les partis pro-kurdes d’entrer au Parlement.
Parmi d’autres modifications que l’AKP envisage d’apporter figure aussi une disposition qui rend plus difficile l’élection de candidats indépendants, et ce afin d’empêcher que des membres du principal mouvement pro-kurde de Turquie, le Parti pour une société démocratique (DTP), n’entrent au Parlement.
« Ils font des plans pour entrer à l’Assemblée comme députés indépendants. C’est une duperie, nous pouvons prendre des contre-mesures », a affirmé Burhan Kuzu, le président AKP de la commission constitutionelle au Parlement, à des journalistes.
Le Parlement rentre en principe le 1er octobre de vacances et ce projet devrait y être débattu dans sa forme finale après avoir obtenu l’aval de M. Erdogan.