Le ministre arménien de la justice, David Haroutounian, a fait savoir le 4 avril que sa formation politique, le Parti républicain d’Arménie (HHK), majoritaire au Parlement, allait bientôt révéler une série de mesures censées empêcher, lors des élections législatives de mai, les fraudes et irrégularités qui ont entaché les précédents scrutins. Cette annonce survient alors que la Commission électorale centrale vient d’enregistrer officiellement les 24 partis et l’alliance qui sont entrés en lice pour participer aux élections sous le mode de la proportionnelle, qui leur donnera droit à 90 des 131 sièges de l’Assemblée. Les 41 sièges restants se verront attribuer en vertu du mode de scrutin nominal ; plus de 150 candidats, pour la plupart affiliés à des partis ou soutenus par eux, postulent ces sièges. Le ministre de la justice a déclaré que l’Arménie « n’a pas d’autre option » que d’organiser les élections dans le souci de la démocratie, ajoutant que son parti travaillait en ce sens et déploierait tous ses efforts pour lutter le plus efficacement possible contre les fraudes et irrégularités. Entre autres mesures, il a évoqué l’ouverture d’une ligne verte de téléphone qui permettra aux citoyens de dénoncer les fraudes dont ils auraient pu être les témoins, comme les bourrages d’urnes et vols de bulletins, procédés que son parti a d’ailleurs été régulièrement accusé d’avoir utilisés lors des précédents scrutins. Autant dire que l’opposition n’est pas disposée à croire en la sincérité du Parti républicain et dénonce une gesticulation préélectorale, certains de ses responsables ayant déjà accusé le parti gouvernemental de préparer des fraudes à grande échelle pour s’assurer la victoire le 12 mai prochain. Des informations parues dans la presse arménienne font état de chantage exercé sur les fonctionnaires par les autorités régionales proches du HHK, les menaçant de renvoi s’ils ne se joignaient pas au parti. M. Hatoutounian lui-même n’a rallié le HHK pour se présenter sur ses listes qu’en février dernier, après plusieurs mois de spéculations dans la presse concernant ses intentions. Il a déclaré avoir été tenté par le parti Arménie prospère (BHK), une autre formation proche du président Kotcharian et dirigée par l’un de ses amis, l’homme d’affaire Tsaroukian, avant de se décider à rallier le Parti républicain. M. Haroutounian, qui passe pour être un protégé de M. Kotcharian, a par ailleurs récusé les rumeurs selon lesquelles il aurait rallié le HHK sur les « conseils » du président, soucieux de contrôler un peu plus le parti de son dauphin Serge Sarksian, ancien ministre de la défense nommé premier ministre après le décès de Andranik Markarian.
