Le patriarche arménien de Turquie Mesrob II a critiqué jeudi l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une proposition de loi réprimant pénalement la négation du caractère génocidaire des massacres d’Arméniens survenus sous l’empire ottoman.
La patriarche a estimé que l’attitude de la France « sabotait » les efforts de dialogue entre les Turcs et les Arméniens et a exprimé la crainte de représailles à l’encontre la communauté arménienne de Turquie, forte de quelque 80.000 membres.
« Les Français, qui ont dans le passé placé divers obstacles sur la voie de la Turquie vers l’adhésion à l’Union européenne, ont à présent porté un coup sérieux au dialogue déjà limité entre la Turquie et l’Arménie », a-t-il déclaré dans un communiqué cité par l’agence de presse Anatolie.
« Cette proposition de loi va faire le jeu des nationalistes extrémistes et des groupes racistes aussi bien dans la société turque qu’arménienne », a-t-il ajouté.
Mesrob II a appelé les médias à faire la distinction entre les Arméniens de Turquie, dont les représentants se sont opposés à l’initiative française, et la diaspora arménienne en France, qui a poussé à son adoption.
« Les Arméniens de Turquie se sentent sérieusement sous pression en raison de cette proposition de loi », a-t-il estimé. « C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement d’Istanbul d’assurer la sécurité des églises et des écoles de la minorité ».
La proposition de loi, qui doit encore être votée par le Sénat français et promulgée par le président pour entrer en application, prévoit jusqu’à un an de prison et une amende allant jusqu’à 45.000 euros (57.000 dollars) à l’encontre de toute personne niant que les massacres d’Arméniens de 1915-1917 constituent un génocide.