Dans un geste condamné par les Arméniens du Haut-Karabakh, les autorités azerbaïdjanaises ont installé hier, dimanche, un point de contrôle sur la seule route reliant la région, majoritairement peuplée d’Arméniens, à l’Arménie.
Ce faisant, le service national des frontières de l’Azerbaïdjan a invoqué « la poursuite des livraisons militaires de l’Arménie au Haut-Karabakh », une affirmation maintes fois démentie tant à Erevan qu’à Stepanakert.
La partie arménienne a, pour sa part, accusé l’Azerbaïdjan de chercher un prétexte pour isoler les Arméniens du Karabakh.
Les autorités arméniennes du Haut-Karabakh ont également accusé Bakou de violer les termes de l’accord de cessez-le-feu de 2020 négocié par Moscou, selon lequel la route traversant une zone de cinq kilomètres de large connue sous le nom de corridor de Latchine devrait être sous le contrôle des forces de maintien de la paix russes.
Dans une déclaration diffusée dimanche par le centre d’information de la région, les autorités arméniennes de la région ont souligné que le Haut-Karabakh considère la fermeture du pont sur la rivière Hakari par l’Azerbaïdjan comme « une mesure criminelle visant à renforcer le blocus de l’Artsakh [Haut-Karabakh – ndlr] et à procéder à un nettoyage ethnique ».
Selon le Centre d’information, le dirigeant du Haut-Karabakh a convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de la région pour discuter « des derniers développements et des actions pertinentes des autorités ».
La décision de Bakou de mettre en place un poste de contrôle frontalier au début de la route reliant l’Arménie au Haut-Karabakh intervient un jour après un rapport du ministère azerbaïdjanais de la défense faisant état d’un incident au cours duquel trois militaires azerbaïdjanais auraient été blessés lorsque leur véhicule a sauté sur une mine prétendument fournie par l’Arménie. Dans une autre déclaration, le ministère a affirmé que les forces russes de maintien de la paix qui contrôlent la région ont de nouveau aidé les Arméniens à transporter des « cargaisons militaires » de l’Arménie vers le Haut-Karabakh via la route de Lachin. La partie arménienne a démenti ces deux accusations.
La seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie est effectivement bloquée par l’Azerbaïdjan depuis décembre, lorsqu’un groupe d’Azerbaïdjanais se présentant comme des militants écologistes a bloqué la circulation à un carrefour près de la ville de Chouchi contrôlée par l’Azerbaïdjan au Karabakh.
L’Azerbaïdjan a nié avoir bloqué la région majoritairement peuplée d’Arméniens, citant le fait que les véhicules des forces de maintien de la paix russes ainsi que les représentants du Comité international de la Croix-Rouge n’ont pas été empêchés de transporter des fournitures humanitaires dans la région et d’acheminer les personnes nécessitant des soins médicaux en Arménie.
En mettant en place le poste de contrôle frontalier sur la route de Latchine, le Service national des frontières de l’Azerbaïdjan a également déclaré qu’il suivait une mesure unilatérale similaire prise par l’Arménie le 22 avril.
Les autorités d’Erevan n’ont pas encore commenté ce développement.
Entre-temps, dans une déclaration publiée aujourd’hui, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères s’est engagé à ce que « les conditions nécessaires soient créées pour le passage transparent et ordonné des résidents arméniens vivant dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh depuis ce point de contrôle vers l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans les deux sens ».
Il a souligné que le mécanisme de contrôle sera mis en œuvre en coopération avec la force russe de maintien de la paix.
S’exprimant devant le parlement en début de semaine, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a souligné que l’Arménie reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et qu’elle était prête à signer un traité de paix avec Bakou.
« Le traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan deviendra réaliste si les deux pays reconnaissent clairement, sans ambiguïté ni piège, l’intégrité territoriale de l’autre et s’engagent à ne jamais soumettre de revendications territoriales l’un à l’autre », a déclaré M. Pashinian le 18 avril.
« Je tiens à réaffirmer que l’Arménie reconnaît pleinement l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, et nous attendons de l’Azerbaïdjan qu’il fasse de même en reconnaissant l’ensemble du territoire de la [République socialiste soviétique] d’Arménie comme la République d’Arménie [actuelle] », a ajouté M. Pashinian.
Les dirigeants de l’opposition arménienne ont présenté cette déclaration comme une preuve supplémentaire de leurs affirmations selon lesquelles M. Pachinian aide Bakou à reprendre le contrôle total du Haut-Karabakh. Les dirigeants politiques du Haut-Karabakh ont également dénoncé les remarques du Premier ministre arménien, affirmant qu’elles étaient « conformes à la position du Bakou officiel ».
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