Le Premier ministre Nikol Pachinian a réaffirmé vendredi son soutien à l’Eglise apostolique arménienne et s’est engagé à promouvoir les «valeurs chrétiennes» en Arménie, affirmant qu’elles étaient la clé du bonheur humain.
« J’oserai dire que la révolution populaire non violente et de velours qui a eu lieu en Arménie [en 2018] était en grande partie basée sur les valeurs chrétiennes », a soutenu M. Pachinian. « En tant qu’être humain, en tant qu’homme politique, je considère moi-même le moment où je lis et relis le Nouveau Testament comme un tournant dans ma vie. »
« Je crois que la doctrine qui est au cœur de cela est vraiment révolutionnaire à tous points de vue, y compris en ce qui concerne l’édification de l’État, et c’est la formule qui peut apporter le bonheur à la République d’Arménie, à ses citoyens et à l’humanité en général », a-t-il ajouté.
Pachinian a fait ces commentaires lors de la séance inaugurale d’un groupe de travail chargé d’établir les relations de son gouvernement avec l’Eglise apostolique arménienne. Il est composé de responsables gouvernementaux et de membres du clergé de l’église à laquelle appartiennent en grande majorité les Arméniens. Le chef suprême de l’église, Catholicos Garegin (Karekin) II, a également assisté à la réunion.
M. Pachinian a affirmé que le groupe de travail devrait proposer des « décisions communes » sur des questions litigieuses telles que la poursuite de l’enseignement de l’histoire de l’église enseignée dans les écoles publiques arméniennes. Son gouvernement aurait l’intention de restreindre ou de modifier les classes critiquées depuis longtemps par certains groupes de citoyens. Ces projets ont été dénoncés par des personnalités conservatrices et nationalistes accusant les autorités actuelles à Erevan de saper les «valeurs traditionnelles».
Pachinian a également annoncé vendredi la volonté de son gouvernement de revoir les exonérations fiscales accordées à l’Église. En particulier, il semblait appeler à explorer la possibilité d’imposer certaines des propriétés appartenant à l’église.
S’exprimant lors de la réunion, Garegin a déclaré que les autorités devraient prendre en compte «les énormes pertes humaines et matérielles» subies par l’église pendant le génocide arménien en Turquie ottomane et les persécutions anti-religieuses à l’époque soviétique. « Dans ce contexte, le soutien de l’Etat est important pour que l’Eglise puisse rétablir les conditions et les capacités nécessaires à l’accomplissement de sa mission dans son pays et dans la diaspora », a-t-il expliqué.
Sans nommer personne, Garegin a également critiqué ceux qui veulent «restreindre» cette mission en citant la séparation de l’Église avec l’État inscrite dans la Constitution arménienne. Il a fait valoir que la Constitution reconnaissait également le rôle «exceptionnel» de l’église dans l’histoire et la vie sociale du pays.
Pachinian a également reconnu sa «signification particulière» pour de nombreux Arméniens lorsqu’il a rencontré Garegin à Echmiadzine en novembre. C’était apparemment leur première rencontre en tête-à-tête depuis l’accession de Pachinian au pouvoir en mai dernier, au cours d’une vague de manifestations de masse. Le Premier ministre avait beaucoup critiqué Garegin par le passé.
En juin, un groupe arménien aux origines obscures a lancé une série de manifestations contre Garegin, l’accusant de corruption et de liens étroits avec l’ancien gouvernement du pays. Des dizaines de ses membres ont occupé partiellement son siège à Echmiadzine en juillet.
La police a attendu plusieurs jours avant de forcer les manifestants à quitter le siège. La lente réaction perçue a suscité de vives critiques de la part du parti républicain (HHK) notamment.
Par la suite, le HHK n’a pas réussi à faire adopter par le Parlement deux projets de loi interdisant toute manifestation dans les locaux de l’église et obligeant l’État à fournir à Garegin des gardes du corps permanents. Le gouvernement de Pachinian et ses alliés politiques se sont prononcés contre.
