Le président de l’Artsakh met en garde le président Aliev

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Le nouveau président de l’Artsakh Arayik Harutyunyan a adressé une mise en garde vendredi 29 mai au président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, l’enjoignant à « ne jamais parler de recourir à l’usage de la force” lorsqu’il fait référence à l’Artsakh, et en précisant que si l’ Azerbaïdjan menace d’utiliser la force militaire, l’Artsakh est prêt. A.Harutyunyan répondait aux propos tenus par I.Aliyev, la veille, lors de la cérémonie d’inauguration des logements construits pour abriter les personnes déplacées durant la guerre du Karabagh. Dans son discours, I.Aliyev, une fois encore, avait menacé de recourir à la force des armes pour “libérer” le Karabagh et avait réitéré ses déclarations selon lesquelles Erevan serait une ville historiquement azerbaïdjanaise, qui sera aussi « libérée » durant son mandat, qu’il peut d’ailleurs exercer à vie en vertu d’un référendum constitutionnel qu’il a fait voter il y a une dizaine d’années. I. Aliyev avait déclaré, devant la foule rassemblée jeudi, que les négociations en cours étaient conduites “étape par étape”, en vertu d’une approche qui prévoirait le “retour des territoires occupés” de l’Artsakh.

Les autorités de Erevan ont démenti un tel développement des négociations de paix. Dans un message posté en direct sur sa page Facebook vendredi, le président Harutyunyan n’avait pas manqué d’évoquer les propos d’I.Aliyev sur le recours à l’usage de la force qui tend à devenir une priorité : “En d’autres termes, avez-vous choisi la voie d’un règlement de la question par la force, Mr. Aliyev?”, a écrit le président de l’Artsakh en apostrophant le président azéri. “Nous sommes prêts”, a poursuivi A. Harutyunyan en précisant : “Je veux assurer ici que l’issue sera claire pour nous: ce que vous avez eu en 1994, vous l’aurez aussi aujourd’hui”, dans une allusion évidente à la victoire des forces armées de l’Artsakh dans la guerre contre l’Azerbaïdjan. “N’essayez jamais d’employer le langage de la force contre nous!”, a mis en garde A.Harutyunyan, qui a aussi ironisé sur l’approche « étape par étape » évoquée par I.Aliyev, en affirmant qu’il envisageait pour première étape de ce scenario la reconnaissance du droit du peuple de l’Artsakh à l’auto-détermination. “Bien sûr, [le conflit] peut être réglé par étapes, mais c’est il y a une seule option: d’abord, la reconnaissance du droit à l’auto-détermination; ensuite, la reconnaissance de nos garanties de sécurité, après quoi nous pourrons mener des négociations. Il n’y aura pas d’autre option”, a martelé A.Harutyunyan.

Le président Harutyunyan, qui a été investi dans ses fonctions le 21 mai après avoir remporté le second tour des élections le 14 avril, avait rencontré le premier ministre d’Arménie Nikol Pachinian jeudi 28 mai à Erevan, où il assistait aux cérémonies officielles marquant le 102e anniversaire de la 1ère République indépendante d’Arménie. “L’Arménie et l’Artsakh sont une zone de sécurité commune, et de ce point de vue, nos actions et défis sont évidents, et je suis convaincu que nous serons capables de relever les défis en collaboration, en engageant notre patrie sur la voie d’un développement stratégique et durable », avait déclaré N.Pachinian lors de la rencontre.

Dans un geste politique fort, visant à dissiper les soupçons quant à d’éventuelles tensions avec le premier ministre Pachinian, dont on sait, même s’il n’avait pas pris clairement position, qu’il n’était pas le candidat favori, le président et ancien premier ministre de l’Artsakh Arayik Harutyunyan avait joué la carte du consensus vendredi, en s’entourant d’une équipe composée de ses anciens rivaux politiques, Samvel Babayan et Masis Mayilyan, son ancien ministre des affaires étrangères arrivé deuxième aux élections, qui sont nommés à des postes clé de son gouvernement : M.Mayilyan garde le portefeuille des affaires étrangères, S.Babayan, qui avait été responsable de la défense de l’Artsakh dans les années 1990, étant nommé secrétaire du conseil de sécurité de l’Artsakh.

Ce ralliement tend à apaiser les tensions surgies pendant la campagne électorale, qui avait donné lieu à des échanges peu amènes entre MM.Harutyunyan et Maylian, qui passait alors pour le « favori » de N.Pachinian. En annonçant le maintien de M.Mayilyan aux affaires étrangères, A. Harutyunyan a précisé que les deux hommes avaient décidé de partager “la responsabilité de l’avenir du pays” alors qu’il fait face à de graves “défis et dangers”. Le parti Patrie unie de S.Babayan avait quant à lui remporté la deuxième place aux législatives qui se déroulaient le 31 mars dans l’Artsakh, le même jour que le premier tour des présidentielles. Il dirige donc la deuxième force parlementaire de l’Artsakh, derrière le parti d’A.Harutunyan, qui avait largement remporté les législatives.

Lundi, S.Babayan et A. Harutyunyan ont signé un protocole d’accord entre leurs partis respectifs, accordant ainsi une large majorité pour gouverner à A.Harutyunyan, dont le parti contrôle 16 des 33 sièges du Parlement de Stepanakert. Toutefois, en annonçant la nomination de S.Babayan à un poste clé de la securité de l’Artsakh, A.Harutyunyan a pris soin de préciser que l’ancien commandant de l’Armée de libération de l’Artsakh (1991 à 1994), n’avaient jamais demandé un poste un poste au gouvernement. “ Nous avons finalisé la décision hier à Erevan”, a indiqué A. Harutyunyan dans son message sur Facebook vendredi. “Avant cela, Samvel Babayan n’avait jamais brigué aucune position, il est toujours prêt à coopérer pour le salut de notre pays et de son peuple”. Le président de l’Artsakh a remercié S.Babayan pour avoir voulu assumer cette fonction stratégique en une période aussi délicate.

C’est un retour en politique, après une longue période de disgrâce, pour l’ancien général qui passait pour le personnage le plus puissant de l’Artsakh au début des années 1990. En 2000, S.Babayan avait été arrêté et accusé d’avoir tenté d’assassiner le président de l’Artsakh de l’époque, Arkady Ghukasyan. Il avait été libéré en 2004, et avait quitté la scène politique arménienne pour se rendre à Moscou. En 2016, S.Babayan était rentré en Arménie, mais s’était vu une nouvelle fois accusé, sous le mandat de Serge Sarkissian, de blanchiment d’argent et de trafic d’armes, des accusations qui lui valurent une condamnation de six ans d’emprisonnement. Il sera libéré en juin 2018, un mois après l’arrivée au pouvoir à Erevan de N.Pachinian en mai 2018. S.Babayan avait brigué la présidence de l’Artsakh lors des élections de 2020. Mais faute d’avoir résidé dans l’Artsakh dans les dix années qui ont précédé le scrutin, il n’avait pu se présenter. Mais il prenait néanmoins position sur la scène politique de l’Artsakh, en créant son parti de la Patrie Unie, qui a remporté neuf sièges lors des législatives.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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