Sortant de sa réserve qui l’a conduit trop souvent à ménager le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, le président du Conseil européen Charles Michel s’est enhardi à critiquer l’Azerbaïdjan pour sa dernière offensive militaire contre les Arméniens du Karabagh et a assorti ces critiques inédites dans leur intensité à une mise en garde adressée aux autorités de Bakou au cas où elles seraient tentées de s’en prendre à l’Arménie même, selon un responsable européen rendant compte, jeudi 21 septembre, de l’entretien téléphonique qu’avait eu la veille dans la soirée le leader de l’UE avec Aliev, qu’il aurait aussi pressé de « présenter de manière urgente des garanties crédibles pour les droits et la sécurité des Arméniens du Karabagh ”. “Le président Michel a exprimé sa très vive déception quant à l’usage de la force et souligné la nécessité de respecter le cessez-le-feu ”, a indiqué le responsable européen cité par le Service arménien de RFE/RL alors que des informations en provenance du Karabagh faisaient état de violations par l’armée azérie de l’accord de cessez-le-feu que les forces de paix russes stationnées au Karabagh avaient su imposer le 20 septembre, au lendemain de l’opération « antiterroriste » lancée par l’armée azérie visant à obtenir la reddition des forces arméniennes du Karabagh. Celles-ci déposèrent les armes et s’engagèrent à entrer en négociations jeudi à Yevlakh, avec Bakou, sous l’égide de la Russie, en vue de la « réintégration » de la province arménienne dans l’Azerbaïdjan. Le responsable européen a ajouté que Michel aurait dit à Aliyev que l’opération militaire de l’Azerbaïdjan avait eu “une résonnance négative au niveau international, y compris dans l’UE où des discussions sont en cours ce matin sur différentes options en termes de réponse ”. “Les moyens utilisés par Bakou sont tout simplement inacceptables”, aurait déclaré Michel, qui aurait aussi “souligné que toute tentation d’user de la force contre l’Arménie serait inacceptable”. Toujours d’après le compte-rendu de la conversation téléphonique entre Michel et Aliyev, ce dernier aurait assuré au président du Conseil européen que l’Azerbaïdjan n’avait aucune revendication territoriale sur l’Arménie, réaffirmant la reconnaissance mutuelle de l’intégration territoriale sur laquelle il s’était mis d’accord avec le premier ministre arménien Nikol Pachinian lors de discussions sous l’égide de Charles Michel en début d’année. Cette conversation téléphonique s’est tenue quelques heures après que les soldats de la paix russes eurent négocié un cessez-le-feu mettant fin à des combats intenses qui firent au moins deux morts, pour la plupart des civils, parmi les Arméniens du Karabagh et provoquèrent l’exode de milliers d’entre eux. En vertu de cet accord, les autorités du Karabagh se résignaient à ce que soient déposent les armes leurs forces armées, ou ce qu’il en reste après la guerre sanglante de l’automne 2020 et après neuf mois de blocus azéri qui ont entamé tant leur capacité de combat que leur moral, ouvrant ainsi la voie à un retour du plein contrôle de l’Azerbaïdjan sur la province arménienne. Une perspective que ne sauraient envisager les habitants du Karabagh, dont la plupart sont décidés à quitter leur terre ancestrale plutôt que de retourner sous le joug azéri. Le responsable européen a aussi indiqué que Michel aurait exhorté Bakou à promettre l’ “amnistie” pour tous les Arméniens du Karabagh, une proposition déjà évoquée il y a quelques mois par Aliev lui-même qui s’était dit prêt à accorder l’Amnistie aux responsables arméniens du Karabagh qui reconnaitraient l’autorité de Bakou. Si les Arméniens, au Karabagh comme à Erevan avaient . été indignés par cette proposition, les Etats-Unis avaient salué un geste de conciliation de Bakou. “Pour ceux qui souhaitent quitter le Haut-Karabagh, les conditions doivent être réunies pour un départ sécurisé, digne et délibéré”, aurait ajouté Michel, cité par le responsable européen qui a précisé : “L’Azerbaïdjan doit garantir que les Arméniens autochtones seront respectés et qu’il y a un futur pour eux en Azerbaïdjan. Il revient à la communauté internationale d’assurer la sécurité”. Aliyev aurait rejeté l’éventualité d’une telle intervention internationale, tout en s’engageant à “étudier l’amnistie pour ceux qui ont déposé les armes ”.
Le président du Conseil européen Charles Michel adresse une mise en garde à Bakou
Se Propager
La rédaction vous conseille
A lire aussi
Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération
- by Jean Eckian
Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des
- by Krikor Amirzayan
Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»
- by Krikor Amirzayan