Dans un entretien accordé à la principale chaîne de télévision publique d’Arménie et diffusé le 10 mai au soir, le président arménien Robert Kotcharian a exprimé l’espoir que le scrutin législatif du 12 mai accordera aux partis politiques qui le soutiennent une confortable majorité dans le futur Parlement. Il a néanmoins laissé entendre qu’aucun de ces partis ne pourrait disposer d’une majorité absolue lui permettant de gouverner seul, mais compte bien sur son dauphin, le premier ministre Serge Sarksian pour assurer à son Parti républicain le plus grand nombre de voix lors du scrutin. Excluant tout calcul politicien, M. Kotcharian a justifié ses espoirs par la nécessité d’une coopération efficace entre le chef de l’Etat et le futur chef du gouvernement, une telle collaboration étant selon lui vitale pour la stabilité du pays. M. Kotcharian a ajouté que le principal perdant d’une mésentente entre les deux têtes de l’exécutif serait le peuple, tout en laissant la porte ouverte à une future coalition entre partis de sensibilités politiques différentes, une cohabitation dont il a rappelé qu’elle avait fait ses preuves en Arménie. M. Kotcharian met toutefois tout son poids au service du Parti républicain, qui « dispose de l’expérience et de la capacité de gérer les affaires du pays en poursuivant les réformes », dans une campagne électorale dont il assurait ainsi la clôture. Dissipant du même coup les rumeurs selon lesquelles il serait en froid avec M. Sarksian, M. Kotcharian n’a pas oublié ses autres alliés, la FRA Dachnaktsoutioun et surtout Arménie Prospère, de l’homme d’affaires Dzarouguian, un ami proche, pour lesquels il a souhaité une « présence forte » dans la future Assemblée de 131 sièges. Quant à l’opposition, il a souhaité que seuls ses éléments « constructifs » y seraient représentés, égratignant au passage les formations plus radicales qui ont critiqué avec virulence sa politique. Une allusion aux manifestations à l’appel des groupes d’opposition qui avaient dégénéré en heurts entre manifestants et forces de l’ordre la veille. Tout en menaçant de poursuivre en justice les organisateurs de ces manifestations, les autorités arméniennes avaient confirmé leur procédure contre un leader de l’opposition, Alexandre Arzoumanian, ancien ministre des affaires étrangères qui venait d’être arrêté pour un financement supposé depuis la Russie. M. Kotcharian a conclu son intervention en soulignant qu’il avait encouragé un climat propice à la représentation et à la libre expression de tous les courants politiques, qui ont leur place dans les commissions électorales, dédouanant ainsi son administration de toute responsabilité au cas où les prochaines élections seraient entachées, comme les précédentes, de fraudes et d’irrégularités.
