Le président Sarkissian réitère son appel à des législatives anticipées

Se Propager
arton72576

En total porte-à-faux avec le premier ministre arménien Nikol Pachinian, le président de la République arménienne Armen Sarkissian a réitéré son appel à la démission du gouvernement et à la tenue d’élections législatives anticipées en conséquence de l’accord très controversé de cessez-le-feu arméno-azéri du 9 novembre, qui a scellé la rupture entre le chef de l’Etat, à la fonction purement protocolaire, et le numéro un de l’exécutif. Dans une interview diffusée mercredi 25 novembre, au soir, par la Télévision publique arménienne, A.Sarkissian est resté sur les positions qu’il avait affichées au lendemain même de l’accord signé par N.Pachinian, en soulignant que le départ de ce dernier était une condition nécessaire pour que l’Arménie puisse faire face à la “crise profonde” qu’elle traverse. Confirmant son profond désaccord avec N.Pachinian, avec qui il avait eu des relations apparemment courtoises, sinon particulièrement cordiales, depuis l’accession de celui-ci au pouvoir à la faveur de la « révolution de velours », en mai 2018, le président arménien, qui avait été élu à ce poste quelques semaines avant par un Parlement alors dominé par le Parti républicain d’Arménie (HHK) anciennement au pouvoir, de l’ex-président Serge Sarkissian (sans lien de parenté), a martelé : “Il doit y avoir des élections anticipées” en ajoutant : “Les [dernières] élections générales se sont tenues il y a deux ans. Les autorités actuelles ont remporté le mandat [populaire] pour l’Assemblée nationale et le gouvernement il y a deux ans. L’Arménie qui existait il y a deux ans est différente de l’Arménie d’aujourd’hui”. Des positions qui renvoient l’écho des manifestations quasi quotidiennes à Erevan depuis le 10 novembre qui réclament le départ de N.Pachinian et la tenue de législatives anticipées, à l’appel de 16 partis d’opposition, dont l’ancien parti au pouvoir, auquel ne devrait pas manquer de le renvoyer le premier ministre, bien décidé à conserver un pouvoir qu’il accuse ses prédécesseurs, dont A.Sarkissian, longtemps ambassadeur à Londres, fut un proche, de vouloir récupérer à la faveur du mécontentement et des terribles frustrations provoqués par l’issue de la guerre. Le pays devrait être dirigé par un gouvernement interimaire et politiquement neutre qui serait en mesure d’organiser des élections anticipées d’ici un an, a indiqué le président Sarkissian, qui avait lancé un premier appel en ce sens dès le 16 novembre, alors que prenait de l’ampleur le mouvement de protestation lancé par 16 formations d’opposition contre les termes de l’accord de cessez-le-feu arméno-azerbaïdjanais qui imposait à la partie arménienne, après une guerre meurtrière de six semaines, la restitution de la plupart des territoires qu’elle contrôlaît depuis 26 ans autour et aussi en partie dans le Haut-Karabagh. Les partis d’opposition arméniens, y compris les deux représentés au Parlement depuis les législatives de décembre 2018, rejettent sur Nikol Pachinian l’entière responsabilité de cette humiliante défaite militaire et l’appellent à en assumer les conséquences en se retirant. Des exigences balayées du revers de la main par N.Pachinian qui ne semble pas plus disposé à démissionner qu’à organiser des législatives anticipées, estimant avoir toujours le soutien du peuple et sa confiance pour assurer la « sécurité et la stabilité » du pays, conformément à un plan d’actions en 15 points sur six mois au terme desquels la situation serait soumise à évaluation. Seule incidence concrète sur son agenda politique de cet accord qui fait l’effet d’un séisme dans le pays, Pachinian a procédé à un remaniement ministériel qui a concerné six ministères à ce jour. Mercredi, il réaffirmait dans un entretien accordé à l’agence russe Tass que la campagne de l’opposition en vue de la pousser à la démission n’avait pas le soutien de la majorité des Arméniens. Ses alliés politiques faisaient valoir de leur côté que quelques milliers seuleme,t de personnes participaient aux manifestations anti-gouvernementales à Erevan. “La crise existante ne peut être évaluée au nombre de personnes [manifestant] dans les rues”, a rétorqué, indirectement, le président Sarkissian en ajoutant : “Je pense que nous faisons face réellement à une crise profonde en Arménie et une simple analyse nous aiderait à comprendre pourquoi il n’y a pas 100 000 ou 200 000 personnes dans les rues”. Le président arménien faisait sans doute référence à l’extrême abattement, à l’état de prostration dans lequel se trouve le peuple arménien, qui n’a pas encore pris la mesure de ce tournant dans son histoire contemporaine. Le président a par ailleurs balayé lui aussi les spéculations de certains partisans du gouvernement selon lesquels il convoiterait le poste de premier ministre, sans toutefois préciser s’il souhaitait jouer un rôle plus important dans la vie politique nationale et les processus en cours que ne le lui permettent ses prérogatives à ce jour surtout protocolaires. “Je ne suis en mesure d’utiliser que 5 à 10 % de mon potentiel pour mon pays, en raison des limites constitutionnelles ou du fait que mes partenaires ne sont pas ouverts à la coopération …Je pense pouvoir faire plus dans les relations internationales et les domaines liés aux investissements, à la culture et à la diplomate, mais je fais trop peu”, a déploré le président Sarkissian, en précisant qu’il avait lui-même établi une « feuille de route » pour un gouvernement par interim. Elle prévoit une série d’actions gouvernementales urgentes qu’il estime vitales pour l’Arménie dans les circonstances actuelles. “Ce sont des missions concretes dans des domaines concrets”, a conclu le président sans fournir plus de précisions.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut