Le nouveau président turc, Abdullah Gül, s’est engagé à poursuivre les réformes dans la voie d’une intégration de son pays en Europe, tout en minimisant les risques de voir l’armée s’y opposer.
« L’engagement de la Turquie vis à vis du processus de réforme continuera », a-t-il dit à Strasbourg devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe dont il fut membre durant neuf ans et à laquelle il a réservé sa première intervention à l’étranger depuis son élection le 28 août.
Abdullah Gül a évoqué les progrès accomplis par son pays en matière de droits de l’homme, affirmant qu’après la phase d’adhésion aux conventions internationales qui les protègent et celle des réformes internes venait le moment de la « mise en pratique effective ».
« Les transformations en cours correspondent aux aspirations du peuple turc », a-t-il dit en mettant en avant la participation de « près de 85% » aux élections législatives de juillet dernier.
Il a affiché sa confiance dans la neutralité de l’armée qui a mis en garde, à plusieurs reprises, le gouvernement de l’AKP, issu de la mouvance islamiste, auquel il appartient, contre toute atteinte au principe de laïcité et la poursuite de certaines réformes.
« Les forces armées turques connaissent très bien leur devoir dans un champ défini par la loi et la constitution », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.
Il a ainsi relativisé les réserves des militaires sur une réforme de l’article 301 du code pénal, qui punit tout dénigrement de l’identité nationale turque et des institutions de la République, et dont l’Union européenne comme le Conseil de l’Europe demandent l’abrogation.
« L’article 301 n’a rien à voir avec les forces armées. Cela relève de la compétence du gouvernement », a-t-il affirmé en se disant favorable à une réforme de la loi.
Abdullah Gül a réaffirmé la position de son parti en faveur du droit pour les femmes de porter le voile dans la vie publique et notamment à l’université où il est interdit. « C’est à la femme de prendre sa décision en fonction de ses choix et de ses convictions », a dit ce musulman dont la femme elle-même porte le foulard.
« La Turquie reste un Etat démocratique et séculier. Vous n’avez aucune raison d’être inquiet », a-t-il répliqué à un parlementaire libéral.
Interpellé par un parlementaire français sur le génocide arménien de 1915, le président turc a par ailleurs rappelé la position de la Turquie qui ne voit dans les massacres commis que des « événements tragiques ».
Abdullah Gül a rappelé que la Turquie avait proposé la constitution d’une commission mixte, composée d’historiens turcs, arméniens et d’autres nationalités pour enquêter sur le sujet. « Nous accepterons les conclusions de ce comité mixte », a-t-il dit.