Les premières auditions préliminaires du general à la retraite Manvel Grigorian et de son épouse ont débuté jeudi 2 mai dans un tribunal de Erevan, où les prévenus récusent les faits de corruption qui leur sont reprochés. L’audience a porté essentiellement sur les récentes demandes de liberation de son client, reformulées par son avocat, pour raisons de santé. Le tribunal les a rejetées, donnant raison aux arguments du parquet selon lequel l’ex-général se voit administrer le traitement medical adéquat dans la clinique civilie de Erevan où il est soigné depuis février. Contrairement à son épouse, Nazik Amirian, M.Grigorian ne s’est pas présenté à l’audience inaugurale de ce grand procès emblématique de la lutte engagée par N.Pachinian et son équipe contre la corruption depuis leur arrivbée au pouvoir en mai 2018. Le juge qui présidait la séance a lu une letter emanant du centre medical Nairi de la capitale arménienne selon laquelle l’ancien general, âgé de 62 ans, n’était pas en état de quitter l’hôpital.
L’un des avocats de M. Grigorian, Levon Baghdasarian, a souligné que son client devait être libéré car il était affligé de pathologies graves, un cancer aggravé d’un diabète. Un procureur present à l’audience, Vahe Dolmazian, a souligné, de son côté, que M.Grigorian avait été guéri de son cancer plusieurs années auparavant. M.Grigorian, qui a été vice-ministre de la défense de 2000 à 2008, avait été arrêté après des perquisitions des forces de sécurité arméniennes dans ses villas dans son ancient fief politique d’Etchmiadzine et dans ses environs en juin 2018. On y avait trouvé de grandes quantités d’armes, de munitions, de medicaments et autres rations alimentaires destines aux soldats par le ministère arménien de la defense, sous la présidence alors de Robert Kotcharian, lui aussi emprisonné depuis décembre 2018 pour sa responsabilité dans la repression postélectorale de mars 2008, accusation aggravée par des suspicions d’enrichissement personnel Durant son double mandate. Lors des perquisitions, les policiers avaient aussi découvert des stocks entiers de conserves alimentaires et plusieurs véhicules provenant de dons des Arméniens pour les soldats déployés au front du Karabagh. Cette dernière découverte, dans l’une des demeures de la famille Grigorian, avait particulièrement indigné la population arménienne, d’autant que M.Grigorian était jusque là auréolé du prestige de héros de la guerre contre l’Azerbaïdjan.
M.Grigorian a été aussi accusé d’évasion fiscale et d’extortions de fonds en février. Il a démenti avec force toutes les accusations portées contre lui. Son épouse, N.Amirian, tombe aussi sous le coup de certaines de ces charges, mais n’a pas été arrêtée. Elle aussi les dément en bloc. S’exprimant devant les journalistes dans le tribunal, N.Amirian a désigné comme un “show” politique la video scandaleuse diffusée par le Service de sécurité nationale (SSN) des produits des collectes découverts dans une des demeures de la famille. “Un héros ne rampe pas” a-t-elle dit, en, faisant allusion au role majeur joué par son époux dans la guerre du Karabagh de 1991-1994. “S’ils croient qu’il devrait ramper [à leurs pieds], ils devraient ramper eux-mêmes”, a-t-elle ajouté, vindicative.
Facebook Forum
