Le procès controversé d’un recteur d’université a provoqué une tension entre le Premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan et le patronat, qui a critiqué le gouvernement pour son acharnement contre cet universitaire connu pour son engagement pro-laïque.
Le procureur en chef d’Ankara, Hüseyin Boyrazoglu, a lancé jeudi 22 décembre 2005 une enquête contre Mustafa Koç, un des responsables de l’Association des industries et des entreprises de Turquie (Tüsiad) et président de Koc Holding, premier conglomérat du pays, qui avait qualifié d' »inacceptable » deux jours auparavant le traitement réservé à Yücel Askin, recteur de l’université de Van (est).
L’enquête porte sur une tentative supposée de vouloir « influencer la justice », a précisé le procureur, cité par l’Agence de presse Anatolie.
Dés le 21 décembre, M. Erdogan, visiblement en colère, a affirmé sur la chaîne d’information CNN-Türk que la Tüsiad avait « violé la constitution » en faisant des déclarations sur un procès en cours, poussant la justice à agir.
Le procès de Yücel Askin s’est ouvert à la mi-décembre au terme d’une longue enquête que les académiciens ont dénoncée comme une attaque d’ordre politique contre un homme connu pour s’être opposé à l’infiltration de militants islamistes dans le personnel de son administration.
M. Askin est accusé d’avoir procédé à l’achat frauduleux de matériel médical d’une valeur de 25 millions de dollars.
Rappellons que les membres du Parti de la justice et du développement (AKP) se sont relayés depuis le début de cette histoire pour soutenir le gouvernement et que parmi ces soutiens celui de Ramazan Toprak n’est pas passé inaperçu au regard de ces relents racistes. Ce dernier représentant de l’AKP à Aksaray a effet déclaré alors qu’il était en Allemagne « le recteur Yucel Askin, est d’origine arménienne. J’entends que cent présidents des universités de toute la Turquie projettent une manifestation à Van » puis M.Toprak a continué « tout ceci est absurde. Nous avons affecté un recteur d’origine arménienne à Van où l’Arménie a toujours des plans ».
