Le procès du Karabakhiote Vagif Khathatrian à Bakou

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Le « procès de la honte »… C’est ainsi que l’on a qualifié en Arménie le procès d’un Arménien du Karabagh, Vagif Khatchatrian, qui s’ouvrait vendredi 13 octobre à Bakou, deux mois et demi après son arrestation au checkpoint azéri sur le corridor de Latchine, alors qu’il se trouvait dans un convoi du Comité international de la Croix rouge (CICR°, transportant dans des hôpitaux d’Arménie des patients arméniens dont la vie était en danger dans un Karabagh soumis depuis décembre 2022 un blocus drastique de Bakou. Âgé de 68 ans, Vagif Khachatrian attendait une légère ouverture dans le blocus de Bakou pour pouvoir bénéficier en Arménie du traitement urgent que les hôpitaux du Karabagh, à court de médicaments et de matériel, ne pouvaient lui prodiguer. Cette faille dans le blocus, que mettra à profit un convoi du CICR, devait causer sa perte. Arrêté et détenu dans le checkpoint azéri de Latchine, il avait été ensuite jeté en prison pour avoir tué et déporté des habitants azéris du Karabagh lors de la première guerre du Karabagh, remportée par les Arméniens en 1994. Les autorités azéries rendent Khachatrian responsable de la mort de 25 Azerbaïdjanais d’un village du Karabagh, Meshali, lorsque celui-ci aurait été pris par les forces arméniennes en décembre 1991. Il habitait dans un autre village, proche de Meshali, durant et après la guerre de 1991-1994. La famille de l’accusé a vivement démenti ces accusations, en indiquant qu’il était un simple conducteur de tracteur et n’avait jamais été impliqué ni de près ni de loin dans aucun crime de guerre. Khachatrian, qui devait subir une intervention chirurgicale du cœur à Erevan, semblait désemparé et en mauvaise santé sur les images le montrant comparaissant devant un tribunal militaire de Bakou. Les videos que diffusent les media azéris le montrent clairement la main droite crispée sur le cœur de manière répétée à l’ouverture de son procès. L’une de ses trois filles résidant en Arménie s’est effondrée à la vue de ces images. “Je n’ai pas de mots pour dire ce que je ressens ”, a-t-elle confié au Service arménien de RFE/RL. Le ministère arménien des affaires étrangères a condamné ce “procès honteux ”, par la voix de sa porte-parole, Ani Badalian, qui a souligné que Khachatrian avait été arrêté et poursuivi “en flagrante violation de la législation internationale humanitaire ”. “Les prisonniers de guerre et civils arméniens encore détenus en otages à Bakou doivent être libérés ”, a écrit Badalian sur le réseau social X. Mais des « procès de la honte », on en attend encore beaucoup, beaucoup trop, autant que l’Azerbaïdjan compte de prisonniers arméniens, qu’il était tenu de relâcher, et auxquels sont venus se joindre huit responsables politiques et militaires du Karabagh, arrêtés lors de l’exode de la fin septembre au checkpoint de Latchine. Tenus pour des « terroristes » ou « ex-dirigeants fantoches », ils sont sous le coup de différentes et graves accusations, que rejettent le gouvernement arménien comme les responsables actuels du Karabagh en exil en Arménie. Selon certaines sources citées vendredi par le Service arménien de RFE/RL, les prisonniers, parmi lesquels trois anciens présidents du Karabagh et le milliardaire russe d’origine arménienne Ruben Vardanyan, qui a été premier ministre du Karabagh de novembre 2022 à février 2023, ont été autorisés à téléphoner à leurs familles en Arménie ces jours derniers. Au nombre de ces détenus aussi, Davit Manukian, qui a été commandant en second de l’armée du Karabagh jusqu’en 2021. Le frère de celui-ci, Gegham Manukian, qui est député de l’opposition dans le Parlement d’Arménie, a précisé qu’il avait dû parler en russe avec les membres de sa famille lors de leur brève conversation téléphonique mercredi. Le ICRC a confirmé, de son côté, qu’à ce jour Bakou n’avait autorisé aucun de ses représentants à rendre visite aux anciens leaders du Karabagh dans leur prison. Le régime de Bakou, Aliev en tête, ne se prive pas de dénigrer ces prisonniers, les présentant comme des « fantoches » tandis que les media azéris, relayés par les réseaux sociaux, diffusent régulièrement les images dégradantes de ces détenus arméniens qui avaient osé défier l’autorité de Bakou, et qui se retrouvent aujourd’hui humiliés.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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