La controverse autour de cette question menace de transformer l’attention attendue d’un autre événement important à Bakou en une débâcle de relations publiques.
Quand l’équipe anglaise de football Arsenal va rencontrer son rival de Chelsea dans la finale d’Europa League le 29 mai, il n’est pas certain qu’un des meilleurs joueurs d’Arsenal sera sur le terrain. Le match aura lieu à Bakou et le milieu de terrain Henrikh Mkhitaryan est originaire d’Arménie, en guerre contre l’Azerbaïdjan depuis la chute de l’Union soviétique.
La controverse autour de cette question menace de transformer l’attention attendue d’un autre événement important à Bakou en une débâcle de relations publiques.
Quand Arsenal a rencontré le club azerbaïdjanais Qarabag lors des éliminatoires du tournoi en octobre , ils ont laissé Mkhitaryan chez lui, apparemment pour des raisons de sécurité. Cette fois-ci, la Fédération de football d’Azerbaïdjan a donné à Arsenal des garanties de sécurité pour Mkhitaryan à Bakou. « Les autorités de notre gouvernement ont fourni à l’UEFA des garanties pour que Mkhi vienne à Bakou, il n’y a donc aucune question de sécurité », a déclaré Elkhan Mammadov, secrétaire général de l’association, au quotidien britannique The Teleraphraph. « Nous avons toujours considéré le sport comme quelque chose de très distinct de ces questions politiques », a-t-il déclaré .
Il n’est pas clair si ces garanties sont suffisantes pour Mkhitaryan et Arsenal, qui, à la date de publication de cet article, n’avaient pas encore pris de décision. Au 10 mai, « aucune garantie acceptable n’a été reçue » et l’équipe est « extrêmement préoccupée par le fait que l’emplacement de la finale pourrait empêcher Micki de jouer », a déclaré un porte-parole d’Arsenal.
L’Azerbaïdjan a pour pratique de longue date d’ empêcher les Arméniens de souche , quelle que soit leur nationalité, d’entrer dans le pays. Le gouvernement fait des exceptions, y compris pour les athlètes: aux Jeux européens de 2015, 25 athlètes d’Arménie ont participé. Dans cette éventualité, les Arméniens étaient souvent hué par les supporters locaux, mais aucun incident de sécurité ne s’était produit.
La question des Mkhitaryan n’est qu’un des nombreux éléments controversés de la tenue de la finale à Bakou. La presse britannique a abondamment raconté à quel point il était difficile de se rendre à Bakou depuis Londres, la capacité limitée de l’aéroport de Bakou et des hôtels pour faire face au nombre de personnes souhaitant assister à la finale, ainsi que le refus de visa pour les fans britanniques d’origine arménienne.
De nombreux Azerbaïdjanais ont été choqués par l’affirmation que Mkhitaryan serait en danger dans leur pays. La chaîne de télévision nationale AzTV a produit un segment intitulé «Manipulation de l’échec de Mkhitaryan» dans lequel l’analyste politique Azer Hasrat a affirmé que plus de 30 000 Arméniens vivent sans problème en Azerbaïdjan, en dehors du Karabagh. Il a ajouté que « le gouvernement azerbaïdjanais a promis d’assurer la sécurité du joueur arménien » et a expliqué comment le boxeur arméno-ukrainien Gevorg Manukyan avait participé aux Jeux européens de 2015 à Bakou; le président Ilham Aliyev lui a personnellement décerné une médaille.
Dans un article sur la controverse de Turan TV, un utilisateur de Facebook a déclaré que «des centaines d’expatriés d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande travaillent en Azerbaïdjan et qu’ils n’ont aucune inquiétude, mais s’agissant du football, l’Azerbaïdjan est un pays dangereux». « En 2015, les Arméniens sont venus aux Jeux européens et le président a même donné une médaille à un athlète arménien. Alors, de quoi s’inquiètent-ils? »
Austin Clayton est un écrivain basé à Bakou.
Eurasianet.org
