Retrait des Etats-Unis de l’accord international avec l’Iran.
Effets collatéraux sur la France, l’Europe et l’Arménie.
La remise en question par Donald Trump de l’accord international sur la dénucléari- sation de l’Iran, les sanctions envers les entreprises européennes qui continue- raient à commercer avec la République Islamique, plus la montée des taxes sur l’importation d’acier et de véhicules européens aux Etats-Unis, provoquent des ré- actions diplomatiques et des ripostes commerciales. Elles conduiront à minima à une crise de confiance avec ses alliés, au pire à de nouveaux conflits militaires au Proche-orient. En attendant, les entreprises françaises sont forcées de se soumettre au diktat américain pour éviter de colossales sanctions financières. Engagés en Iran depuis 2015, Total, Renault, PSA et quelques 150 entreprises sont amenées à renoncer à leurs propres accords. Pourtant en 3 ans le commerce des Européens avec l’Iran avait triplé pour atteindre 20 Milliards d’euros alors que les entreprises américaines se limitaient à 180 Millions de $. L’Iran et ses 80M d’habitants ont un immense besoin de modernisation (avions, au- tos, équipements pétroliers, machines-outils, etc) afin de commencer à rattraper le retard cumulé depuis la chute du Shah. Héritier de la grande civilisation persane, ce pays à haut niveau culturel, reste tolérant envers ses minorités, et possède en son sein une jeunesse éduquée, à majorité féminine, de plus en plus impatiente.
Comme en Arménie, celle-ci entend se débarrasser des cicatrices du passé mais aussi des forces rétrogrades qui la bloque depuis 40 ans. Aux erreurs géostratégiques américaines d’hier, M.Trump rajoute une politique pro- tectionniste qui risque à son tour d’attiser les cendres des guerres catastrophiques du Moyen-Orient. Car l’Iran est de fait devenu la cible d’autocrates belliqueux comme Ilham Aliyev. Celui-ci se prépare à participer au démantèlement de la Ré- publique iranienne. Il entretient le fantasme d’un “Grand-Azerbaïdjan“ réunifiant 30M de personnes sur les terres du Caucase et de la région nord-est de l’Iran. Aliyev justifie ses dépenses militaires, et ses commissions personnelles colossales, par une ambition territoriale démesurée allant bien au-delà des 3 000 km2 de l’Artsakh.
Par contraste, l’Arménie et ses nouveaux dirigeants travaillent sérieusement leur diplomatie économique avec toutes les parties prenantes : Bruxelles, Moscou, Téhéran. La voie diplomatique est étroite, mais elle leur offre la possibilité de jouer un rôle important de médiateur : amener États-unis, Russie et Iran au dialogue et à l’apaisement, tout en développant les relations personnelles et économiques indis- pensables à l’Arménie et au renforcement de sa propre souveraineté nationale. Robert Aydabirian Paris le 27 juin 2018