Le général commandant l’état-major de l’armée turque Yasar Büyükanit a affirmé dans un entretien publié samedi que le retrait des troupes turques du nord de l’Irak avait été motivé par des considérations purement militaires et a rejeté l’hypothèse de pressions américaines.
« Personne n’a dit ‘retirez vous’. Il s’agissait d’une décision prise pour des raisons militaires . Il n’y a même pas eu d’implication de politiciens où d’étrangers en faveur du retrait », a déclaré M. Büyükanit dans un entretien au quotidien à grand tirage Milliyet.
L’état-major a annoncé vendredi avoir mis fin à une offensive d’une semaine visant les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) retranchés dans le nord de l’Irak. Les troupes turques se sont retirées dans la matinée de vendredi.
Ce repli est intervenu un jour après un appel du président américain George W. Bush à un retrait « le plus vite possible », un message réitéré le même jour à Ankara par le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.
Le général Büyükanit a affirmé que la décision avait été prise avant l’arrivée de M. Gates en Turquie, après la mort de 240 des 300 rebelles visés par l’offensive et la fuite du restant des rebelles, mais qu’elle n’avait pas été annoncée pour des raisons tactiques.
« Un tiers de nos forces étaient (de retour) en Turquie mercredi, mais cela aurait été un meurtre d’annoncer le retrait à ce moment là », a-t-il expliqué.
« La phase la plus délicate d’une opération est le retrait (…) Quand vous dites que vos forces se replient, cela revient à suggérer aux terroristes de préparer une embuscade. Ce serait une énorme erreur », a-t-il ajouté. « C’est pour cela que les critiques sont vraiment injustes ».
Les allégations évoquant un retrait précipité d’Irak ont été alimentées vendredi après-midi par la distribution sous embargo par les services du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan du texte de son discours mensuel à la nation, prévu pour le soir et mentionnant que l’opération se poursuivait.
Quelques heures plus tard, les mêmes services ont distribué un second texte prenant en compte le retrait des troupes.
M. Büyükanit a affirmé que M. Erdogan était prévenu du retrait mais ne pouvait en faire mention pour des raisons de sécurité.
