Alors que la vive polémique suscitée par l’exploitation du gisement aurifère d’Amulsar, près de Jermouk, par une multinationale dont les activités sont bloquées depuis plus d’un an par des militants écologistes, est loin d’être dissipée, un autre acteur majeur du secteur minier arménie a été montré du doigt jeudi 17 octobre, pour les menaces qu’il ferait peser sur l’environnement. Un haut responsable du gouvernement arménien a ainsi accuse la plus grosse compagnie manière d’Arménie de chercher à dissimuler des fuites de déchets toxiques qui contamineraient une rivière dont le cours traverse la localité de Kapan, située au coeur d’un important bassin minier au sud-est de l’Arménie. L’accident aurait été constaté dans la matinée près de l’un des dépôts ou reservoirs du combinat Zangezur Copper-Molybdenum Combine (ZCMC) qui exploite le site. Des responsables ont indiqué qu’une canalisation reliant le reservoir aux infrastructures de traitement du minerai de ZCMC aurait déversé un flux de déchets industriels toxiques dans les eaux de la rivière Voghji, déjà fort polluées. Selon Levon Petrosian, le ditrecteur de la branche régionale de l’Inspection de la protection de l’environnement et des ressources naturelles, le tuyau deficiant aurait été rapidement remplacé par les employés de ZCMC dépêchés sur le site. “La rivière est encore de couleur brunâtre”, a indiqué L. Petrosian interrogé dans l’après-midi par le service arménien de RFE/RL, en ajoutant que son agence avait procédé à des prélèvements d’échantillons d’eau et de sol pollués dans la zone affectée, qui ont aussitôt été envoyés à Erevan pour examen.
Le groupe ZCMC a indiqué pour sa part que la fuite aurait duré quelque 40 minutes, beaucoup trop longtemps en tout cas pour le ministre des situations d’urgence Felix Tsolakian, qui a vivement critiqué la compagnie minière lors de la reunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan. “Ils ont gardé les faits secrets et n’ont pas fait savoir [immédiatement] qu’un tel accident était survenu”, a deplore F.Tsolakian, en ajoutant que “Les dirigeants [de ZCMC] n’ont rien dit et ont préféré procéder à de rapides répations”. “Je ne sais pas ce qu’il entend par “garder le secret’”, a indiquéL. Petrosian, appelé à commenter les critiques de F.Tsolakian. “Tout ce que je puis dire, c’est que lorsque nos inspecteurs ont eu connaissance de l’alerte, ils se sont rendus sur place et ont constate que le tuyau avait déjà été remplacé”. Le ministre chargé de la protection de l’environnement Erik Grigorian a indiqué pour sa part aux journalistes que les autorités étaient actuellement en train d’évaluer les dommages causes à l’environnement, en déplorant que la legislation environnementale arménienne impose des amendes “ridiculement” légères aux groupes miniers qui l’enfreignent et qu’elles devraient donc être révisées à la hausse en vue de punir les pollueurs et de les empêcher de recommencer. Les reservoirs et dépôts de déchets toxiques, obsoletes pour la plupart, des exploitations minières arméniennes, sont tenus pour les principaux responsables des dommages causes à l’environnement par l’industrie minière, dont la production représente 40% des exportations arméniennes. ZCMC, qui appartient de fait au géant allemand de la métallurgie Cronimet, est la plus grosse compagnie du secteur minier arménien, et emploie plus de 4000 personnes. Il est aussi le plus gros contribuable d’Arménie.
