En visite en Arménie et en Azerbaïdjan du 21 au 25 août, Madame Hadja Labibi, Ministre belge des affaires étrangères qu’Ilham Aliev avait refusé de recevoir a cependant pu rencontrer le Cheikh – Ul- Islam Allahshukur Pashazade, le Chef spirituel des Azerbaïdjanais, qui avait convoqué pour l’occasion le « kit » des personnalités religieuses au service de la propagande du régime aliévien. La rencontre s’est déroulée le 24 août au siège du Chef religieux azéri.
L’hôte de ce nouveau show médiatique est un vieux cacique du régime, le dernier des « responsables » religieux – avec le Catholicos Ilia II de Géorgie – nommés avec la bénédiction des autorités soviétiques. Comme à l’habitude, participaient également à cette rencontre les responsables des communautés orthodoxe russe, catholique, oudie et juive du pays.
Madame Labibi a ainsi pu profiter du discours qui est servi aux officiels en visite à Bakou composé de tous les éléments de l’argumentaire élaboré par le MAE azéri, sans oublier un paragraphe de louages dédiées au Khan-Président.
Quelques extraits du communiqué publié à cette occasion sur site officiel du Bureau des Musulmans du Caucase.
« Le 24 août, le président du Bureau des Musulmans du Caucase, le Cheikh- Ul- Islam Allahshukur Pashazade, a reçu à sa demande, avec les dirigeants des confessions religieuses œuvrant en Azerbaïdjan, Hadja Labibi, Ministre des Affaires étrangères du Royaume de Belgique, qui était en visite dans notre pays. Au cours de la réunion, évoquant leur responsabilité devant le Tout-Puissant, le Président du BMC a déclaré que les personnalités religieuses s’efforcent d’empêcher l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques … l’Azerbaïdjan a rempli son devoir en luttant pour restaurer son intégrité territoriale et mettre fin à l’occupation arménienne de trente ans au cours de la guerre patriotique des 44 jours. Avec la volonté suprême de notre chef de l’État et le courage de notre armée héroïque, notre peuple a rétabli la justice historique.
Le président du BMC a évoqué les actes de vandalisme commis pendant près de trente ans d’occupation arménienne de l’Azerbaïdjan : le nettoyage ethnique des Azerbaïdjanais vivant en Arménie, le déplacement forcé d’un million de personnes de leurs terres ancestrales forcées de vivre une condition de réfugiés et de personnes déplacées, le génocide commis dans la ville de Khojaly. Il a exposé le fait que le sort de 4 000 Azerbaïdjanais disparus demeure inconnu, la découverte continue de fosses communes et le fait que des centaines de personnes ont été tuées ou handicapées en raison des mines enfouies par les Arméniens pendant le conflit et après la déclaration tripartite, les cas de vandalisme contre les monuments religieux et spirituels en Azerbaïdjan pendant la période d’occupation, la destruction de mosquées, les insultes, la falsification de l’origine des églises chrétiennes et la grégorianisation, etc.
Le Cheikh-Ul- Islam a déclaré que la communauté internationale, les hommes politiques et les organisations internationales devraient faire preuve d’une approche objective de ces réalités, des réalités qu’ils ont observées de leurs propres yeux lors de leurs visites dans les territoires libérés et devraient les aborder du point de vue de la justice. Pour que les crimes tels que le nettoyage ethnique et le génocide ne se reproduisent nulle part dans le monde. Pour empêcher que des tragédies humaines ne se reproduisent, l’instauration d’une justice divine et humaine, une évaluation non pas subjective mais objective, et une ferme condamnation par la communauté mondiale, sont nécessaires et extrêmement importants.
Il a déclaré que depuis 30 ans, il a fait tout ce qui était en son pouvoir en tant que chef religieux pour soutenir les efforts de l’Azerbaïdjan afin de résoudre le conflit de manière pacifique. À cette fin, depuis 1988, il a rencontré à plusieurs reprises les dirigeants de l’Église arménienne en différents lieux du monde grâce à divers médiateurs. Il a déployé des efforts continus pour parvenir à la paix entre les nations voisines, rappelant à plusieurs reprises les appels adressés à la communauté mondiale, aux organisations internationales et aux centres religieux. Il a parlé de ses rencontres avec le Catholicos arménien Vazgen 1er à Montreux [NDT : 6-8 février 1993] grâce à la médiation du Conseil œcuménique des Églises et avec Karékine 1er et Karékine II grâce à l’entremise de l’Église orthodoxe russe, à Bakou et à Erevan. Le Président du BMC a souligné que la plus grande réussite de toutes ces réunions a été qu’il a été établi que le conflit n’a pas de caractère religieux et qu’il n’a pas été permis qu’il se transforme en conflit interreligieux.
Cheik- Ul-Islam A. Pashazade a regretté que l’Église arménienne conduise désormais la campagne pour le revanchisme. Que les dirigeants de l’Église arménienne d’Echmiadzine et de Cilicie poussent à nouveau le peuple arménien à la guerre, abusant de l’intolérance chrétienne sur la plate-forme du Conseil œcuménique des Églises, utilisent autant d’énergie pour faire adopter des documents anti-azerbaïdjanais.
Le président du BMC a en particulier noté que la politisation des activités de l’Église a empêché la signature de la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et a entravé la réintégration des Arméniens vivant au Karabakh en Azerbaïdjan. Cheikh-Ul-Islam A. Pashazade a déclaré que l’État d’Azerbaïdjan garantit que les Arméniens vivant au Karabakh ont également la place qui leur revient dans la société multiculturelle de l’Azerbaïdjan tolérant ».
De son côté « La ministre belge H. Labib a exprimé sa satisfaction de voir des personnes de différentes confessions religieuses vivre ensemble en harmonie en Azerbaïdjan. Citant l’intervention du Cheikh- Ul-Islam au sujet du rapprochement des personnes de différentes appartenances religieuses dans un tel environnement, la ministre belge a noté qu’il est important d’utiliser ce potentiel et d’accroître les activités des chefs religieux pour parvenir à la paix dans le Caucase du Sud ».
Le communiqué du BMC se termine par ces mots : « Les dirigeants et représentants des confessions religieuses qui œuvrent en Azerbaïdjan participant à la réception ont informé l’invitée de l’atmosphère de compréhension et de coopération interreligieuse qui prévaut dans notre pays et porté à l’attention de la ministre belge les exemples de communautés religieuses pratiquant leur culte en Azerbaïdjan, les conditions d’une harmonie multiculturelle dans laquelle elles sont entourées, de l’attention et des soins de l’État ».
Comme disent nos frères Catholiques-romains : Ite missa est !
On notera que Mme Labib, pour des raisons encore inconnues, n’a pas rencontré le Catholicos de tous les Arméniens lors de son séjour en Arménie.
On peut néanmoins raisonnablement espérer qu’à défaut d’avoir entendu les Chefs de leurs Eglises, les délégués des différentes confessions chrétiennes invitées à Etchmiadzine le 1er octobre prochain pour la consécration du Saint Myron auront à coeur d’exprimer leur condamnation du blocus que Bakou impose depuis décembre 2022 à l’ensemble de la population d’Artsakh.
Sahak Sukiasyan
