Le vice-premier ministre russe Alexei Overtchuk a fait le jour sur les dernières divergences entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui feraient obstacle à l’ouverture au trafic commercial de leur frontière commune. Lors d’une rencontre au début du mois à Moscou avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, Overtchuk avait fait état de progrès majeurs concernant la mise en activité de la voie ferrée qui relierait l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan via la province méridionale arménienne du Syounik. Pour sa part, l’Arménie serait en mesure d’utiliser aussi cette voie ferrée pour le transport de marchandises depuis et vers la Russie ou l’Iran. “Un projet de document a été élaboré et presque entièrement accepté à notre niveau, bien que la question principale – à savoir les modalités ordinaires des interactions entre Azerbaïdjanais et Arméniens au passage de la frontière – ait encore besoin d’être étudiée ”, a déclaré Overtchuk dans une interview accordée à l’agence TASS et publiée lundi 19 juin. Il précisait que l’accord devait réguler tous les aspects relatifs à la sécurité des Azerbaïdjanais entrant en Arménie et vice versa de telle sorte que “rien d’advienne à ces personnes sur le territoire de l’autre pays ”. Overtchuk a ajouté qu’il avait eu une discussion circonstanciée avec le premier ministre Nikol Pachinian sur la question après la rencontre de Moscou. “Beaucoup de choses ont été clarifiées, et il y a quelque chose en suspens qui nécessite d’autres discussions avec la partie azérie”, a-t-il indiqué sans fournir plus de détails. Le vice-premier ministre azerbaïdjanais Shahin Mustafayev avait affirmé la semaine dernière que les gardes frontières russes contrôleraient des liens de transports « sûrs » entre le Nakhitchevan et l’Azerbaïdjan occidental traversant la province arménienne du Syounik. Le cabinet du vice-premier ministre arménien Mher Grigorian a insisté, toutefois, sur le fait qu’il n’avait pas contracté un tel accord avec Mustafayev durant leurs discussions trilatérales avec Overtchuk. Il ajoutait qu’en vertu des termes de l’accord de cessez-le-feu négocié par les Russes, qui avait mis fin à six semaines de guerre au Karabagh le 9 novembre 2020, les axes routiers et ferroviaires prévus devaient rester sous le plein contrôle de l’Arménie. L’Article 9 de cet accord stipule que les gardes frontières russes stationnés en Arménie ont vocation à “superviser” le transit des personnes, des véhicules et des biens entre le Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan. Selon le vice-ministre arménien des affaires étrangères, Vahan Kostanian, cela signifie que les Russes “superviseront” en grande part le trafic commercial, plutôt qu’ils ne l’escorteront, et ils seront moins encore sollicités pour des contrôles aux frontières. Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev avaient ouvertement évoqué le sujet, en étalant au grand jour leurs divergences, lors de leur rencontre en marge du sommet de l’Union eurasiatique économique qui se tenait à Moscou le 25 mai. Pachinian avait reproché à Aliyev l’usage du terme “corridor du Zanguézour”, en estimant qu’il induisait des revendications territoriales de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie. “Le mot ‘corridor’ ne signifie pas une revendication sur le territoire de quiconque”, avait rétorqué Aliyev. Overtchuk a réaffirmé que l’accord discuté par les trois parties engagerait Bakou à reconnaître la souveraineté de l’Arménie sur les futurs axes de transit. “Aucune des parties ne met en doute le fait que les sections individuelles de cette route seront placées sous la juridiction du pays sur le territoire duquel elles sont situées”, a-t-il indiqué en ajoutant : “Ainsi, concernant cette route, la législation azérie sera appliquée en Azerbaïdjan et la législation arménienne en Arménie ”. Par ailleurs, Overthuk s’est exprimé sur les relations entre l’Arménie et la Russie, en se félicitant de la croissance économique sans précédent et sans égale parmi ses partenaires de l’UEE enregistrée par l’économie arménienne. Il a néanmoins attribué les bons résultats économiques de l’Arménie à ses relations avec la Russie, son principal partenaire commercial, et à son accès au vaste marché de l’UEE, non sans mettre en garde l’Arménie des risques auxquels elle ferait face si elle s’engageait sur la voie d’une rupture avec la Russie. Les propos du vice-premier ministre russe avaient des accents menaçants, l’Arménie ayant, au cours de ces derniers mois, pris ses distances avec son allié russe. Et la décision du gouvernement arménien vendredi, de mettre en branle le processus de ratification par l’Assemblée nationale arménienne, du traité fondateur de la Cour pénale internationale, ne devrait pas être de nature à réchauffer les relations entre Erevan et Moscou. La Russie avait adressé une claire mise en garde à l’Arménie en mars, quand la Cour constitutionnelle arménienne avait donné son feu vert pour la ratification de ce traité de Rome, une semaine après que le tribunal international eut émis un mandat d’arrêt visant Vladimir Poutine pour les crimes de guerre qui lui sont imputés en Ukraine. Une telle ratification par l’Arménie pourrait porter le coup de grâce aux relations avec Moscou, puisqu’elle mettrait la justice arménienne en capacité d’arrêter le président Poutine sur le territoire arménien.
Le vice-premier ministre russe évoque les dernières divergences entre Bakou et Erevan concernant l’ouverture de leur frontière au trafic commercial
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