Les autorités arméniennes ont effectivement interdit à Konstantin Zatulin, un parlementaire russe pro-arménien, d’entrer dans le pays en raison de ses vives critiques à l’égard de l’administration du Premier ministre Nikol Pachinian.
M. Zatulin a rendu publique mardi 25 octobre une lettre d’un haut fonctionnaire du Parlement arménien l’informant que ses prochaines visites en Arménie sont jugées « indésirables » parce que ses « récentes déclarations publiques adressées à la République d’Arménie » ont nui aux relations russo-arméniennes.
« Je considère cela comme une démarche offensive », a écrit Zatulin sur Telegram. « C’était soudain pour nous ».
Une porte-parole du Parlement a confirmé l’authenticité de la lettre qui lui a été envoyée à l’initiative de la direction de l’Assemblée nationale affiliée au parti Contrat civil de Pashinian. Le président du Parlement, Alen Simonian, n’a pas personnellement commenté l’interdiction d’entrée.
Hrachya Hakobian, un autre élu pro-gouvernemental et beau-frère de Pachinian, a défendu cette mesure sans précédent, accusant Zatulin de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Arménie.
« Pourquoi devrions-nous permettre à un citoyen et surtout à un fonctionnaire de n’importe quel pays étranger de s’immiscer d’une manière ou d’une autre dans notre vie politique interne et nos affaires politiques internes ? ». a déclaré Hakobian au service arménien de RFE/RL.
Haykakan Zhamanak », un journal d’Erevan appartenant à la famille de Pachinian, a également réaffirmé qu’une telle ingérence existait dans un reportage sur l’interdiction d’entrée publié sur son site Internet. Il note que Zatulin a récemment demandé la démission du Premier ministre arménien.
M. Zatulin, 64 ans, est le vice-président d’une commission de la Douma d’État russe chargée des relations avec les anciennes républiques soviétiques et de « l’intégration eurasienne ». Ce législateur chevronné est connu pour ses opinions pro-arméniennes sur le conflit du Haut-Karabakh, ayant visité l’Arménie et le Karabakh à de nombreuses reprises. Il a été mis sur la liste noire de l’Azerbaïdjan il y a dix ans.
Zatulin, qui est affilié au parti au pouvoir en Russie, est de plus en plus critique à l’égard du gouvernement arménien actuel depuis la guerre de 2020 au Karabakh. Au début du mois, il l’a accusé de prévoir des concessions de grande envergure à l’Azerbaïdjan et de faire passer l’Arménie de la Russie à l’Occident.
« Konstantin Zatulin est l’une des rares personnes engagées qui continuent à défendre fermement l’Arménie et l’Artsakh (Karabakh) », a déclaré Gegham Manukian, de la principale alliance d’opposition Hayastan. « Un tel traitement à son égard n’est qu’une vengeance bon marché ».
D’autres figures de l’opposition arménienne ont également condamné la décision des autorités de déclarer Zatulin person no grata.
Zatulin devait arriver à Erevan pour une session régulière du Club Lazarev, un groupe non gouvernemental réunissant des politiciens, des personnalités publiques et des entrepreneurs russes et arméniens. Dans une lettre adressée au vice-premier ministre Mher Grigorian, également rendue publique mardi, il a demandé au gouvernement arménien de l’aider, ainsi que d’autres participants russes à la réunion, à visiter la station balnéaire arménienne de Jermuk, qui a été bombardée par les forces azerbaïdjanaises lors d’affrontements frontaliers de grande ampleur le mois dernier.
On vient d’apprendre que Margarita Simonyan, la rédactrice en chef de la chaine pro-poutine, vient également de se voir interdite d’entrée sur le territoire arménien.
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